Cassandra Smolcic a travaillé chez Pixar pendant cinq ans. Le 27 juin 2018, elle a pris la parole sur Medium pour dénoncer une culture d’entreprise sexiste, et le harcèlement dont elle a fait l’objet de la part de certains hommes.

Le 8 juin 2018, Walt Disney annonçait que John Lasseter, le directeur artistique et co-fondateur de Pixar, quitterait l’entreprise à la fin de l’année. Au mois de novembre précédent, il avait reconnu avoir eu des gestes déplacés envers des membres du personnel, alors que les révélations de l’affaire Weinstein ont récemment contribué à dévoiler le sexisme dont sont victimes les femmes à Hollywood.

Si le groupe a choisi d’évincer son directeur artistique, Pixar n’a pas encore donné de précision sur les comportements de John Lasseter au sein de la société. Or, une ancienne employée de l’entreprise vient de livrer un témoignage sur Medium : le 27 juin, Cassandra Smolcic a raconté comment l’attitude du co-fondateur de Pixar a contribué, selon elle, à instituer une culture sexiste au sein du groupe.

« Ma féminité était un obstacle à ma valeur »

« J’ai été graphiste chez Pixar après mes 25 ans, écrit-elle dans une version résumée de cet article, publiée par Variety. Je sais que des gens disent que l’ambiance n’était pas ‘si mauvaise’. Je suis ici pour vous dire que ça l’était, et que ça l’est probablement encore. »

La designeuse poursuit : « Chez Pixar, ma féminité était un obstacle incontestable à ma valeur, à ma mobilité professionnelle et au fait que je me sente en sécurité dans l’entreprise. Le stress lié au fait de travailler dans une atmosphère aussi sexiste a fait son œuvre et a été un facteur majeur pour me forcer à quitter cette industrie. »

On lui déconseille certaines fréquentations

Cassandra Smolcic explique être entrée au sein de Pixar en tant que stagiaire. Peu après son arrivée, elle est avertie à plusieurs reprises de l’attitude douteuse de John Lasseter auprès de certaines employées. « Il était dévastateur d’apprendre, dès le début, que les femmes étaient ouvertement ciblées par un manque de respect et du harcèlement », note-t-elle.

Elle ajoute qu’on lui a également conseillé de ne pas fréquenter un autre dirigeant de l’entreprise, dont « la position et le comportement sont restés identiques » alors que des employées de Pixar avaient déjà tenté de signaler son comportement à leur égard.

Deux semaine après le début de son stage, Cassandra Smolcic explique s’être retrouvée dans la cuisine de l’entreprise avec cet homme. « Il m’a coincée en me faisant des commentaires sexuels, tout en regardant ouvertement mon corps », témoigne-t-elle. L’ancienne employée explique qu’au cours des cinq années suivantes, elle a du subir d’autres interactions avec cet individu, toutes aussi « importunes et objectivantes ».

Des interactions « importunes et objectivantes »

Elle ajoute que ces comportements ont également eu des incidences sur son travail. Lors de la préparation du film Cars 2, Cassandra Smolcic explique ne pas avoir été invitée à toutes les réunions hebdomadaires de la direction artistique chez Pixar, au motif que John Lasseter aurait « du mal à se contrôler ».

« Ma participation au processus de réalisation du film a été écrasée — et par la suite, ma trajectoire de carrière — et contrariée simplement parce que j’étais une femme. Il était évident que l’institution travaillait dur pour le protéger, au détriment de femmes comme moi », assure l’ancienne employée de Pixar.

Les témoignages d’employées ou anciennes employées se sont multipliés au cours des derniers mois, pour lever le voile sur les attitudes sexistes et le harcèlement sexuel dont peu d’entreprises de la tech semblent exemptes. En mars, une ex-ingénieure de Google a décidé de poursuivre son entreprise pour son laisser-faire. Plus récemment, une ex-employée de Snapchat a pris la parole pour dénoncer une culture d’entreprise « toxique » et « sexiste ».

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