Comme le souligne son titre, Moi, quand je me réincarne en Slime est un « tensei », un récit où un employé de bureau meurt assassiné et se réincarne dans un monde de fantasy. Si les souvenirs de sa vie antérieure sont préservés, il est désormais devenu la créature la plus faible du bestiaire fantastique : un slime. Mais ne vous y trompez pas, derrière cet aspect inoffensif de Pokémon, « Limule » dispose en réalité d’immenses pouvoirs, lui permettant notamment d’absorber les aptitudes de ses adversaires et de s’adapter à tout environnement. Il part alors à la découverte de ce territoire inconnu.
Cette histoire est sortie de l’imagination de Fuse, un auteur amateur qui la publia en ligne entre 2013 et 2014 (248 chapitres en tout !). Tensei shitara slime datta ken est rapidement devenu un light novel, puis un manga dessiné par Taiki Kawakami (Alderamin of the Sky). Ce dernier est d’ailleurs disponible en France chez Kurokawa, avec sept tomes sortis sur les onze disponibles à ce jour. En 2018, sur les deux supports, l’œuvre de Fuse s’est classée dans les tops 10 annuels des ventes au Japon. C’est dire si ce petit slime bleu est en train de tout dévorer sur son passage. Moi, quand je me réincarne en Slime est ni plus, ni moins, que le manga isekai le plus populaire actuellement.
Les quatre premiers arcs narratifs en série TV
Nous aurions pu penser que l’adaptation en animé allait être réalisée par un studio prestigieux. Or, c’est 8-Bit, jeune structure d’une dizaine d’années d’âge et formée par d’anciens de chez Satelight qui s’en est chargée. Avec à la tête du projet, Yasuhito Kikuchi, réalisateur de la plupart des productions du studio (Infinite Stratos, Comet Lucifer…) et ancien assistant du papa de Macross : Shôji Kawamori. En 2008, il réalisa notamment Macross Frontier sous son aile. La série TV couvre les quatre premiers arcs narratifs. Cela correspond aux onze volumes du manga et les quatre premiers tomes du light novel. Sachant que le roman compte onze arcs en tout et pour tout, nous vous laissons faire le calcul pour savoir combien d’épisodes il faudrait pour couvrir l’intégralité de l’œuvre.
Moi, quand je me réincarne en Slime partage de nombreux points communs avec Overlord. Les héros des deux titres atterrissent dans un monde de fantasy sous une forme non-humaine et dotés d’immenses pouvoirs. Chacun va alors les utiliser à sa guise pour changer les lieux en fonction de ses convictions. A contrario d’un Death March to The Parallel World Rhapsody, autre titre isekai diffusé en 2018, où le héros préfère rester anonyme et fait tout pour cacher sa force. Moi, quand je me réincarne en Slime se distingue toutefois rapidement de son homologue. Le but de Limule est de rassembler les monstres pour créer un royaume où tous vivraient en harmonie. Une vision optimiste (utopiste ?) diamétralement opposée de la soif de conquête et d’asservissement du Roi Sorcier Ainz Ooal Gown.
Une réflexion sociale passionnante
Dans les isekai, le héros est souvent soit un lycéen mal dans sa peau, soit un cadre trentenaire. Cet employé modèle vit principalement pour son travail et n’a pas de vie amoureuse, voire de vie sociale tout court. En somme, sa mort (ou son invocation, téléportation…) est montré comme une seconde chance pour lui. C’est pourquoi il accepte généralement rapidement cette nouvelle vie. Même dans la peau d’un slime. Ainsi, Satoru (le héros de Overlord a le même prénom au passage) devient Limule dès qu’il pose le pied – même s’il n’en a pas – en ces nouveau lieux. Outre des pouvoirs bien utiles, il va se servir de sa connaissance du monde de l’entreprise pour construire une civilisation. Mais avant de donner un rôle ou un objectif aux futurs habitants, Limule va leur donner des noms.
Dans ce monde de fantasy, contrairement aux humains, les monstres sont uniquement identifiés par leurs races : gobelins, orcs, ogres, hommes-lézards… Ce sont des identités collectives primitives, constamment en guerre les uns avec les autres. En recevant un nom, ces individus vont évoluer, se distinguer les uns des autres et ne plus considérer son voisin comme un ennemi. Mais surtout, ils vont se trouver une identité personnelle. Dans la série cela se matérialise par une amélioration en force et en intelligence. Dans le jargon des rôlistes, nous pourrions dire que ces monstres « augmentent de niveau » en devenant des créatures supérieures. Limule a bien compris qu’avant d’ériger des institutions, le processus de création d’une société commence d’abord par l’élaboration de stratégies identitaires.
En réalité, Moi, quand je me réincarne en Slime propose une réflexion passionnante sur notre propre société, qui voit, par exemple, le multiculturalisme comme un danger. Le Japon, pays ô combien nationaliste et très attaché à ses traditions, est visé en substance. En pleine crise démographique, la nation dirigée par Shinzô Abe reste pourtant fermée à l’immigration. Le Japon refuse l’ouverture par crainte de perdre son identité. Bien sûr, le message véhiculé par l’œuvre de Fuse est idyllique. Mais voir tant d’optimisme affiché est une note d’espoir qui fait du bien dans un monde où les nations sont de plus en plus repliées sur elles-mêmes.
Les 25 épisodes sont disponibles sur Crunchyroll et une deuxième saison est prévue pour l’année prochaine.
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