TikTok vient de dépasser le milliard de téléchargements. Pourtant, le nom de cette appli de play-back reste inconnu pour beaucoup.

TikTok aurait été téléchargé plus d’un milliard de fois dans le monde, à en croire les dernières estimations du cabinet Sensor Tower. Elle reste pourtant pour beaucoup un grand mystère… que nous avons tenté d’éclaircir.

TikTok, c’est quoi ?

TikTok est une application qui nous vient de Chine, où elle s’appelle Douyin. Lancée en septembre 2016 par le géant ByteDance, elle sert à partager de courtes vidéos. Dessus, les utilisateurs dansent, font du play-back sur leurs chansons préférées, participent à des challenges, ou réalisent des sketchs humoristiques. Grâce à des filtres et des effets d’accélération ou de ralentis, on obtient des petits clips qui, on doit le dire, rivalisent d’imagination.

Le succès de TikTok s’est longtemps limité à l’Asie, où elle revendiquait déjà plusieurs dizaines de millions d’utilisateurs – elle n’était pas disponible en Europe. Mais c’est au mois d’août que l’app a véritablement décollé à travers le monde avec le rachat de Musica.ly, une appli de play-back concurrente très populaire en Europe, pour 700 millions d’euros. à la suite de ce rachat, TikTok et Musica.ly ont fusionné.

Qui utilise TikTok ?

Qui sont les utilisateurs de cette app ? Des chats contraints par leurs maîtres… mais pas que. Au mois de juin, TikTok avait annoncé avoir plus de 500 millions d’utilisateurs mensuels actifs dans le monde – c’est beaucoup, mais toujours moins que les réseaux sociaux les plus populaires comme Instagram et son milliard d’utilisateurs. En France, le Parisien estimait qu’il y avait 2,5 millions d’utilisateurs, en octobre 2018. Enfin, selon Sensor Tower, elle aurait été téléchargée un milliard de fois.

https://www.youtube.com/watch?v=P6QJJrdSQ1E

Ces utilisateurs sont pour la plupart des adolescents, qui, comme Kenny, trouvent les vidéos « archi drôles ». Certains utilisaient Musica.ly, mais pas tous. Jules, 16 ans, qui utilise TikTok depuis tout juste une semaine, ne s’était ainsi jamais inscrit sur Musica.ly. Il raconte à Numerama avoir connu l’application chinoise « grâce aux pubs sur YouTube » (il faut dire que l’entreprise n’a pas lésiné sur ce point), et grâce à une vidéo moqueuse réalisée par le youtubeur Amixem.

Sur cette application où il n’est pas nécessaire de se créer un compte pour avoir accès aux contenus, il trouve quelques «vidéos sympas, cool à regarder »… Mais il reconnaît que TikTok regorge aussi (et surtout) de nombreux « mauvais contenus », « peu intéressants », mais qui font « passer le temps ». Ils sont la cible de moqueries régulières sur les réseaux sociaux, à tel point que sur Twitter, des utilisateurs admettent n’aimer TikTok que pour son aspect « malaisant ».

Ces moqueries sont facilitées par une spécificité de l’application : dès que l’on termine une vidéo, une autre se lance, sans qu’on ne l’ait choisie. On arrive ainsi rapidement sur les comptes de parfaits inconnus.

Qui poste sur TikTok ?

Sur TikTok, il y a beaucoup d’anonymes qui postent des vidéos (majoritairement des adolescents, même si on trouve aussi parfois des adultes). On trouve également des artistes comme la chanteuse Selena Gomez, et des créateurs de contenus qui se sont d’abord construit une renommée sur d’autres plateformes, Instagram ou YouTube. C’est notamment le cas d’une ventriloque de 20 ans que Jules cite parmi ses créatrices préférées, Le Cas Pucine, ou des vidéastes Emma CakeCup ou Shera Kerienski.

D’autres, enfin, sont connus avant tout grâce à TikTok ou Musica.ly. Les « musers » (du nom donné aux adeptes de Musica.ly) les plus suivies sont deux jumelles allemandes, Lisa et Lena. Grâce à leurs clips vidéos, elles sont passées du rang d’anonymes à celui d’influenceuses. Elles comptent aujourd’hui plus de 30 millions d’abonnés.

