C’est le retour du Copyright Madness après une petite pause estivale ! Cette semaine, il est question de Julia Reda victime d’un robocopyright, d’une étrange histoire de maquillage de clown et d’œufs, ou encore d’un brevet WTF d’IBM pour livrer du café. Bonne lecture et à la semaine prochaine.
Copyright Madness
Preuve par l’exemple. L’eurodéputée Julia Reda se bat pour que l’Union européenne n’impose pas dans la future directive sur le droit d’auteur un filtrage automatisé des plateformes. Elle avait publié pour cela un article sur son site dénonçant les risques de dérives vers une forme de censure. Or un événement assez incroyable s’est produit ces derniers jours, puisque ce papier s’est lui-même fait désindexer des moteurs de recherche par un « robocopyright » mis en place par les industries culturelles ! Excellente démonstration des dangers que Julia Reda dénonce, car une de ces machines qu’on nous vante comme LA solution de régulation ultime a cru — complètement à tort — que la page contenait des oeuvres musicales d’une chanteuse… Soyons sérieux : l’application automatique du droit d’auteur devrait purement et simplement être interdite, car il ne peut exister de bon « robocopyright » !
Ça. L’univers des clowns revêt une dimension parfois effrayante, à tel point que sa figure a déjà été reprise dans des histoires à faire peur. Mais si on ajoute à cela un soupçon de propriété intellectuelle, on obtient un scénario cauchemardesque. Saviez-vous que les clowns britanniques disposaient d’un registre pour enregistrer leur maquillage ? Normalement, chacun d’entre eux a son propre maquillage et il est interdit de copier celui d’un confrère. Pour enregistrer le leur, les clowns britanniques utilisent des … œufs ! Ils peignent leur maquillage sur la coque qui est ensuite consignée dans le très officiel Clown Egg Register. Pourquoi peindre sur des œufs et ne pas se prendre en photo ? Si on était tordu, on se demanderait si la personne qui peint les œufs peut revendiquer des droits sur son œuvre. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs…
Trademark Madness
MDR. Attention, gros troll à l’horizon ! La société Procter & Gamble a réalisé une demande d’enregistrement auprès du bureau américain des brevets et des marques qui atteint des sommets de WTF. En effet, l’entreprise souhaite enregistrer les expressions idiomatiques du web suivantes : LOL, WTF, NBD et FML… Ce n’est pas la première fois que quelqu’un tente de s’approprier ce qui constitue ou est devenu l’ADN de la culture web. Mais c’est tout de même fort de café d’avoir choisi ces mots-là. Curieux qu’elle n’ait pas choisi l’expression YOLO, cela correspond pas mal à son état d’esprit.
Média-tion. Décidément, l’ambiance est morose au sein de la webTV Le Média. Après le linge sale lavé sur la place publique durant l’été, les tensions se poursuivent autour de la marque elle-même. Le nom a été enregistré auprès de l’INPI à l’automne 2017 par MediaScop, une société composée d’une seule associée : Sophia Chikirou. Le dépôt a été réalisé peu de temps après la création de l’association Le Média. Mais depuis les péripéties de cet été, Sophia Chikirou a quitté la présidence du Média tout en conservant la propriété de la marque. Bien évidemment, l’association Le Média cherche à la récupérer par tous les moyens y compris à travers un contrat de cession de droits. Pour l’instant, l’intéressée semble refuser la négociation. Qui sait, Sophia Chikirou attaquera peut-être l’association pour violation de droits…
Gros bourdon. Les avocats qui défendent la propriété intellectuelle des industries culturelles doivent avoir une vie fascinante. Ceux de Marvel et Hasbro viennent de passer plus d’un an à se disputer à propos du nom de deux personnages. L’un des transformers s’appelle en effet Bumblebee, mais c’est aussi le nom d’une petite fée vendue comme un jouet par Hasbro. C’est d’ailleurs cette société qui menaçait Marvel d’un procès, en mettant en avant le risque d’une confusion dans l’esprit des bambins. C’est vrai qu’entre un robot qui se transforme en voiture et une petite Elfe avec des ailes dans le dos, il y a matière à se tromper au rayon jouets… Finalement, les deux firmes ont quand même réussi à trouver un accord à l’amiable, certainement après que les avocats aient été prendre une douche froide. Ha au fait, petit détail : Bumblebee, ça veut juste dire bourdon. Bzzzz…
Patent Madness
El Gringo. Il ne s’agit pas ici d’un brevet réellement abusif, mais l’invention qu’il protège est tellement délirante que nous avons pensé qu’elle méritait de figurer dans cette chronique. Chez IBM, les ingénieurs ont beaucoup d’imagination, au point d’imaginer les choses à votre place. La firme a déposé un brevet sur un système de capteurs qui seraient capables de détecter quand une personne a envie d’un café. Et plus fort encore, IBM se propose de vous livrer directement ce café… par drone ! Donc si un drone plane sur vous étrangement dans la rue, c’est peut-être parce que vous désirez un café au plus profond de vous-même sans le savoir. Le brevet ne dit pas si on a le droit de ne pas être d’accord et de refuser de payer… « ON VOUS DIT QUE VOUS AVEZ ENVIE D’UN CAFÉ, OK ! (et c’est 10 dollars) » On ne sait pas à quoi ils carburent chez IBM, mais sans doute pas simplement au café !
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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