Chouchouté comme jamais par Ubisoft, The Division, le MMOTPS développé par Massive Entertainment, laisse aujourd’hui sa place à une suite, sobrement baptisée The Division 2. On reprend la même formule et on recommence : vous incarnez un agent chargé de nettoyer une ville ravagée par un virus et qui ne ressemble plus vraiment à un endroit accueillant. Après près de 30 heures passées à arpenter les rues malfamées de Washington, nous pouvons affirmer une chose : The Division 2 est bel et bien la nouvelle référence des adeptes du loot.
Et si Ubisoft gâte autant son nouveau bébé que le précédent opus, alors on peut sans trop de mal affirmer que The Division 2 est parti pour tenir en haleine les joueurs pendant très, très longtemps. Avec, toujours pour leitmotiv, cette soif addictive liée à la course au meilleur équipement — les fans de Diablo comprendront. On a déjà envie d’y retourner.
Road trip
The Division 2 se déroule quelques mois après la chute de New York, réduit à un état apocalyptique à cause du Poison Vert. Ce mal a tracé sa route dans tout le pays, touchant dans son sillage la capitale américaine. Washington a donc besoin de la Division pour retrouver des couleurs et se défaire du joug des factions opportunistes, lesquelles profitent du chaos pour régner. Dans ce bordel sans nom, un Agent — vous — arrive en ville pour reprendre le contrôle et aider les rares survivants. Voilà le topo.
N’allez pas chercher une once d’élan scénaristique dans The Division 2, nourri de quelques cinématiques sans réelle saveur pour justifier des balades dans les différents quartiers. Très vite, on comprend que les développeurs n’ont même pas cherché à faire des efforts de narration pour intéresser à minima le joueur, au-delà de sa quête personnelle. Et si on pouvait espérer une dimension politique, elle brille finalement par son absence.
Massive Entertainment a mis du cœur à l’ouvrage au moment de bâtir son Washington
Malgré tout, force est de reconnaître que Massive Entertainment a mis du cœur à l’ouvrage au moment de bâtir son Washington devenu un véritable enfer. Si on préfère le charme hivernal du New York de The Division, la métropole est suffisamment délétère pour que l’immersion soit palpable. Durant vos pérégrinations, vous croiserez de la végétation et des animaux sauvages au milieu des gravats, des cadavres automobiles et des nuages de fumée toxique. Le sens du détail est poussé, renforcé par un cycle jour/nuit et des évolutions climatiques aptes à travailler sur l’ambiance, variée selon les zones visitées.
Graphiquement, The Division 2 n’en met pas plein la vue et mise davantage sur la propreté visuelle pour ne pas trop brusquer son moteur graphique. D’un point de vue technique, un petit coup de polish n’aurait pas été de trop. En l’état, le jeu est encore pollué par quelques bugs disgracieux, allant d’errances dans les collisions à des ralentissements, en passant par des actions saccadées (qui peuvent vous faire mordre la poussière). Nul doute que des mises à jour nettoieront ces quelques tares au fur et à mesure.
Du cover shooter d’excellente facture
Le gameplay de The Division 2 ne bousculera pas les habitudes de celles et ceux ayant arpenté New York pendant plusieurs mois. On retrouve cette orientation assumée vers le cover shooter exigeant, soit un jeu de tir à la troisième personne où il faut savoir gérer sa couverture sous peine de vite se faire tuer. Sur ce point, Massive Entertainment a travaillé sur le level design pour ne pas tomber dans la platitude et la tactique vaine, au point que certains niveaux — extérieurs, mais surtout intérieurs — se révèlent comme des modèles d’architecture (avec une belle mise en scène en prime). On souligne par ailleurs le feeling de l’arsenal, riche en sensations car criant de réalisme.
Pour triompher des vagues d’ennemis rangés dans des classes distinctes (ingénieur, sniper, tank…) et des niveaux, il est nécessaire d’être constamment sur le qui-vive. D’autant que l’intelligence artificielle mise volontiers sur le contournement pour déborder le joueur et le pousser à ne pas rester immobile, alors rangé derrière son fusil longue portée. Dans ce torrent d’éloges, seules quelques maladresses surnagent : les soldats blindés qui foncent au corps-à-corps agacent et on n’échappe pas vraiment au syndrome du sac à PV (lire : parfois, il faut vider plusieurs chargeurs pour occire un boss).
