Trois heures et deux minutes, c’est long. Mais une fois sorti d’Avengers : Endgame, on se dit qu’il aurait été impossible d’en faire moins. Le dernier mastodonte Marvel, en salles ce mercredi 24 avril 2019, est une habile construction qui parvient à tout faire bien, sans aucune fulgurance. Et on n’en demandait pas plus.
Le dernier film des frères Russo n’a clairement pas la même intensité que le volet précédent Infinity War, où l’énergie du désespoir nourrissait un sentiment d’urgence permanent, qui tenait le public en haleine à chaque scène. Ici, on a troqué le cynisme pour l’espoir. L’histoire prend forme beaucoup plus doucement, respectant le deuil des héros déchus, et va piocher dans l’univers des 21 films précédents pour se nourrir de leur essence : l’amour familial de Thor, la bravoure d’un Iron Man grandi par les épreuves, la poésie de Doctor Strange, la cohésion du premier Avengers,
Avengers : Endgame est une barque qui flotte sur une rivière d’intrigues attendues, dotée d’un petit moteur discret qui lui permet au dernier moment de bifurquer à contre-courant. Où l’on parle voyage dans le temps, évidemment, mais non sans que les personnages ne citent eux-mêmes tous les films qui s’y sont essayés avant eux, de Terminator à l’incontournable Retour vers le Futur (qui prend au passage un petit taquet derrière l’oreille pour son manque de cohérence).
De la cohérence, il y en a un minimum dans Endgame, juste assez pour que l’on ne soit jamais tentés de décrocher. Bien sûr, certaines scènes semblent forcées — il faut bien réussir à caser des dizaines et dizaines de superhéros — mais le blockbuster a l’intelligence d’insister sur les moments de respiration, notamment la solitude de ses héros, qui envahit l’écran à travers des gros plans assumés. On regrettera toutefois que cette attention n’ait pas été portée à Thanos, antihéros magnifique d’Infinity War, qui perd malheureusement en subtilité.
On en revient aussi à des temps plus simples, où les combats laissent la place à des scènes de filatures un peu grotesques, presque mignonnes. La bande originale prend alors des accents James Bond-esques sautillants et transpose les superhéros dans ce qui ressemble par moments plus à un film d’espionnage, à la frontière entre un Mission Impossible et un Ocean’s Eleven. Jusqu’à ce que des éclairs de feu nous rappellent qu’on est avant tout là pour ramener à la vie 50 % de la population de la galaxie.
Un film qui récompense les fans
Comme souvent dans l’univers cinématographique Marvel, les blagues sont assez simples et un peu lourdes. Un personnage a pris du ventre ? Vous en entendrez parler pendant tout le film. Mais c’est cet humour potache qui permet de revenir à l’esprit des premiers blockbusters Marvel, quand tout le monde ne se tapait pas encore dessus sans que l’on ne comprenne vraiment pourquoi (coucou Civil War).
Avengers : Endgame est probablement l’un des seuls Marvel qu’il serait idiot d’aller voir sans un minimum de connaissances sur les précédents films de l’univers. Tout est fait pour récompenser les fans : beaucoup de nostalgie, des références appuyées, un zeste de second degré, une bataille mémorable. Mélangez le tout, laissez reposer quelques mois, et vous aurez ce qui restera dans l’histoire comme une super fin, un peu attendue oui, un peu décevante ok, mais c’était quand même génial non ?
Avengers : Endgame a exactement ce qu’il fallait de « trop » pour faire consensus, entre les fans pointilleux qui apprécieront le retour aux sources et les amateurs et amatrices plus tranquilles, qui se réjouiront du spectacle et son rythme maîtrisé. En faisant preuve de tant d’habileté, les frères Russo nous auraient presque fait oublier les quelques moments de pure escroquerie — un casting principal quasiment 100 % masculin, mais une scène de quelques secondes qui nous rappelle qu’il y a aussi des superhéroïnes badass. On ne vous les avait juste pas montrées, mais elle est sont là, promis. Girl power, hein.
Ces quelques ficelles grossières ne font, au final, que sublimer l’impression d’avoir consommé le plus gros objet pop de la décennie, en tout ce qu’il a de positivement fédérateur et doucement cathartique. Telle la dernière brique au sommet d’une pyramide, Avengers : Endgame ne tiendrait pas sans les fondations solides que le MCU a patiemment construites depuis 2008 avec le premier Iron Man. Avec ce dernier volet de la troisième phase de l’univers Marvel, Disney a montré toute sa puissance, à l’heure où le géant américain travaille déjà sur l’après-Hollywood avec sa plateforme de SVOD Disney+ et ses nombreuses séries exclusives en développement. Les superhéros ne sont pas morts, vivent les superhéros.
Le verdict
Avengers : Endgame
En troquant le cynisme pour l'espoir, le dernier volet de la saga Avengers s'affranchit du précédent Infinity War et donne à voir un spectacle maîtrisé. Nostalgie, rythme fluctuant, humour : tout est là pour donner aux fans exactement ce qu'ils attendaient. C'est une œuvre pop parfaite, qui semble incarner avec insolence les craintes d'un effacement d'Hollywood au profit des plateformes en ligne.
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