Cette fois-ci, le piège n’a pas pris. Le compte Twitter au nom de l’écrivain Michel Houellebecq, apparu mystérieusement le 2 janvier 2018, était bien un faux. Le compte avait partagé un premier tweet qui avait créé beaucoup d’émois sur la plateforme : « J’arrive sur Twitter. Avec méfiance.» lançait-il.
Mais quelques heures à peine ont suffi pour qu’un journaliste de l’AFP parvienne à démentir l’information en contactant directement l’éditeur de Houellebecq, Flammarion.
Cela n’a pas empêché le premier tweet du faux compte d’être partagé quelques 500 fois sur le réseau social. Puis à 18h ce 2 janvier, le compte a finalement changé de photo de profil, et un nouveau message est apparu. L’homme qui a créé ce faux n’est autre que Tommasso Debenedetti, un « journaliste » connu pour sa tendance à partager de fausses informations en ligne pour « tester » ses confrères. Son terrain de jeu préféré est le réseau social Twitter, où il crée de multiples fausses identités.
Un palmarès de fausses morts à son actif
En août dernier, il réussissait à faire croire que le réalisateur Costa-Gavras était mort en se faisant passer pour la ministre de la Culture grecque sur Twitter. Un an plus tôt, il avait annoncé la disparition de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature en 2015, en créant un faux-compte pour la ministre de la Culture (décidément) française Françoise Nyssen. Le Figaro s’était fait avoir.
Son objectif assumé : « Montrer que Twitter est devenue une agence de presse… et la moins fiable au monde », a-t-il confié à nos confrères de l’Obs. « Malheureusement, le journalisme fonctionne sur la vitesse. Une fausse information se répand exponentiellement. »
Concernant Houellebecq, le timing de Debenedetti était maitrisé : l’écrivain français sort son septième livre, Sérotonine, ce 4 janvier 2019, avec la particularité supplémentaire de n’accepter aucune interview promotionnelle. Une fois le pot-aux-roses découvert, le « menteur professionnel » a modifié le nom du compte Twitter (passant de @Houellebecqoff à @TDebinfo) ainsi que la photo de profil, pour qu’il n’y ait plus de doute sur l’identité du propriétaire.
Malgré les 500 retweets du premier message du faux-Houellebecq, de nombreux internautes avaient toutefois déjà appelé à prendre l’information avec beaucoup de pincettes, allant jusqu’à interroger directement Twitter. La bonne pratique à suivre, dans le doute, est en effet d’attendre confirmation de la plateforme (qui apparaît souvent sous forme d’un macaron bleu « certifié ») ou une preuve de la part de la personne derrière le compte.
Lanceur d’alerte ou désinformateur professionnel ?
Toutefois, les tests de Debenedetti ne plaisent pas à tout le monde. D’une, si ses fausses informations sont « rapidement démenties » comme il l’affirme, il reste évidement des traces en ligne de ses canulars, et certains internautes peuvent être dupés sans pour autant avoir vu le fameux démenti par la suite.
De plus, comme le rappelle L’Obs, Debenedetti est connu pour être allé très loin dans ses « pièges », comme lorsqu’il avait publié de nombreuses interviews complètement inventées d’écrivains célèbres dans des journaux italiens. Philip Roth avait découvert la supercherie, ce qui poussant Debenedetti à tout avouer… Après avoir toutefois publié plus de « 70 » fausses interview dans des journaux papiers, qui n’auront jamais de démenti. Pour un « lanceur d’alerte », on a vu plus efficace.
On ne peut, par moment, s’empêcher de penser au site « parodique » Nordpresse, qui propage des fausses informations à tout-va, affirmant qu’il le fait pour sensibiliser le grand public à… la propagation des fausses informations. De quoi s’interroger sur le véritable motif derrière ces « canulars » qui ne font pas rire grand monde.
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