En 2016, Electronic Arts surprenait l’audience avec Unravel. Alors que le géant américain a habitué les joueurs avec ses conférences à trous, où il suffit de trouver le chiffre à partir d’un titre connu (les FIFA, NBA Live, Battlefield…), le titre développé par Coldwood faisait office de petite fraîcheur bienvenue… où on incarnait un bonhomme en laine rouge tout mignon dans des décors photoréalistes magnifiques.
La balade était enivrante mais loin de remplir toutes les cases, la faute à un manque d’ambition, à une naïveté — certes assumée — et à un défi global très quelconque. Fort du succès du premier opus ayant pérennisé le label EA Originals mettant en exergue les productions indépendantes et les expériences exotiques (ce qu’EA ne sait pas faire en somme), EA lève le voile, deux ans plus tard, sur Unravel Two. Un jeu aussitôt annoncé, aussitôt disponible.
Deux bonhommes pour le prix d’un
« Aussitôt annoncé, aussitôt disponible » : voilà déjà une première caractéristique qui fait d’Unravel Two un titre à part. Un léger paradoxe car, pour le reste, il constitue une suite logique : on retire des choses pour en ajouter d’autres. Le Two de son titre se matérialise avant tout par l’introduction d’un deuxième personnage à l’écran, ouvrant la voie à une aventure jouable 100 % en coopération. Et plutôt bien maîtrisée dans son gameplay. Un peu moins dans les différents messages qu’elle entend faire passer.
La vérité est que l’on s’y perd un peu dans ces belles phrases célébrant la vie, la solidarité et l’amour et ces souvenirs de moments partagés. On a davantage l’impression d’être en face d’une logorrhée pour faire bien qu’un vrai discours travaillé. Sur ce point, Unravel premier du nom était beaucoup plus simple et cohérent.
La plupart du temps, les idées implémentées par Coldwood fonctionnent.
Dans Unravel Two, vous n’incarnez plus un mais deux Yarny, deux héros faits de laine, personnalisables et reliés. S’offre alors le choix de contrôler les deux à tour de rôle ou de parcourir les sept chapitres et les quelques défis additionnels avec un ami. Comme dans Unravel, les rares puzzles se servent des aptitudes particulières des bonshommes, décuplées par le fait qu’ils doivent évoluer ensemble coûte que coûte.
Par exemple, l’un peut grimper et l’autre s’accrocher façon liane pour atteindre une plateforme un peu éloignée. En outre, le premier est capable de rejoindre facilement le second une fois que la solution a été trouvée. La plupart du temps, les idées implémentées par Coldwood fonctionnent, bien qu’elles aient tendance à se recycler d’un tableau à l’autre (Unravel souffrait de ce même écueil).
Seul ou à deux
Si Unravel Two force, par essence, encourage la coopération, il est parfaitement jouable seul. Selon les situations, il suffit de passer d’un personnage à l’autre pour continuer d’avancer. D’ailleurs, on notera que certains moments sont plus facile seul et d’autres à deux, quitte à devenir un poil frustrant quand cela coince. Fort heureusement, Coldwood a pensé à intégrer la possibilité de fusionner pour ne former qu’un Yarny — et que l’un des deux joueurs prenne la main. Une excellente initiative : non seulement c’est joli à l’écran, et ça dit plein de choses, mais, en prime, cela facilite les moments dits Die&Retry, plus nombreux qu’avant, et nécessitant un timing parfait en duo.
Autrement, Yarny peut toujours s’accrocher à certains endroits, créer une sorte de trampoline ou tirer des objets vers lui. En revanche, le studio a retiré la mécanique liée aux bobines permettant de recharger le corps de Yarny. Cette contrainte n’a pas lieu d’être dans Unravel Two, sachant que le lien entre les deux bonshommes a ses limites (on s’en rend rarement compte dans les faits).
Un joli voyage
Comme Unravel, Unravel Two est très, très joli. Il convoque des décors photoréalistes modélisés à la perfection, bourrés de détails et généreux en effets visuels (les flammes, l’eau), ce qui donne lieu à un émerveillement perpétuel. La présence d’un hub — un simple phare dans lequel il faut grimper jusqu’à allumer la lumière servant de guide de la vie — autorise toutes les variétés tandis qu’il apparaît toujours aussi compliqué de ne pas tomber sous le charme de(s) Yarny, dont les animations font toujours mouche. On aime aussi la bande-son, délicate et renforcée par un sound design tricoté avec de la bonne laine. Dommage qu’elle soit un poil trop répétitive à la longue, malgré un format contenu (7-8 heures de durée de vie à tout casser).
Unravel Two est disponible sur les plateformes de téléchargement (PS4, Xbox One et PC) moyennant 19,99 euros.
Le verdict
Unravel Two
Voir la ficheOn a aimé
- Joli, très joli
- C'est tellement craquant
- Des bonnes idées (en coop, ou en solo)
On a moins aimé
- Quel est le message ?
- Des idées qui mériteraient mieux
- Trop vite oublié
Comme son prédécesseur, Unravel Two est pétri de qualités. Il prend la forme d’un tricot étant le fruit d’un plan suivi à la lettre, avec quelques accrocs de temps à autre parce que rien n’est jamais parfait. Sa proposition de transformer la balade du premier en une aventure plus périlleuse et plus axée sur la coopération est globalement réussie. D’autant que la forme n’a pas du tout été sacrifiée, bien au contraire.
Mais, comme son prédécesseur, Unravel Two souffre de ce on-ne-sait-quoi l’empêchant de décoller réellement. On pense beaucoup à ces messages un peu trop cryptiques, à ces mécaniques à la fois bien pensées et pas suffisamment renouvelées sur la longueur. Aussitôt annoncé, aussitôt disponible, aussitôt vécu, aussitôt oublié. La malédiction des jeux juste sympathiques.
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