Petit disclaimer avant de commencer. Le jeu de cette semaine est le centième que j’ai le plaisir de vous présenter sur Numerama. Et malgré tout le bien que j’en pense, il n’est pas à mettre entre toutes les mains : on est loin des jeux pour toute la famille que j’ai l’habitude de vous proposer. Bref, pour fêter dignement ce chiffre rond, j’ai eu envie de mettre un gros jeu à l’honneur. Un de ces jeux qui peut faire mal à la tête et durer plusieurs heures. Et que de nombreux joueurs affectionnent malgré tout. Vous voilà prévenus. Alors, parés au décollage ?
2147, la Terre va mal (encore plus qu’aujourd’hui). Elle est surpeuplée et les ressources se font de plus en plus rares. Une seule solution pour la survie de l’humanité : coloniser Mars. Les plus grosses corporations rivalisent d’ingéniosité (et de coups bas) pour terraformer la planète rouge et surtout, in fine, obtenir la généreuse récompense promise par le Gouvernement Mondial. Oui, ce jeu pourrait beaucoup plaire à Elon Musk…
Chaque joueur incarne une de ces corporations. Et les choix commencent dès la mise en place. Il faut en effet sélectionner sa corporation parmi deux, toutes ayant une capacité propre, qui oriente vers l’une des nombreuses stratégies possibles, ou tout du moins la facilite. Mais également choisir quelles cartes conserver parmi dix reçues en début de partie, chaque carte gardée coûtant des crédits. Évidemment, ces derniers sont le nerf de la guerre. Au même titre que les autres ressources du jeu : l’acier, le titane, les plantes, l’énergie et la chaleur.
Les cartes représentent les projets dans lesquels vous investissez. Concrètement, on en reçoit quatre nouvelles à chaque début de manche. Puis on les drafte : on en garde une et on passe les trois autres à son voisin. Puis parmi celles qu’on reçoit de l’autre voisin, on en choisit à nouveau qu’une, etc. Au final, et comme précédemment, chaque carte qu’on souhaite conserver doit être payée.
On effectue ensuite nos actions à tour de rôle. Il s’agira le plus souvent de jouer une carte de sa main. Sans rentrer dans les détails, les cartes les plus fortes sont les plus onéreuses à jouer, certaines sont plus intéressantes en début qu’en fin de partie ou vice-versa, certaines sont à effet unique quand d’autres sont permanentes, etc.
Il est également possible de réaliser un projet standard (planter une forêt, creuser un océan, construire une cité, etc), valider un objectif, relâcher la chaleur accumulée pour augmenter la température, et ainsi de suite. Bref, les actions et les possibilités sont trop nombreuses pour être détaillées ici. La partie continue ainsi, draft des cartes, phase d’action puis production des ressources, jusqu’à ce que la planète rouge soit enfin vivable.
Mais comment s’y prendre pour terraformer Mars ? C’est assez simple finalement (sic). Il suffit de monter les trois paramètres que sont la température, l’oxygène et les océans jusqu’à un niveau suffisant : respectivement +8°, 14% et neuf tuiles d’eau. À chaque augmentation d’un des critères correspond une augmentation de votre niveau de terraformation (plus communément appelé points de victoire). Celui-ci représente également les crédits qui vous sont alloués à chaque début de tour. Bref, ne vous loupez pas sur ça.
La partie prend fin dès que les trois paramètres sont à leur niveau maximum. Chaque joueur additionne les points obtenus dans différents éléments (niveau de terraformation, cartes jouées, objectifs remplis, tuiles posées, etc) et celui qui en cumule le plus remporte la partie.
Pourquoi c’est bien
Vous l’aurez compris, Terraforming Mars n’est pas la meilleure porte d’entrée pour s’initier aux jeux de société modernes. Il faut aimer les jeux longs (jusqu’à trois heures de partie) et complexes (au moins une quinzaine de minutes d’explication des règles). Mais si vous correspondez à ces deux critères, n’hésitez pas, foncez !
Les parties de Terraforming Mars sont intenses. On ne voit absolument pas les heures passer. Les temps morts sont rares. Et on a de toute façon toujours besoin de réfléchir à sa stratégie, pour s’adapter à ce que font les autres. Surtout, l’alternance entre les phases de réflexion, durant lesquelles on entend les mouches voler, et les moments de relâchement, pendant lesquels ça couine, ça râle, ça se moque, donne un rythme agréable aux parties.
Adaptation et opportunité sont les maitres-mots à Terraforming Mars. Impossible de partir avec une stratégie prédéfinie, tant nos choix vont dépendre de la corporation reçue, des cartes qui circulent à chaque tour, des actions des autres joueurs, etc. Le timing est un élément primordial également, souvent la clé pour atteindre la victoire, et qui provoque ces petits moments extrêmement grisants où on joue son coup au nez et à la barbe d’un adversaire, juste le tour avant lui. Forcément c’est moins drôle quand ça nous arrive. Mais on ne peut s’en prendre qu’à soi-même, car presque tous les éléments sont connus (en dehors des quelques cartes gardées en main par les joueurs) et donc relativement anticipables.
Les possibilités de jeu et le renouvellement des parties sont déjà énormes avec la boite de base. Mais si vous accrochez (et nous n’en doutons pas), vous n’aurez que l’embarras du choix dans les extensions. Hellas et Elysium, la première, apporte un nouveau plateau : le pôle Sud de Mars et son gigantesque cratère Hellas sur une face, le pôle Nord et le mont Olympe, le plus haut relief connu du système solaire, de l’autre. Venus Next, propose de coloniser et terraformer Vénus en plus de Mars. Prélude ajoute une phase supplémentaire en début de partie pour accélérer le démarrage de la terraformation ou augmenter les possibilités de votre corporation. Enfin, Colonies permet de coloniser ailleurs dans le système solaire : Saturne, Jupiter et même Pluton sont maintenant à votre portée. Et bien sûr, on peut combiner toutes ces extensions pour encore plus de plaisir. Soyez prudents, prévoyez un peu d’aspirine quand même. Et un peu de temps supplémentaire.
Les parties sont intenses
Alors certes, le matériel est correct, mais pas exceptionnel. Et oui, le design des cartes est parfois un peu raté (d’aucuns diraient moche). Tout est parfaitement fonctionnel en revanche, une fois comprise l’iconographie. Et ce serait de toute façon dommage de s’arrêter à ces quelques détails matériels, tant le jeu est prenant par ailleurs.
Bref, si vous aimez ce type de jeu, n’hésitez pas un instant, vous ne le regretterez pas. Le jury du Festival International des Jeux de Cannes ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisqu’il lui a décerné la plus haute distinction dans la catégorie expert. Et après quelques parties, votre expérience vous permettra peut-être de postuler chez SpaceX…
- Terraforming Mars est un jeu de Jacob Fryxelius
- Illustré par Isaac Fryxelius
- Édité par Intrafin
- Pour 1 à 5 joueurs à partir de 12 ans
- Pour des parties d’environ 2 heures
- Au prix de 49,95 € chez Philibert
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