Chaque week-end, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright.

Cette semaine, le Copyright Madness revient sur Bethesda et Warner qui s’écharpent à cause de Westworld, un brasseur de bière qui a usé du houblon et du droit des marques ou encore Zenimax et Oculus sur la réalité virtuelle. Bonne lecture et à la semaine prochaine.

Copyright Madness

Bali et Balo sont sur un bateau. L’auteur du comics Dead Ahead voit rouge. Il vient de s’apercevoir que son oeuvre publiée aux débuts des années 2000 aurait largement inspiré Robert Kirkman et les producteurs de la série Fear of the Walking dead. Il les accuse donc de plagiat parce que la série préquelle de Walking Dead se passe sur un bateau et on assiste aux pérégrinations des survivants qui fuient des zombies. Ce qui est cocasse c’est que l’auteur de Dead Ahead accuse Kirkman de violation de copyright suite à la diffusion de la saison 2 de la série. Or, dès la première saison, on voit les survivants se diriger sur un bateau. Pourquoi avoir attendu la saison 2 pour se plaindre de plagiat ?

the-walking-dead-season-7-1

Une image de la série.

Schizophrénie.  Le studio Warner Bros a annoncé cette semaine la sortie du jeu mobile Westworld, directement inspiré de la série éponyme. Mais le studio de développement Bethesda ne voit pas cette annonce d’un très bon œil car il estime que le jeu repose sur le code qui a été utilisé pour développer Fallout Shelter. Face à cette supposée violation de propriété intellectuelle, Bethesda réclame des dommages et intérêts ainsi que le retrait du jeu Westworld des magasins d’application. Mais en regardant de plus près cette affaire, on s’aperçoit que c’est un véritable sac de nœuds car Fallout Shelter a en réalité été développé par le studio Behaviour Interactive pour le compte de Bethesda. Et c’est ce même Behaviour Interactive qui aurait développé le jeu Westworld pour le compte de la Warner. Autrement dit, Behaviour se serait volé le code qu’il a produit pour le réinjecter dans une autre de ses productions. Encore un exemple qui montre les limites de la propriété intellectuelle…

Trademark Madness

État civil. Toute personne normalement constituée et saine d’esprit qui vient d’avoir un enfant va à l’état civil pour le reconnaître. Chez les stars, il y a une petite étape qui précède et qui consiste à faire un détour par le bureau d’enregistrement des marques et des brevets pour réserver le nom de leur progéniture comme marque. Après Beyoncé et Jay, c’est au tour de DJ Khaled de déposer le prénom de son fils Asahd notamment dans des classes liées aux vêtements. Le raisonnement est systématiquement le même, c’est pour empêcher les pirates de marques qui voudraient profiter de cette occasion pour commercialiser des produits estampillés avec le nom de l’enfant d’une célébrité.  Et puis curieusement, ce sont les mêmes parents qui vendent des produits dérivés par la suite…

DJ Khaled

CC BY-SA Image Group LA/ABC

Bateau ivre. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé ainsi que l’usage abusif du droit des marques. On ne le répétera jamais assez. Le brasseur de bières Shipyard a essayé de s’attaquer à Logboat qui produit également de la bière notamment sous la marque Shiphead. Le plaignant considère que le concurrent commercialise un produit qui risque de provoquer une confusion dans l’esprit du consommateur et qui pourrait le tromper dans son acte d’achat en voyant les deux canettes au supermarché. D’après Shipyard, le fait que la bière Shiphead affiche un bateau et contienne le mot « ship » suffit largement à produire cet état de confusion. La juge en charge de l’affaire, qui était à jeun, a rappelé à Shipyard que les deux logos étaient différents malgré la symbolique maritime des deux marques et que « yard » et « head » ne pouvaient guère être confondus À moins peut-être d’être ivre.

bière

CC Little Visuals

Patent Madness

Réalité virulente. On connaît désormais l’issue du procès qui oppose l’entreprise Zenimax à Oculus. Le fabricant de casques de réalité virtuelle racheté par Facebook était accusé par Zenimax d’avoir violé certains de ses brevets relatifs à la réalité virtuelle. Un des responsables de Zenimax avait quitté l’entreprise pour son concurrent Oculus et était accusé d’avoir emporté avec lui les connaissances du moment de Zenimax sur cette technologie. Zenimax réclamait 6 milliards de dollars en dédommagement mais n’avait obtenu que 500 millions. Suite à cette condamnation, Facebook a fait appel et est parvenu à obtenir une réduction de 50 % de son amende. Mais Facebook ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et espère faire annuler les 250 millions de dollars restants. À ce rythme-là, c’est Zenimax qui va devoir verser une amende en compensation du préjudice émotionnel et psychologique subi par Facebook  Il n’y a pas que la réalité virtuelle qui peut donner la nausée…

oculus-go-lrg

Promo. Quelle est la meilleure stratégie pour écarter un concurrent ? Invoquer la sacro-sainte propriété intellectuelle ! C’est la méthode employée par RetailMeNot qui est l’entreprise derrière un plugin pour navigateur qui permet aux internautes de bénéficier de codes promotionnels quand ils font des achats en ligne. Elle accuse Honey qui fait exactement la même d’avoir violé deux de ses précieux brevets qui permettent de récupérer des codes afin de bénéficier de réductions. RetailMeNot  existe depuis plus longtemps que Honey mais cette dernière semble jouir d’une meilleure prospérité économique que sa rivale. Ce n’est donc pas anodin si RetailMeNot  décide de sortir la carte violation de brevet dans ce contexte. Espérons pour eux que leur avocat leur fera une promotion sur les honoraires.

ebay-shopping-e-commerce-ordinateur

CC0 Negative Space

Le Copyright Madness vous est offert par :

Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !