Devil May Cry 5 est une réussite diablement sexy. Point.

Après un reboot assassiné avant l’heure, mais finalement réussi, Capcom a décidé de reprendre sa saga Devil May Cry canonique là où elle l’avait laissée. Soit avec un cinquième opus qui se déroule cette fois après les événements de Devil May Cry 4 (la chronologie n’a pas toujours été respectée). Outre la joie de retrouver le duo formé par Dante — le vieux — et Nero — la relève –, Devil May Cry 5 appuie son argumentaire sur sa condition d’épisode nouvelle génération. Plus de dix ans après son prédécesseur, il fallait que ce soit réussi.

Pour celles et ceux qui découvriraient la franchise, Devil May Cry convoque le genre beat them all pour raconter l’histoire de Dante, un beau gosse mi-homme mi-démon devenu une véritable icône de la sphère vidéoludique. Accessoirement, il chasse de viles créatures sous fond d’intrigues shakespeariennes. Et si vous commencez par Devil May Cry 5, pas de panique : le jeu propose un résumé compréhensible et suffisamment complet de ce qu’il s’est passé auparavant.

2 be 3

Vous n’achèterez pas Devil May Cry 5 pour son histoire. Du moins, vous n’en retiendrez pas grand-chose sinon qu’il s’agit d’un énième combat entre des gentils et des méchants. Ce parti pris scénaristique est volontaire. Pour Capcom, le récit n’est qu’un prétexte pour empiler les arènes et passer au chapitre suivant avec un peu de liant. Malgré tout, l’univers articulé autour de Dante et ses amis demeure cohérent, nourri par des flashbacks, des révélations et des cliffhangers. Sans oublier un peu (beaucoup) de fan-service.

On en retiendra que Capcom ne se prend pas au sérieux et n’hésite jamais à tomber dans la mise en abîme pour décomplexer encore plus le ton. Ainsi, Devil May Cry 5  associe autodérision, running-gag et bravoure dans un cocktail qui sied parfaitement à la personnalité bien trempée des héros. Avec le renfort du mystérieux V, Dante et Nero forment une sorte de boys band un peu ringard, sinon loser. Devil May Cry 5 ou les 2 be 3 emo qui sauvent maladroitement le monde en faisant souvent n’importe quoi. Il n’y a pas d’héroïsme à outrance, juste des mecs qui s’amusent et nous amusent.

Devil May Cry 5 // Source : Capcom

Devil May Cry 5

Source : Capcom

Le diable est dans les détails

Comme Resident Evil 7: Biohazard et le remake de Resident Evil 2, Devil May Cry 5 se plaît dans son costume taillé dans le moteur graphique RE Engine. Et il le lui rend bien. Malgré un framerate fixé à 60 fps (sur console), le blockbuster de Capcom prouve que l’on peut associer fluidité et beauté. Aidé sur ce point par ses décors fermés, il doit beaucoup à sa direction artistique inspirée, savant mélange entre le gothique, le moderne et le gore.

Un jeu sexy

Capcom aurait certainement pu aller plus loin dans la variété des environnements, mais le studio japonais a préféré privilégier la maîtrise à la générosité maladroite, la continuité à la rupture. À tel point qu’à force de côtoyer l’enfer, on s’y sent chez soi. Certains oseraient même affirmer qu’il est pavé de bonnes intentions.

Devil May Cry 5 mérite par ailleurs les lauriers pour son design des personnages, tous plus charismatiques les uns que les autres (mention spéciale aux transformations en démon et à certains boss, aussi nombreux que réussis). De ce point de vue, le cinquième épisode assure l’héritage de sa mythologie : quitte à jouer les sales gosses, autant être stylé. Ajoutez-y une bande-son rock’n’roll qui tape sur les nerfs dans le bon sens du terme et vous obtenez un jeu très appréciable. Après tout, il paraît que le Diable s’habille en Prada…

Devil May Cry 5 // Source : Capcom

Devil May Cry 5

Source : Capcom

Un gameplay qui voit triple

Au-delà de ses attributs esthétiques, Devil May Cry 5 bâtit sa réussite sur l’excellence de son gameplay ou, plutôt, de ses gameplay nichés dans une structure qui rappelle Resident Evil (à l’origine, Devil May Cry devait être un nouvel épisode de Resident Evil). En effet, avec ses trois personnages jouables, le titre propose autant de manières d’occire les ennemis. Attention néanmoins, on ne choisit pas qui on incarne au début d’un chapitre — exception faite de quelques portions spécifiques.

