C’est le retour du Copyright Madness ! Après une petite pause hivernale, une nouvelle livraison est arrivée, avec au programme quelques dérives amusantes : l’algorithme de YouTube qui n’arrive plus à faire la différence entre les jeux vidéo et la réalité, une société japonaise qui cherche à se venger de Nintendo ou encore les trolls de brevets américains qui se frottent les mains, car ils devraient pouvoir déposer plus facilement des brevets logiciels. Bonne lecture et à la semaine prochaine !
Copyright Madness
Sans voix. Une nouvelle année commence, mais la gestion des droits sur YouTube n’a toujours pas l’air d’aller beaucoup mieux. Cette semaine, c’est le vidéaste SmellyOctopus, spécialisé dans les jeux vidéo, qui en fait les frais. D’une manière assez originale, d’ailleurs. Pour tester son nouveau micro, il avait effectué une diffusion en direct et en privé de neuf minutes dans lequel il se contentait de parler. Bim ! Le robocopyright a estimé qu’il y avait une violation du droit d’auteur et c’est une compagnie dénommée CD Baby qui serait la victime de cette infraction. Sauf que cela revenait tout simplement à dire que la voix du youtubeur était sous copyright… de quelqu’un d’autre ! Alors, certes, CD Baby a ensuite très vite retiré sa réclamation, mais c’est YouTube qui ferait mieux d’écouter la voix de la sagesse et de débrancher sa machine à gaffes…
Le faux du vrai. Et allez, vous reprendrez bien une dérive provoquée par Content ID sur YouTube ? C’est toujours un plaisir. Le robot de filtrage est confronté à un nouveau défi, lié au fait que les jeux vidéo deviennent de plus en plus réalistes. Plusieurs chaînes spécialisées dans les jeux de course de voitures commencent à avoir de sérieux problèmes à cause de cela. Elles diffusent des parties du jeu Formula One, dont les graphismes sont très performants. Sauf qu’il n’en faut pas plus pour que Content ID parte en sortie de route ! L’algorithme confond en effet les images du jeu avec celles de vraies courses, sur lesquelles les chaînes de TV peuvent avoir des droits. Cela provoque donc des retraits automatiques, qui font perdre illégitimement des revenus aux vidéastes. Et plus les jeux vont faire de progrès, plus ce problème risque de s’amplifier…
Trademark Madness
Revanche. Les dérives prennent parfois des allures de séries à épisodes et c’est ce qui est en train de se passer avec une affaire dont on vous avait déjà parlé l’an dernier. Une société japonaise avait eu la bonne idée de s’appeler MARIcart et proposait une attraction avec des karts très lourdement inspirés de ceux apparaissant dans les jeux Nintendo. Évidemment, la firme — qui est réputée très chatouilleuse sur sa propriété intellectuelle — avait lâché ses avocats pour faire cesser cette intolérable atteinte à ses droits. Mais attention, MARIcart contre-attaque ! Les gérants ont d’abord changé leur nom en MARI Mobility Development, ce qui devrait les mettre à l’abri. Mais sur leurs petites voitures, ils ont aussi peint des caractères japonais qui signifient « Nintendo is irrelevant » (Nintendo n’est pas pertinent). Et pour pousser le troll jusqu’au bout, ils veulent à présenter déposer cette phrase comme marque… Quelque chose nous dit qu’il risque d’y avoir un épisode 3 à cette histoire !
Rastaman. Le nom de Bob Marley est traditionnellement associé à la paix, en accord avec les principes du rastafari. Pourtant, ses descendants n’ont pas l’air de vouloir faire un usage très paisible du nom du chanteur. Ils viennent d’obtenir la condamnation à hauteur de 2,4 millions de dollars à un producteur de café jamaïcain. Cette société, qui s’appelle Jammin Java, était pourtant à l’origine en affaire avec Rhohan Marley, un des fils de Bob, et elle avait obtenu un accord pour commercialiser du « Marley Coffee ». Mais l’histoire a mal tourné et après des brouilles et des difficultés, ils ont continué à vendre leur produit, sans avoir une licence en bonne et due forme. Cela finit par leur coûter cher et le café Marley a, on peut le dire, un goût amer. On conseille par contre à la famille de faire des choses plus intéressantes avec le nom de leur père, qui doit déjà leur rapporter gros en royalties, comme des actions caritatives par exemple…
Patent Madness
Régression. Un petit vent de panique souffle aux États-Unis en ce début d’année et, pour une fois, ce n’est pas à cause de Donald Trump. C’est plutôt que 2019 pourrait être l’année du grand retour des brevets logiciels délirants. Depuis 2014, la décision Alice de la Cour suprême des États-Unis a contribué à diminuer le nombre de brevets fantaisistes qui se contentaient de prendre une idée très simple et de la breveter en rajoutant, en gros, « et on le fait avec un programme informatique ». Mais le Bureau américain des brevets a publié de nouvelles directives qui semblent à nouveau assouplir les règles liées aux brevets logiciels et les trolls de brevets s’en frottent déjà les mains. Des études ont pourtant montré qu’avant 2014, les plaintes abusives liées aux brevets logiciels ont coûté 29 milliards de dollars par an à l’économie américaine. C’est peut-être l’innovation qui va connaître à présent un shutdown aux États-Unis…
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Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !
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