Tout n’est pas rose pour autant sur la plateforme. Outre les moqueries qui donnent parfois lieu à des cas de harcèlement évoquées plus tôt, Musica.ly et TikTok sont critiquées pour plusieurs raisons.

Pourquoi l’application est-elle si critiquée ?

L’application soulève de nombreuses questions, notamment en raison de la faible protection des données des jeunes utilisateurs. Des médias comme le South China Morning Post avaient montré qu’il n’était pas possible sur TikTok de paramétrer son compte de sorte à ce que seuls ses « amis » puissent accéder à ses contenus, ce qui laissait des informations personnelles au vu de tous.

Ensuite, en mars 2018, un article posté sur Medium par l’écrivaine Anastasia Basil a démontré que sur Musica.ly, les contenus prônant l’anorexie ou les mutilations corporelles étaient extrêmement nombreux, et insuffisamment modérés.

Musica.ly a également été pointée du doigt à propos de l’hypersexualisation des enfants sur sa plateforme, interdite aux moins de 13 ans. On trouve ainsi sur YouTube de nombreuses vidéos compilations de jeunes utilisateurs en petite tenue, qui sont appelés des « fuckboys » et des « fuckgirls » (littéralement, filles ou garçons à « baiser »). Y figurent des mineur.e.s, dont l’âge sert même parfois « d’appât » dans la miniature de la vidéo. On lit : « SEULEMENT 13 ANS ?! » sur certaines.

Certaines de ces vidéos mettent en scènes des adolescentes mineures. // Source : Capture d'écran YouTube / Numerama

Certaines de ces vidéos mettent en scènes des adolescentes mineures.

Source : Capture d'écran YouTube / Numerama

Enfin, sur Musica.ly comme sur TikTok, des mineurs ont été approchés par des prédateurs sexuels. TikTok affirme avoir, depuis ces accusations, mis en place « une technologie de modération reposant sur un algorithme et une équipe humaine robuste », était-il écrit dans un récent article du Monde.

Pourtant, le 2 novembre, le vidéaste Le Roi des rats montrait qu’on pouvait encore y trouver des vidéos de très jeunes filles (certaines étant âgées de moins de dix ans), commentées par des pédophiles.

Sur l’application, il raconte être entré en contact avec certains de ces prédateurs. Ils lui auraient alors proposé d’échanger des contenus de jeunes enfants dénudés. «Tout ce dont je vous parle, ce ne sont pas des niches introuvables sur TikTok, ce sont des choses sur lesquelles tu tombes dès le début. A mon sens Tiktok c’est l’une des plateformes les plus toxiques pour les jeunes », estime le youtubeur.

Contactée à ce propos par Numerama, l’application n’a pas encore répondu.

Comment se protéger sur TikTok ?

Comme tout réseau social ou application, TikTok présente effectivement des dangers. Mais il est possible d’en éviter certains grâce à quelques précautions simples.

Sur l’app, dans l’onglet profil (matérialisé par une petite silhouette), cliquez sur les trois points, en haut à droite de l’écran. Sélectionnez « paramètres de confidentialité ». Là, vous pouvez faire en sorte que votre profil ne puisse pas être retrouvé en tapant votre pseudonyme dans la barre de recherche (cela empêche d’autres utilisateurs de s’y abonner), ou, moins radical, passer le compte en privé. Vos contenus ne seront alors visibles que par les amis que vous aurez accepté.

Il est possible de paramétrer son compte TikTok pour se protéger. // Source : Capture d'écran TikTok / Numerama

Il est possible de paramétrer son compte TikTok pour se protéger.

Source : Capture d'écran TikTok / Numerama

Il est aussi possible, sur le même écran, de supprimer l’espace commentaires, ou de limiter le nombre de personnes pouvant vous envoyer un message privé. Si un utilisateur vous semble toxique, vous pouvez le bloquer, et le signaler à TikTok.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.