Sur la fréquence du loot, The Division 2 est assurément un exemple à suivre
Outre un arsenal des plus classiques (fusil à pompe, fusil automatique, fusil mitrailleur, pistolet, grenade), l’Agent dispose de compétences spéciales pour se défendre. On peut en équiper deux à la fois et elles sont défensives (rayon de détection, soin) ou offensives (drones, tourelles). Une fois le niveau maximum atteint (30) et l’histoire terminée, on débloque des spécialisations centrées sur des armes exotiques (arbalète, lance-grenade et fusil de sniper lourd). Vous n’êtes pas rassasiés ? Il est possible d’assembler des pièces d’équipement grâce à des schémas et de modifier les statistiques (avec des mods ou un procédé de fusion).
Pour être de plus en plus efficace sur le champ de bataille, on s’en remet au butin. Et sur la fréquence du loot, The Division 2 est assurément un exemple à suivre (coucou Anthem). En récompensant constamment et justement les joueurs, le TPS revêt un potentiel chronophage certain. Tuer un ennemi ? Loot (possible). Finir une mission ? Loot. Ouvrir un coffre perdu entre deux rues ? Loot. Gagner un niveau ? Loot. De toute évidence, la méritocratie est de mise à Washington. Mieux, elle est très équilibrée et donne envie d’enchaîner les activités, si génériques et répétitives soient-elles dans certains cas.
De quoi être tranquille un moment
Non content de fournir une carotte au joueur (le loot), The Division 2 est d’une générosité sans commune mesure dans son contenu — dès le lancement. Et s’il est impossible de finir l’histoire d’une traite sans passer par des objectifs annexes (capturer un point d’interêt, libérer un quartier, cocher toutes les cases d’un projet…), le jeu parvient à inhiber tout sentiment de redite. Puisqu’il y a toujours à faire quand on arpente Washington, on enfile les heures jusqu’à ne plus les compter.
Quand le end game se dévoile (au bout de 25-30 heures), c’est là où tout commence : une nouvelle faction, très puissante, entre en scène et redistribue les cartes avec toujours plus de paliers de difficulté à franchir en fonction de son niveau de puissance (et plus de son niveau tout court). Là encore, Massive Entertainment ne tombe pas dans le déjà joué en renouvelant un tant soit peu les missions, à défaut de changer les décors. En somme The Division 2 est une leçon de end game.
Une leçon de end game
A priori, les plus téméraires iront certainement faire un tour dans l’une des Dark Zone, portions les plus dangereuses de la carte, riches en butin de qualité, mais où les joueurs peuvent se retourner les uns contres les autres et devenir des Renégats (à leurs risques et périls). Comme les Dark Zone ont leur propre système de progression, il est tout à fait possible d’apprécier The Division 2 sans y mettre les pieds. On peut carrément parler d’expérience indépendante — en PvEvP.
Par sa nature, The Division 2 pousse les joueurs vers le coopératif et la complétion de missions et autres tâches à plusieurs — même si on peut s’improviser loup solitaire de bout en bout (challenge à la clef). À l’arrivée, Ubisoft veut offrir une multitude de manières d’apprécier son blockbuster bien parti pour durer, confortablement installé dans son costume de jeu-service aux bases gravées dans le marbre.
Le verdict
Tom Clancy’s The Division 2
Voir la ficheOn a aimé
- Le feeling des armes
- Le loot qui récompense vraiment
- Un contenu ahurissant
On a moins aimé
- Zéro effort sur l’écriture
- Quelques couacs techniques
- Adieu vie sociale
Ubisoft a tout simplement compris ce que les joueurs attendaient d’un jeu de tir articulé autour d’une course au loot. Bâti sur un gameplay d’une efficacité sans faille, The Division 2 est un modèle d’équilibre et, surtout, une mine d’or de contenu. Au point que l’on ne s’ennuie jamais dans ce Washington pourtant vidé de toute humanité.
Riche, promettant une durée de colossale et amené à se remplir dans les mois à venir, The Division 2 pêche simplement dans ses ressorts narratifs inexistants. Mais bien qu’il n’a pas d’histoire réellement passionnante à raconter, il invite le joueur, qu’importe ses préférences, à écrire la sienne au gré d’un périple où il se passe toujours quelque chose. Après New York, le tour des États-Unis reprend de plus belle.
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