Dans son Origine des espèces, Charles Darwin nous expliquait l’évolution des êtres vivants, au fil du temps, au travers de la sélection naturelle. Et si vous reviviez cette épopée de la vie depuis votre salon ? C’est ce que nous vous proposons aujourd’hui, avec Evolution, notre jeu de la semaine.
Chaque joueur commence la partie avec une seule et unique espèce, réduite à son plus strict minimum. Elle est représentée par un petit plateau sur lequel évoluent deux caractéristiques, sa taille et sa population, toutes deux à leur plus bas niveau au départ.
Chaque tour de jeu se joue en quatre phases.
On commence par distribuer des cartes traits aux joueurs. Plus tard, elles permettront de faire évoluer nos espèces. On leur attribuera par exemple des cornes pour se défendre, un long cou pour trouver de la nourriture plus facilement, des tissus graisseux pour anticiper les périodes de disette. Voire on les transformera en carnivores. Il existe une quinzaine de traits, tous différents, et en plusieurs exemplaires.
Chaque joueur pose ensuite secrètement une de ses cartes dans la mare, au milieu de la table. Elles fourniront plus ou moins de nourriture végétale plus tard dans le tour, selon le chiffre qui s’y trouve. Le choix de cette carte se fait en fonction des besoins alimentaires de nos espèces, de leur type, carnivores ou herbivores, du trait qu’elle pourrait procurer, etc.
Puis, l’un après l’autre, les joueurs jouent les cartes de leur main. Soit pour ajouter des traits à leurs espèces, en choisissant judicieusement, car chacune ne peut en posséder que trois. Soit, en les défaussant, pour augmenter la taille ou la population d’une espèce, ou pour en créer une nouvelle.
Enfin, tant qu’il reste des plantes dans la marre, chaque joueur nourrit, à tour de rôle, l’un de ses herbivores encore affamés. Les carnivores, quant à eux, s’attaquent aux autres espèces pour assouvir leur appétit. Mais attention, pas n’importe lesquelles : elles doivent être plus petites et ne pas posséder de traits permettant d’en réchapper (en grimpant aux arbres, en s’enfouissant sous terre, etc.). Les espèces insuffisamment nourries perdent de leur population. Celles qui se font croquer également. Jusqu’à une potentielle extinction, dans le pire des cas.
Ce cycle se répète tant qu’il reste des cartes dans le paquet de traits. En fin de partie, chacun additionne ses jetons de nourriture, la population de ses espèces survivantes et leurs cartes traits attachées. Le joueur ayant le total le plus élevé l’emporte.
Pourquoi c’est bien
Evolution n’est pas une nouveauté, mais nous profitons de son réassort en boutique, après une longue rupture, pour vous le présenter. Et ce retour est une bonne nouvelle, tant ce jeu mérite d’être connu.
Le thème, en parfaite adéquation avec les mécaniques, est clairement LE point fort d’Evolution. Excepté quelques combinaisons de traits pas très réalistes, tout se tient et est logique. Et surtout, les règles, bien que simples, sont parfaitement cohérentes avec cette thématique, et, en conséquence, limpides.
Le fait que l’un des trois auteurs, à l’origine du projet, soit biologiste, n’est pas étranger à cela. Sans parler de rigueur absolue, on sent poindre un certain cachet scientifique en jouant. Notons d’ailleurs qu’un groupe composé d’étudiants, de postdoctorants et de professeurs a comparé trois jeux de société, dont Evolution, implémentant la théorie de l’évolution, et les résultats de leurs recherches ont été publiés dans le magazine scientifique Nature. Il a également fait l’objet d’un article dans un numéro récent de Science & Vie Junior, justement consacré à Darwin et l’évolution (le hors-série de janvier plus précisément).
Evolution est un jeu opportuniste, il faut s’adapter sans cesse aux cartes piochées, aux choix des adversaires, à la quantité de nourriture disponible, etc. On ne peut pas commencer une partie avec une stratégie bien définie en tête. D’ailleurs, il n’en existe pas de plus forte qu’une autre. Même les carnivores, qui paraissent si puissants lors des premières parties. De toute manière, aucune espèce, aussi grosse soit-elle, n’est invincible. Ne serait-ce qu’à cause d’un éventuel manque de nourriture, potentiellement ravageur.
Les parties à deux joueurs manquent un peu de peps, et celles à cinq ou six peuvent traîner en longueur. C’est vraiment à trois ou quatre qu’Evolution dévoile tout son potentiel. La meilleure configuration entre équilibre des parties et durée, selon nous.
Le matériel est de qualité et foisonnant. Les petits jetons de nourriture, avec de l’herbe et des feuilles d’un côté, présentent des morceaux de chair animale sur l’autre face, pour nourrir les carnivores. Ça ne sert absolument à rien, mais c’est rigolo. Tout comme l’énorme diplodocus qui fait office de pion premier joueur.
Des règles simples et logiques, grâce à un thème parfaitement respecté
Une extension, Climat, existe d’ores et déjà sortie en français. Des bouleversements climatiques y affectent l’écosystème de vos espèces. Des évènements, allant du froid au chaud extrême, ainsi que de nouvelles cartes traits permettant de survivre à ces conditions, apportent une dimension supplémentaire au jeu de base. Sans être indispensable, vous n’aurez cependant aucune raison de ne pas l’utiliser à chacune de vos parties après y avoir goûté. Elle allonge à peine la durée de jeu, par contre elle augmente la difficulté (mais pas la complexité) : la survie de vos espèces dans ces conditions hostiles est encore plus rude qu’en temps normal. Nous vous conseillons vivement de faire plusieurs parties de la boîte de base avant d’y ajouter cette extension.
Une seconde, Flight, introduit les espèces volantes. Mais elle n’existe qu’en anglais pour le moment, et nous n’y avons pas joué. Croisons les doigts pour une traduction prochaine. Notons enfin le financement participatif en cours pour Oceans, une boîte autonome entièrement dédiée aux animaux aquatiques. La thématique reste la même, mais les règles semblent différentes, avec notamment l’ajout de scénarios. Bonne nouvelle, une version française est proposée dans la campagne, qui sera également disponible plus tard en boutique.
Si vous souhaitez aller encore plus loin dans cette thématique, jetez un oeil à Dominant Species. Mais attention, la complexité monte alors d’un énorme cran. La durée des parties également, se soldant généralement par une grosse fatigue, tant le jeu est intense. Une boîte à ne pas mettre entre toutes les mains. D’autant que seule la version anglaise est encore disponible.
Bref, Evolution est un jeu aux règles simples et logiques, grâce à un thème parfaitement respecté. Parfait pour expliquer la théorie de l’évolution, ça n’en est pas pour autant un jeu « pédagogique ». Allergiques au hasard, passez votre chemin. Ici priment l’opportunisme et l’interaction avec les autres. Impossible de rester dans son coin à faire sa petite tambouille.
- Evolution est un jeu de Dominic Crapuchettes, Dmitry Knorre et Sergey Machin
- Illustré par John Ariosa et Catherine Hamilton
- Édité par Funforge
- Pour 2 à 6 joueurs à partir de 12 ans
- Pour des parties d’environ 60 minutes
- Au prix de 49,90 € chez Philibert
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