Les fans de Devil May Cry 4 reprendront vite leurs habitudes au moment de manier Dante, le plus badass du groupe — et le plus pataud aussi. Avec lui, l’idée est d’alterner entre ses quatre styles de combat pour faire pleuvoir les combos et obtenir le meilleur score. Dante, jamais le dernier pour cabotiner, dispose par ailleurs d’un arsenal varié — dont certaines pièces rappelleront quelques souvenirs (glorieux).

L’héritier de ses ancêtres

De son côté, le virevoltant Nero est le plus accessible des trois. Destitué de son bras démoniaque (on sait pourquoi), il est désormais armé d’un appendice mécanique qui fonctionne comme des munitions. Le deal est le suivant : ledit bras, baptisé Devil Breaker, est très puissant, mais explose si vous vous faites toucher pendant son utilisation. Et s’il en existe différents types (avec chacun son coup spécial), on ne peut pas switcher à la volée. Pour changer, il faut donc se débarrasser de celui qu’on ne veut plus. Cette limite, tout à fait justifiable, ne plaira pas à tout le monde. Mais sans elle, Nero transformerait Devil May Cry 5 en jeu d’enfant.

Devil May Cry 5 // Source : Capcom

Devil May Cry 5

Source : Capcom

Gros plus de Devil May Cry 5, l’élégant V se distingue par son approche plus shoot them up. Incapable de se battre de lui-même, il s’associe à un oiseau, une panthère et un gros colosse pour se protéger. Il apporte une fraîcheur bienvenue et change radicalement la façon d’appréhender les nombreux affrontements. Son seul problème se situe dans le ciblage des ennemis. Indispensable pour le volatile, qui attaque à distance, il apparaît moins adapté au félin, spécialiste du corps-à-corps. Dès lors, l’atypique V réclame un peu plus de maîtrise que les autres. Petite précision : vous risquez d’avoir mal au pouce en le jouant.

Autrement, on retrouve tout ce qui constitue le sel des Devil May Cry, à commencer par les Orbes rouges à ramasser. Elles servent à améliorer les armes et à débloquer certaines aptitudes parfois utiles (le double saut), souvent mineures. Dans les autres objets qui comptent, on citera les Orbes dorés. Elles permettent de ressusciter quand une rixe se passe mal et, par ricochet, d’amoindrir — considérablement — le challenge (spoiler : elles sont trop faciles à récupérer). Devil May Cry 5 n’oublie pas non plus les objets qui améliorent les barres de vie et de magie, ou encore les niveaux bonus qu’il faut prendre la peine de chercher. Autant de preuves qu’il est bien l’héritier de ses ancêtres.

Le verdict

Sans jamais prendre la peine de chercher la réinvention, Devil May Cry 5 atteint une forme de perfection dans sa formule entamée il y a près de vingt ans. Décomplexé au point de tomber dans l’arrogance, le retour sur le devant de la scène de Dante et Nero est un beau diable à qui l’on pardonne le manque d’audace. Il se noie dans des apparences généreuses et une maîtrise totale de son sujet. 

Jouissif et varié grâce à son trio de losers,  Devil May Cry 5 est la preuve que Capcom sait aujourd’hui y faire au moment de choyer ses marques. Naguère critiquée pour avoir emmené Resident Evil sur un terrain miné, la firme nippone a compris la leçon. Et ce n’est pas l’enfer qui attend DMC 5, mais bien le paradis. 

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