Depuis quelques années, Disney tente de remettre ses classiques au goût du jour en les adaptant en films en live action (avec des prises de vues réelles). Le dernier projet en date n’est autre que Dumbo, l’histoire du célèbre éléphant aux grandes oreilles qui a ému plus d’un spectateur. Il sort ce 28 mars 2019 en France ; Numerama a pu le voir en avant-première.
Pour réussir son coup, la firme a fait appel à Tim Burton (Edward aux mains d’argent, Les Noces funèbres) à la réalisation. Un choix parfait en théorie, l’atmosphère qui se dégage du dessin animé original s’adaptant parfaitement au style du réalisateur. Dans les faits malheureusement, le film peine à nous faire revivre les émotions d’antan.
Un jeu d’acteur qui ne convainc pas
Si on doit souligner un problème majeur dans ce Dumbo, c’est le jeu d’acteur. Le casting n’est pourtant pas avare en grands noms, avec notamment Colin Farrell (The Lobster), Eva Green (Penny Dreadful) et Michael Keaton (Birdman). Le premier joue le rôle de Holt Farrier, un dresseur de chevaux désabusé récemment revenu de la guerre. Tellement désabusé, en fait, qu’il n’injecte aucune émotion dans le film et que la majorité de ses dialogues tombent à l’eau. Michael Keaton semble lui ne pas savoir quelle facette donner à son personnage, le « méchant » V.A Vandemere, qu’il rend parfois rêveur et parfois calculateur sans jamais faire mouche.
Même Danny De Vito, pourtant parfaitement adapté à un rôle de Monsieur Loyal, est très vite fatiguant à cause d’un « surjeu » omniprésent. Au final seule Eva Green semble réussir à rentrer dans son personnage, la trapéziste française Collette Marchand. Loin de jouer son rôle le plus inoubliable, l’actrice offre tout de même quelques beaux moments d’émotions et crée une véritable connexion entre son personnage et Dumbo.
Un Dumbo adorable et des décors impressionnants
La représentation de Dumbo en images de synthèse est l’une des plus belles réussites du film. Il s’intègre parfaitement au « monde réel », tout en gardant la petite touche qui nous rappelle qu’il vient d’un dessin animé. Ses yeux et chacune de ses expressions nous montrent clairement ce qu’il ressent : sa joie quand on s’occupe de lui, sa peur peur face au vide, sa tristesse lors d’une séparation fatidique… C’est donc ironiquement un animal factice qui montre le plus d’émotion dans le film.
L’autre point fort de Dumbo, ce sont ses décors aux couleurs vives et les quelques scènes qui restent particulièrement en mémoire. Une réussite à mettre au compte du directeur de la photographie Ben Davis et du chef décorateur Rick Heinrichs. Leur travail donne vie au cirque Medici, à grand renfort de jeux de lumières et de créativité dans les décors. C’est d’ailleurs ce qui sauve le film dans sa première partie qui manque cruellement de rythme. Le second chapitre profite tout autant du talent des deux cinéastes, mais nous n’en dirons pas plus pour éviter les spoilers.
La dure comparaison avec le Dumbo original
Dumbo est donc parasité par de nombreuses faiblesses, mais rien n’est plus dur pour la production de Tim Burton que la comparaison avec l’œuvre original. Comme l’explique le scénariste Ehren Kruger, le film se base sur une question : « Si Dumbo avait réellement été un éléphant volant se produisant à l’époque de l’âge d’or des cirques, quel effet aurait-il eu sur les gens à l’époque ? » L’envie de réinterpréter l’histoire de Dumbo est louable, mais la mauvaise exécution des changements est à l’origine de la majorité des problèmes.
Pour suivre cette idée d’histoire inscrite dans la réalité, les animaux n’ont pas le droit à la parole. Cela provoque déjà un changement majeur : l’absence de la souris Timothée, meilleur ami de Dumbo dans le dessin animé et personnage le plus important du film après l’éléphant. À sa place, on trouve deux enfants (ceux de Holt Farrier) qui enchaînent les dialogues plats et n’arrivent jamais à donner l’illusion d’une connexion avec Dumbo.
Les humains en général sont d’ailleurs le problème majeur du film par rapport au dessin animé. Il sont nécessaires à l’avancée de l’intrigue et il faut donc justifier leur présence avec des histoires qui ne concernent qu’eux. Le problème, c’est que celles-ci manquent d’intérêt et que celui que l’on veut voir avant tout, c’est Dumbo. Enfin, la sur-représentation des personnages humains rend l’histoire de l’éléphant moins triste, alors que la tragédie est le moteur principal de la production originale. Loin d’être (presque) seul face à l’humanité qui se moque de lui et aux éléphants qui le rejettent, Dumbo est entouré par des dizaines de personnes cherchant à l’aider. Le film est peut-être plus adapté aux enfants d’aujourd’hui, mais il perd en même temps beaucoup de substance.
Le verdict
Dumbo
On a aimé
- La représentation de Dumbo
- La qualité des décors
- Quelques scènes qui restent en tête
On a moins aimé
- La direction des acteurs
- La place prise par les personnages humains
- Le côté tragique en retrait
Si on faisait une comparaison entre le dessin animé original et la nouvelle production, Dumbo obtiendrait peut-être seulement un 2. La tragédie bien plus discrète et l'absence de personnages clés jouent trop en la défaveur du film de Tim Burton. À cela s'ajoute une mauvaise direction des acteurs et des intrigues humaines peu intéressantes.
Malgré cela, de nouveaux spectateurs pourraient trouver leur compte avec cette adaptation, ne serait-ce que pour son Dumbo à l'animation magnifique, ses décors et les quelques scènes qui forcent l'admiration.
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