À une époque lointaine, Crackdown 3 se rêvait en mètre étalon de la Xbox One. Bien avant la sortie de la console, le jeu d’action typé GTA vantait les mérites du cloud-computing avec des destructions jamais vues. Après des années de silence et plusieurs retards, le résultat n’a plus rien à voir avec la promesse. Pire, l’exclusivité Microsoft était devenue un running gag dans les conférences — un vaporware diraient les puristes.
Toujours est-il que Microsoft a tenu bon avec Crackdown 3, intégré dans une franchise qui intéresse peu de monde (surtout en France) et porté par l’acteur et ex-joueur de NFL Terry Crews (la trilogie Expendables). Près de cinq ans après sa présentation, le voilà qui arrive sur Xbox One, Xbox One X et Windows 10. En solo, on y incarne un super-agent chargé de nettoyer la ville de New Providence d’un conglomérat tentaculaire dirigé par des psychopathes aux sombres desseins. Ça commence mal…
https://www.youtube.com/watch?v=1EabmcTVL2k
Où est passé le cloud-computing ?
N’espérez rien du moteur physique de Crackdown 3 dans la campagne principale, le cloud-computing étant finalement réservé au mode multijoueur. Dès lors, celles et ceux qui s’attendaient à pouvoir libérer des quartiers en les mettant à feu et à sang peuvent passer leur chemin. Sur la destruction pure et dure, le titre de Sumo Digital se contente du strict minimum. Exception faite de quelques éléments ciblés des décors, vous ne pourrez pas casser grand-chose. Dommage.
Visuellement, le titre souffle le chaud et le froid
Passée cette déception, Crackdown 3 s’en remet au cell-shading (rendu dessin animé) et à l’Unreal Engine 4 pour en mettre plein la vue. Ou plutôt devrait-on dire essayer d’en mettre plein la vue. Visuellement, le titre souffle le chaud et le froid. Si on peut louer la modélisation précise du héros — ou de l’héroïne — et la qualité de certaines textures, le rendu global est plat et sans âme. Ce constat est sans nul doute à mettre sur le compte d’une direction artistique quelconque, qui multiplie les néons en forme de poudre aux yeux (surtout avec le HDR). Pour sa défense, il est vrai que Crackdown 3 n’est pas avare en effets visuels qui se mélangent à l’écran, surtout quand les ennemis pullulent.
À cette partie visuelle contrastée s’ajoute un manque de finition dans tous les compartiments techniques. Des défauts qui vont d’une compression hasardeuse pendant les cinématiques à des soucis audio (la traduction mélange les langues françaises et anglaises). De toute évidence, Crackdown 3 a besoin de quelques mises à jour pour améliorer sa condition.
Un GTA-like sans idée
Crackdown 3 dispose d’un mode multijoueur basé sur la destruction de masse (avec cloud-computing côté puissance de calcul donc), que nous n’avons pas pu tester — indisponible sur notre version d’essai. Notez que vous pouvez également faire la campagne en coopératif.
Décomplexé au possible, Crackdown 3 ne fait pas dans la dentelle. Et Sumo Digital était visiblement en panne d’idées au moment d’écrire le cahier des charges. Dans sa structure typée GTA-like, le titre pique à tout le monde : la hiérarchisation des ennemis à éliminer de La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor (sans le Nemesis System), les zones à libérer avec objectifs génériques qui se répètent (comme dans à peu près tous les mondes ouverts), le casting réunissant plusieurs personnages à incarner d’Agents of Mayhem ou encore le côté déjanté des Just Cause.
Bien évidemment, Crackdown 3 ne fait rien de mieux que ses pairs et préfère se concentrer sur les sensations, il est vrai jouissives, de son gameplay. Comme on porte le costume d’un super-agent à qui rien ne fait peur, pas même un gros robot, l’expérience prend vite la forme d’un vaste défouloir sans queue ni tête. Où l’on regarde à peine sa barre de vie. Au rang des points forts, on pourra citer l’arsenal, inspiré et plutôt varié, et la diversité des adversaires, qui vont du soldat de base au tank en passant par des drones de combat.
La ville n’a rien à offrir aux adeptes du 100 %
La prise en main, qui ose un peu de verticalité grâce aux capacités surhumaines du super-agent, paraît un peu lourde lors des premières minutes. Mais on finit par s’y faire. La présence d’un ciblage automatique ajoute un surplus d’accessibilité lors des affrontements qui partent vite dans tous les sens. D’autant que les renforts ont tendance à s’accumuler.
Outre les armes de destruction massive mises à notre disposition, le héros améliore ses capacités et gagne des aptitudes au gré des prouesses. La progression passe par des orbes à ramasser, soit en fouillant les environnements, soit en tuant. Elle est corrélée aux différentes tâches à remplir via un indicateur de survie exprimé par un pourcentage de réussite. Au moins, les plus téméraires savent à quoi s’en tenir. Quant à la possibilité de changer de personnage, elle se résume purement et simplement à un nouveau skin agrémenté d’un gain accru dans certaines catégories d’expérience. Dommage bis.
Le solo de Crackdown 3 déçoit par ailleurs dans son contenu, loin d’être généreux. Se débarrasser de la chef des vilains ne devrait pas vous demander plus de dix heures — la moyenne basse pour le genre. Et ce ne sont pas les à-côtés qui vous pousseront à arpenter les rues de New Providence après le générique final. À part quelques courses à pied ou en voiture (conduite chaotique au menu) et les choses à ramasser, la ville n’a rien à offrir aux adeptes du 100 %.
Crackdown 3 est disponible sur Xbox One, Xbox One X et Windows 10.
Le verdict
Crackdown 3
Voir la ficheOn a aimé
- Ok, c'est jouissif (5 minutes)
- Arsenal varié
- Quelques jolis effets
On a moins aimé
- Un jeu sans idée
- Solo risible
- Léger pour une exclu
Crackdown 3 est la preuve que Microsoft a encore besoin de soigner ses exclusivités, qui plus est face à un Sony qui empile les jeux de qualité et un Nintendo qui capitalise sur ses formules efficaces.
Car c’est peu dire que Crackdown 3 accumule les tares, qu’il n’essaie même pas de cacher sous de fausses bonnes idées. Le jeu développé par Sumo Digital, pourtant annoncé de longue date, n’accomplit pas grand-chose, sinon cette idée d’un vaste défouloir bon enfant, décomplexé au gameplay un peu lourd. Pas de quoi vendre des consoles.
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