Les temps changent : le géant de la SVOD vient de rejoindre la puissante association des studios hollywoodiens.

S’il fallait une preuve démontrant le profond impact qu’a Netflix sur l’industrie du cinéma, son ralliement à la MPAA est sans doute la plus éclatante. En effet, la plateforme est désormais membre de la puissante Motion Picture Association of America, une association professionnelle américaine dont le but est de défendre les intérêts des grands studios hollywoodiens aux USA.

C’est un véritable bouleversement pour cette institution, née en 1922. Ses rangs n’étaient constitués jusqu’à présent que de studios de cinéma traditionnels. On en dénombrait six : 20th Century Fox, Paramount, Sony Pictures, Universal, Walt Disney, et Warner Bros. Entertainment. C’est la première fois qu’un service de vidéo à la demande rejoint la MPAA.

De ce côté-ci de l’Atlantique, la MPAA est assez peu connue. Sa notoriété est surtout le fait de ses activités de classification des films (tous publics, avertissement, etc.) et de ses rapports annuels dénonçant l’existence de sites permettant d’accéder à des oeuvres culturelles piratées. Ces listes noires sont ensuite reprises par Washington pour traiter avec d’autres pays sur les enjeux de copyright.

Thomas Hawk

La MPAA, c’est aussi de la lutte contre le piratage. // Source : Thomas Hawk

Netflix agit comme un studio

L’arrivée du géant de la SVOD à la MPAA n’est pas surprenante au regard de sa trajectoire. L’entreprise investit chaque année des milliards de dollars dans la production de contenus originaux, afin de surclasser ses rivaux et avoir un avantage compétitif sur eux. Pour 2018, les sommes mobilisées ont été chiffrées à 8 milliards de dollars — des analystes ont même avancé le chiffre de 12 milliards de dollars.

Par ailleurs, ses productions remportent des prix. En 2018, Netflix a décroché son premier Oscar pour un film documentaire, Icare. Cette année, la plateforme pourrait frapper fort grâce à Roma, d’Alfonso Cuarón : le long-métrage est nommé dans dix catégories, dont le meilleur film, le meilleur réalisateur, la meilleure actrice et le meilleur scénario original.

Ces reconnaissances artistique et professionnelle constituent un pied de nez à tout un pan de l’industrie cinématographique qui s’oppose plus ou moins fortement à Netflix. Ces dernières années, des cinéastes comme Steven Spielberg, Sofia Coppola et Christopher Nolan ont eu des propos plus ou moins sévères contre le site de SVOD (qui ont pu toutefois être nuancés par la suite).

Gage Skidmore

CC Gage Skidmore

Frictions françaises

En France, le bouleversement provoqué par Netflix a provoqué une vive agitation dans le milieu du cinéma. En 2017, la sélection de deux longs-métrages de Netflix en compétition, The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach et Okja de Bong Joon-ho, avait causé de gros remous, au point que la première projection d’Okja fut huée — un problème technique était toutefois survenu.

L’année suivante, le Festival de Cannes a tenté de s’épargner le retour de la polémique en proposant de diffuser les films de Netflix, Amazon et consorts lors de séances spéciales, et de ne mettre en sélection officielle que des métrages effectivement sortis en salles. Sauf que cette interdiction de concourir les autres films a agacé Netflix, qui a préféré se retirer purement et simplement de l’évènement.

Pourquoi Netflix refuse de sortir ses films en salles — du moins, en France ? À cause de la fameuse chronologie des médias. Cette réglementation organise en effet l’exploitation des films dans le temps et sur différents canaux. Dans ce cas, Netflix aurait l’obligation d’attendre trois ans pour mettre ses productions sur sa plateforme, pour préserver les exploitants de salles.

Capture d'écran de la bande-annonce de Okja. YouTube/Netflix

Netflix à Cannes a causé bien du souci // Source : YouTube/Netflix

Source : Montage Numerama

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