Ce n’est pas la première fois qu’on le dit : Fortnite est un jeu difficile. Mais la Coupe du monde de Fortnite est un tout autre niveau de complexité. Voilà sept semaines que les barrages du tournoi ont débuté : les joueurs et joueuses se qualifient au fur et à mesure en fonction des zones géographiques, et finiront par s’affronter à New York du 26 au 28 juillet.
Voici donc sept semaines que j’observe, médusée, les batailles entre les meilleurs joueurs du monde, que ce soit en direct sur Twitch ou en replay sur YouTube — ce qui permet d’avoir accès à de nombreux angles de vue en plus de l’analyse de commentateurs. Et le niveau est si élevé que je ne retrouve quasiment rien de l’expérience classique, celle d’une joueuse qui se situe dans la fourchette « moyenne » (soyons honnête : moyenne-basse).
Évidemment, je comprends ce qu’il se passe à l’écran. Mais il s’agit d’un jeu totalement différent que celui sur lequel j’ai l’habitue de passer quelques heures par semaine, sans grand investissement.
La tempête est partout
D’une, les parties de la Coupe du monde de Fortnite durent longtemps, beaucoup plus longtemps que les parties classiques. Assez longtemps, même, pour que la célèbre « tempête » du jeu, censée pousser les joueurs et joueuses vers un endroit commun (et donc les empêcher de passer une heure terrés dans un coin de l’île), envahisse toute la carte. Or dans ce jeu de construction et de survie, rester dans la tempête (la zone bleue) revient à subir des dégâts mortels fulgurants.
C’est ainsi que l’on voit des dizaines de joueurs évoluer dans une sorte de cylindre mouvant, la seule zone en « clair » (en bleu sur nos captures) où ils ne risquent pas de dégâts. Dans une partie normale, il arrive que quelques gamers chevronnés s’affrontent dans cette configuration, mais cela ne dure pas plus de quelques minutes. Ici, c’est plutôt l’inverse : le gros du jeu, le moment où la partie commence vraiment, se situe à l’intérieur de ce très étroit cylindre.
C’est d’ailleurs sur ces instants que se focalisent les vidéos récap de chaque semaine de compétition, mises en ligne sur la chaîne YouTube de Fortnite. On oubliera donc le plaisir de sauter du camion en plein vol au-dessus de l’île du jeu, d’atterrir dans une zone inexplorée, de fouiller les coffres à la recherche des meilleures armes, de se cacher dans le décor ou de traquer silencieusement un adversaire…
Puisque la tempête continue de bouger, les joueurs et joueuses doivent d’ailleurs en permanence bouger, ce qui rend le tout très stressant — mais qui donne aussi un charme particulier à l’urgence de la situation. La vue « du ciel » donne d’ailleurs l’impression d’observer les coulisses d’une gigantesque fourmilière qu’un géant aurait piétiné, où chacun est contraint de se battre aussi bien contre les éléments que contre les autres.
La Coupe du Monde de Construction
On ne le dira jamais assez, Fortnite est un jeu de survie mais surtout de construction. À haut niveau, cette deuxième partie est cruciale : les meilleurs joueurs sont ceux qui arrivent à maîtriser l’art de bâtir et d’éditer les innombrables palissades qu’ils érigent autour d’eux.
Pour quelqu’un qui s’amuse sur Fortnite sur Nintendo Switch, une telle performance tient quasiment du surnaturel. Évidemment, comme pour beaucoup de jeux, les joueurs PC sont avantagés par rapport à ceux qui s’évertuent à jouer sur console. Pour le jeu d’Epic Games, il est impossible d’espérer l’emporter à haut niveau si vous jouez sur mobile ou Switch : cela demande une trop grande dextérité et une configuration bien spécifique (avec clavier et souris pro).
Vous avez pour habitude de prendre plusieurs secondes pour construire une petite tourelle de palissade sympathique dans laquelle vous pouvez vous cacher des ennemis ? Pendant ce temps, les joueurs de haut niveau ont eu le temps de bâtir un château entier, modifier tous les pans de chaque mur, éditer les structures à tout-va tout tout en éliminant au fusil d’assaut un adversaire entre deux mouvements de la main.
L’abus des bulles
« Je vois 36 bulles mobiles alors qu’il ne reste plus que 31 joueurs » entend-on les commentateurs s’indigner dans la vidéo récap des phases de sélection de la septième semaine de la Coupe du monde. La Bulle mobile, ou « baller », est un véhicule très utile introduit au cours de la saison 8 et que beaucoup considèrent trop fort, au point où certains demandent son retrait depuis le mois d’avril 2019.
Il permet à la fois de se déplacer rapidement en se propulsant et en s’accrochant aux parois grâce à un grappin, mais ce véhicule sert aussi de protection très pratique contre les attaques des autres joueurs. Dans des modes compétitifs comme la Coupe du monde, un tel objet donne un avantage non négligeable à celui ou celle qui l’utilise, mais conduit aussi à rendre le jeu encore moins compréhensible qu’auparavant, voire plus ennuyeux. Où l’on voit, au milieu de toutes ces constructions, de nombreuses boules entrer en collision sans qu’il ne se passe rien d’autre, car personne n’ose en sortir au risque d’être abattu d’un coup de fusil à pompe.
« Voilà ce genre de joueurs, qui restent dans leur bulle et viennent juste détruire les structures des autres », entend-on les commentateurs s’indigner gentiment, tout en admettant qu’il s’agit d’une stratégie comme une autre pour l’emporter.
Car c’est une caractéristique importante de la Coupe du monde Fortnite : les joueurs doivent s’adapter aux mêmes nouveautés que n’importe quels gamers lambda. Et comme le jeu change très souvent au rythme des événements et des saisons, il n’est pas facile pour les joueurs pro de construire des stratégies à long terme. C’est d’ailleurs l’une des (multiples) raisons pour lesquelles la scène pro du jeu d’Epic Games peine encore à décoller, comme nous vous en parlions ici. Reste à voir comment le jeu de construction et de survie aura encore évolué d’ici le mois de juillet pour les phases finales de cette première Coupe.
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