Deux victoires dès les deux premiers matchs de la saison. Paris Eternal ne pouvait pas espérer un meilleur démarrage pour ses débuts dans l’Overwatch League. Surtout que la jeune équipe parisienne — celle-ci a vu le jour courant 2018, après la saison inaugurale du championnat d’esport mis en place par Blizzard pour son jeu de tir en vue subjective — s’est payée les champions de l’an dernier.
Contrairement aux autres équipes professionnelles, Paris Eternal a fait le choix d’un effectif entièrement européen : sur les dix joueurs, on compte quatre Français, un Portugais, un Russe, un Polonais, un Britannique, un Islandais et un Finlandais.
Après avoir battu l’équipe des London Spitfire et les Los Angeles Gladiators, l’effectif européen parviendra-t-il à s’imposer une troisième fois de suite face à une autre équipe professionnelle ? La réponse sera connue samedi 2 mars à 21 heures, heure française, lors du match contre Atlanta Reign, qui est également une nouvelle venue pour cette saison 2019 de l’Overwatch League.
Sauf surprise, il est probable que Paris Eternal aligne les mêmes titulaires que lors des deux précédents matchs, à savoir Benbest, Finnsi, Kruise, SoOn, HyP et NiCOgdh. Il faut dire que la méta actuelle du jeu (grossièrement, l’équilibre du jeu entre les personnages) n’incite pas à faire vraiment autre chose que la GOATS, une stratégie composée de trois tanks et trois supports.
C’est ce que nous confiait Damien Souville, alias HyP, lors d’une interview d’après-match : « On sait qu’on est censés gagner avec ce qu’on a. On n’a aucune raison de changer. On préfère se concentrer sur notre jeu, sur les héros qu’on gère, plutôt que d’aller sur autre chose qu’on maîtrise moins bien, et on essaie de les battre avec ça ». C’est aussi ce que déclarait Julien Ducros, l’entraîneur français de Paris Eternal, lors de la visite de la gaming house du club, mi-février, à Los Angeles :
« On s’est demandé si la GOATS allait rester, si d’autres compositions allaient voir le jour, quand il y a eu l’équilibrage sur l’héroïne Brigitte, le changement sur la manière dont l’armure est prise en compte ou le fonctionnement de la matrice de D.VA.On a essayé quelques compositions, des choses un peu exotiques. On a d’ailleurs vu les autres équipes faire de même. Mais au final, on est retourné sur la GOATS, parce qu’on avait de très bonnes bases, et surtout cette composition reste dominante de manière générale. Pourquoi chercher plus compliqué quand on peut faire plus simple ? »
Une journée-type chez Paris Eternal
C’est d’ailleurs au cours de la visite de la gaming house que Julien Ducros nous a fait une présentation générale du planning que suivent les joueurs pour s’entraîner. Un planning valable cinq jours par semaine, à l’exception donc du samedi — jour de match — et du dimanche — jour de repos, même si celui-ci était à un moment en vigueur six jours par semaine, quand la nouvelle saison n’avait pas encore été lancée.
« Les joueurs arrivent généralement à la gaming house entre 9h et 10h », explique Julien Ducros. La journée démarre alors par de l’entraînement, généralement en duo : un joueur et un coach (Paris en compte quatre, chacun avec un rôle spécifique) travaillent ensemble sur des éléments particuliers, en s’appuyant sur des vidéos mais aussi en faisant des sessions de jeu. « On a en fait un coach par compartiment de jeu : dégâts, support et tank », explique l’entraîneur. Ce travail dure jusqu’à 11h.
Pour la dernière heure de la matinée, Paris Eternal passe ensuite une heure à discuter de stratégie. « On prend les cartes de la semaine, contre tel ou tel adversaire, et on voit éventuellement les stratégies qui ont été appliquées en match, ce que nous avons fait de notre côté », poursuit-il. Ce travail est fait toute la semaine, au rythme d’une carte par jour.
Arrive alors la pause déjeuner, qui dure environ une heure. Il est à noter que les coaches ont peu ou prou le même emploi du temps, sauf qu’ils ont en plus des réunions du staff, qui se déroulent entre 9h30 et 10h.
L’après-midi, le temps est essentiellement consacré à des entraînements contre d’autres équipes de l’Overwatch League. C’est ce qu’on appelle des « scrims », des parties privées pour s’exercer contre des équipes de très haut niveau. Avant d’arriver aux USA, Paris Eternal devait se contenter d’affronter des équipes de seconde division, c’est-à-dire des équipes de Contenders. « Avant, on les affrontait parce qu’on était en Europe et qu’on ne pouvait pas accéder aux équipes de l’Overwatch League. Mais aujourd’hui, c’est exclusivement des équipes de la ligue.»
