Convertir la musique illégale en musique légale et lucrative, au bénéfice de tous. C’est le dou rêve entretenu par Microsoft, qui décrit dans un brevet le système de partage de revenus qu’il imagine entre l’industrie du disque, les pirates et lui-même…

« Ok, vous êtes un pirate. Mais vous avez acheté un Zune, donc vous n’êtes pas quelqu’un de foncièrement mauvais. Si ?« 

Un brevet déposé par Microsoft en 2005 et publié récemment confirme les intentions du géant de Redmond de monétiser les échanges de chansons piratées sur son baladeur Zune. Microsoft part d’une constatation simple sur le modèle le plus courant actuellement : Apple, en imposant des DRM sur iTunes et son iPod (nommés explicitement dans le brevet), n’a rien résolu à la crise de l’industrie musicale.

Réaliste, Microsoft note en effet dans son descriptif que « une fois décrypté (dans une forme intelligible pour l’homme), le contenu du média peut être capturé dans son format brut (non crypté), ré-encodé, et distribué à volonté, perdant du coup sa protection passée« . En clair, le vendeur du format Windows Media reconnaît lui-même que les DRM ne servent à rien. D’où l’idée géniale qui a fait hurler les testeurs du Zune : ajouter automatiquement des DRM à ce qui n’en a pas ou, mieux, à ce qui n’en n’a plus.

Faire de chaque consommateur un consovendeur

Le baladeur Zune de MicrosoftMicrosoft a réalisé qu’il ne servait à rien de chercher à lutter contre le téléchargement de fichiers pirates sur les réseaux P2P. Le mieux est d’exploiter commercialement leur diffusion virale, à travers la fonction d’échange en Wi-Fi incluse dans le Zune, le baladeur MP3 de Microsoft (indisponible en France pour le moment). Aussi, dès qu’un fichier MP3 attérit sur un Zune par une transmission sans fil, une sorte de DRM est ajouté à la volée. Soit le morceau porte déjà la trace d’un DRM qui légitime sa possession, et dans ce cas il peut être lu à volonté. Soit le fichier n’est pas protégé par un DRM, et le fichier ne peut être lu que 3 fois ou dans les trois jours suiant sa réception. Ensuite, il faut payer le droit de relire la chanson, en l’achetant sur le Zune Marketplace.

Ainsi, « même la revente de contenus piratés bénéficie aux ayants droits« , écrit Microsoft dans son descriptif. Mais comment fédérer les utilisateurs autour de cette idée purement mercantile ? En exploitant hors-ligne le modèle en ligne de Weedshare dont il s’est assuré les droits (lequel, ironie du sort, a été condamné par la sortie de Windows Media Player 11, qui est incompatible). Microsoft va ainsi faire de chaque possesseur du Zune un vendeur de chansons. Dès qu’un possesseur de Zune achète une chanson qu’il a reçu sur son baladeur, celui qui lui a envoyé la chanson en premier lieu reçoit une commission. « Tiens, je l’ai piratée, mais je t’encourage à l’acheter, ça me fera gagner des sous« . Bien sûr, celui qui a acheté la chanson peut à son tour l’uploader et en gagner quelques bénéfices s’il arrive à convaincre son prochain.

L’objectif de Microsoft est donc de générer une chaîne de vendeurs/acheteurs suffisamment longue et autonome pour qu’elle surpasse les téléchargements sur les réseaux P2P. Le modèle ne vaut cependant que dans un monde rempli de Zune, ce qui est encore loin d’être le cas. Il ne semble viable, surtout, que dans un shéma économique où le prix à payer pour les morceaux serait jugé par les utilisateurs plus intéressant que la complexité et le risque à télécharger gratuitement sur un réseau P2P. Comme diraient les économistes, il faut que « le coût d’opportunité » soit jugé favorablement.

Un rêve, ou tout simplement l’avenir ?

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