Si vous êtes phobique de l’ennui, il vaut mieux que vous évitiez le dernier contenu de chaîne de CEMCEM. Ce vidéaste a mis en ligne, dimanche 20 janvier, une nouvelle vidéo dans laquelle il regarde et écoute le générique de début de Netflix (long de 3 secondes)… en boucle… pendant 10 heures. Il nous explique pourquoi.
« Ça va être long »
La vidéo ne contient qu’un plan sur son visage, filmé et diffusé en haut à gauche du cadre, et le générique en boucle de Netflix. Après le premier « tou doum », le youtubeur de 23 ans soupire, se gratte l’arrière de la tête : « Ça va être long ». Pendant les 10 prochaines heures, il ne bougera presque pas de son fauteuil, à part pour une seule et unique pause toilettes. Il ne fera rien, à part se taper de temps en temps le haut du crâne en signe de désespoir et manger quelques gâteaux.
Pour maintenir ses 39 000 abonnés en éveil, il glisse aussi de temps en temps des cartes cadeaux pour des jeux vidéo. Ceux qui arrivent à les trouver les gagnent.
La vidéo de Cem a été vue plus de 53 000 fois. Elle a attiré l’attention de Netflix France, qui lui a dédié un tweet.
Un phénomène né il y a des années
Joint par Numerama, Cem explique avoir eu l’idée d’une telle vidéo en regardant des chaînes étrangères. Sur YouTube, on trouve des contenus similaires, anglophones pour la plupart, sur le mode du « 10 hours challenge ». Ils ne sont pas extrêmement nombreux (on en compte deux ou trois par mois), et ils ne consistent pas tous à regarder passivement une vidéo en boucle. On trouve par exemple un homme jouant de la guitare pendant 10 heures, un autre qui fait tourner un handspinner pendant autant de temps, un couple dessinant jusqu’à l’épuisement ou encore un vidéaste qui… se gifle lui-même pendant une journée.
Il y a aussi des youtubeurs qui, comme Cem, se contentent de regarder un contenu vidéo. Certains se sont spécialisés dans le domaine des records ou challenges en tout genre, à l’image de Boneclinks (136 000 abonnés) et MrBeast (14 millions d’abonnés).
Ce phénomène ne date pas d’hier. Nous avons par exemple retrouvé une vidéo de 10 heures de Puddi Puddi, un petit pudding qui chante devenu mème, datée de 2011. Un an plus tard, un internaute se filmait en train de la regarder, et publiait le résultat sur YouTube. Les deux vidéos ont été vues respectivement 21 et 1 million de fois.
Être payé à ne rien faire ?
La question que l’on se pose tous est évidemment : pourquoi ? Cem nous explique que pour lui, il s’agit à la fois d’un challenge personnel et d’une façon de passer le temps. « Je n’ai pas de travail, et je ne suis plus à l’école, nous dit-il. J’ai beaucoup de temps libre pour moi. Du coup, je me donne des challenges difficiles voir impossibles à faire sur YouTube. »
Avant de commencer chaque vidéo de 10 heures (une dizaine en tout sur sa chaîne), il se demande s’il tiendra. Il raconte se « motiver » à tenir jusqu’au bout. Cem tourne souvent ses vidéos la nuit. « Je ne vais pas vous mentir, je ne dors pas beaucoup », nous détaille-t-il : entre 4 et 5 heures par nuit seulement.
Entre 200 et 400 dollars par vidéo
Pour déterminer les sujets de ses prochaines vidéos, il s’appuie sur les tendances du moment. Récemment, il a par exemple fait un challenge en rapport avec les Gilets Jaunes, mais aussi plusieurs vidéos sur Bilal Hassani, un vidéaste et chanteur qui concourt à l’Eurovision. Il surfe ouvertement sur la personnalité flamboyante de l’artiste, quitte à alimenter les moqueries qui le visent.
Bilal Hassani est la cible de grave harcèlement et injures à répétition sur les réseaux sociaux. S’il ne va pas jusqu’à l’insulter, Cem adopte envers lui un ton moqueur. Le fait qu’il ait posté 3 vidéos sur la même personne en l’espace d’un mois (il projette aussi de réaliser une 4ème vidéo sur l’Eurovision) n’est pas anodin : le nom du chanteur fait « cliquer ».
Pour CEMCEM, cela ne marche « pas trop mal », affirme-t-il. Ses vidéos « 10 heures » ont toutes fini par dépasser les 300 000 vues, et il reçoit des milliers de messages de soutien de personnes qui, d’après les commentaires, se demandent comment il va tenir. Cela lui rapporte gros : entre 200 et 400 dollars par vidéo, à condition, précise Cem, « qu’elle soit monétisée et qu’il n’y ait pas de problèmes de droits d’auteur. »
Sa dernière vidéo lui a aussi permis de gagner un abonnement d’un an à Netflix. Cem a même dû se créer un compte pour en profiter : celui qui a pour habitude de visionner 10 heures de contenus à la fois ne s’était jamais abonné au service de vidéo à la demande.
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