Une scène européenne solide
Pour autant, il serait une erreur de croire que le niveau des Contenders est plus faible que celui de l’Overwatch League. Sur la méta actuelle, les équipes européennes en Contenders sont redoutables : « Eagle Gaming est, je pense, très certainement la meilleure équipe au monde en GOATS », juge Julien Ducros. D’ailleurs, Eagle Gaming a été une équipe qui a été régulièrement affrontée en scrims. « L’Europe joue énormément cette composition », ce qui est une chance au regard de l’équilibre actuel et l’incite à penser que le Vieux Continent est aussi bon, voire meilleur que le Nouveau.
Cet entraînement européen « nous a énormément aidés et je pense que l’Europe est beaucoup plus forte que la plupart des équipes Overwatch League qui jouent GOATS », analyse le coach. Parmi les équipes Contenders qui ont retenu son attention figurent Team Gigantti, Angry Titans, One.PoinT, Samsung Morning Stars et bien sûr Eagle Gaming, vainqueur de leur ligue en 2018.
« On ne s’entraine pas dix heures par jour pendant des mois pour faire les choses totalement différentes en match.»
D’ailleurs, plusieurs membres du groupe Paris Eternal proviennent des Contenders et ont donc une très bonne connaissance de la GOATS : c’est le cas de NiCOgdh et de HyP, qui officiaient avant chez Eagle Gaming, mais aussi LhCloudy, un ancien de Team Gigantti, et Danye, de Copenhagen Flames. Au passage, Paris Eternal peut aussi compter sur des vétérans de l’Overwatch League, avec SoOn, ShaDowBurn et Finnsi.
L’après-midi des scrims est donc consacré à deux sessions de deux heures de scrim, l’un de 13h à 15h, l’autre de 16h à 18h, avec une pause d’une heure entre les deux. La journée ne s’arrête pas pour autant-là : s’ouvre alors une session de bilan en vidéo, entre 18h et 20h : « On reprend des éléments de parties qu’on a faites pendant la journée et on voit toutes les erreurs, toutes les choses qu’il faut corriger pour s’améliorer », explique Julien Ducros. Après, les joueurs ont quartier libre.
Sport et alimentation sous surveillance
Ce rythme intense d’entraînement s’accompagne aussi d’un suivi des joueurs lorsqu’ils ne sont pas derrière un écran. Lors de la visite de la gaming house, Michael De Wit, le directeur général du club, a présenté l’une des deux salles de sport dans lesquelles les dix joueurs sont obligés de passer, une heure par jour — entre 8h et 9h du matin, nous précise Julien Ducros.
L’objectif n’est pas tant de les muscler pour mieux jouer que de les aider à se vider la tête, de bien commencer la journée et de profiter des divers bienfaits que l’on prête au sport au niveau du stress, de l’anxiété, de la mémoire et de la concentration.
Cet entraînement est réalisé sous la supervision de Lisa Lingvall, une Suédoise recrutée dans ce but. Celle-ci a d’ailleurs écrit un billet Medium justifiant cette approche du sport pour s’améliorer dans l’esport. Diplômée dans ce domaine, elle l’est aussi dans le secteur de la nutrition. C’est donc aussi elle qui assure un suivi de l’alimentation des joueurs — là encore, Lisa Lingvall développe dans un billet Medium sa réflexion sur la manière dont la nourriture peut impacter les performances des joueurs.
Ce cadre de travail, hors jeu et en jeu, est suivi depuis plusieurs mois par Paris Eternal et sera maintenu dans les grandes lignes tout au long de la saison 2 de l’Overwatch League. Une possibilité ouverte grâce aux changements qu’il y a eu au niveau de l’organisation des matchs, chaque équipe ne devant en général jouer qu’un match officiel par semaine — parfois deux, mais plus rarement.
« Ce changement de planning est intéressant, notamment pour éviter les burnouts », juge Julien Ducros, qui dit également apprécier l’ajout pour les playoffs d’un loser bracket. « C’est super, ça rajoute beaucoup plus de possibilité et ça rend les playoffs encore plus intéressants pour les équipes performantes mais qui n’ont pas eu l’occasion de se démarquer. C’est un point très positif pour cette saison 2 », conclut-il.
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