Netflix respecte les règles des pays dans lesquels il se trouve, mais parfois à contre-cœur. Dans ses résultats financiers du troisième trimestre 2018 présentés ce 16 octobre, la plateforme de vidéo à la demande par abonnement a pris le temps de détailler son avis concernant une disposition importante qui a votée au Parlement européen.
Les médias audiovisuels — y compris les services de SVOD comme Netflix — devront réserver 30 % de leur catalogues à des programmes européens, ont approuvé les députés européens le 2 octobre 2018. Et ça ne fait pas plaisir à tout le monde.
« Les quotas peuvent avoir un impact négatif à la fois sur l’expérience du consommateur et sur la créativité », assène Reed Hastings, CEO de Netflix, dans la lettre aux actionnaires. « Nous préfèrerions nous focaliser sur les manières de rendre notre service parfait pour nos membres, ce qui signifierait produire des contenus locaux, plutôt que de remplir des quotas.»
Netflix accepte à contre-cœur
Toutefois, le patron de Netflix a toujours affirmé suivre les lois — à l’image de la chronologie des médias en France — et confirme que son service se pliera également à celle-ci. « Ce pourcentage quotas régionaux, qui est à peu près représentatif du pourcentage [de l’UE] nos abonnés mondiaux , ne fera que réduire de manière marginale le degré d’insatisfaction des membres. » En somme : le nombre d’abonnés en Europe ne représentant qu’un tiers des clients mondiaux de Netflix, la plateforme ne s’alarme pas de cette nouvelle obligation.
En 2015, il y avait déjà 20% de contenus européens sur Netflix en Europe, selon les chiffres du Parlement européen.
« Toutefois nous estimons qu’une manière plus efficace pour qu’un pays soutienne les contenus locaux forts serait de favoriser directement les créateurs locaux, indépendamment du canal de diffusion », conclut-il. Il est rare que Netflix prenne position aussi clairement sur un sujet ; même au moment de la polémique du Festival de Cannes, son CEO a toujours maintenu une certaine distance, expliquant privilégier avant tout ses utilisateurs et « respecter » les conditions des pays.
Récemment, Hastings a confirmé à Numerama avoir effectué, ce mois de septembre 2018, le tout premier versement de 2 % de ses revenus générés en France au CNC, comme le demande la « taxe vidéo » passée en 2017 par le gouvernement français. La plateforme développe en ce moment 14 projets exclusifs pour la France, dont plus d’une demi-douzaine de séries originales, des documentaires et des films.
30 %, mais de nombreuses questions
La décision du Parlement européen a pour vocation, noble sur le papier, de donner leur chance à des contenus européens, à l’image, par exemple, des quotas de chanson française obligatoires sur nos ondes radio. Mais dans les faits, de nombreuses questions se posent sur cette disposition.
- D’une, fixer un pourcentage a des limites concrètes, car cela dépend beaucoup du volume de contenus disponibles sur Netflix. Si la plateforme a 1000 séries, films et documentaires, elle devra en réserver 300 aux productions européennes. Mais si son catalogue est immense (imaginons, 10 000 contenus), il faudrait trouver énormément de programmes, quitte à ne plus sélectionner des projets de qualité mais juste pour la quantité.
- De deux, le terme « quota européen » englobe potentiellement tous les contenus produits dans l’Union européenne. Ce qui signifie qu’une plateforme qui chercherait à atteindre ces 30 % sans trop d’investissement pourrait « bourrer » son catalogue de productions cheap provenant d’un seul pays, et délaisser tous les autres États.
- De trois, aucun détail n’a été communiqué concernant le mode de calcul desdits quotas. Un film compte-t-il autant qu’un épisode de série ? Faut-il comptabiliser en heures de contenus vidéo ? Quid des mini-séries de qualité, mais courtes ?
Maintenant que les députés européens ont adopté le texte, il passera devant le Conseil de l’Union européenne avant d’être transmis à tous les États-membres pour une application dans les deux ans.
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