Il y a quelques semaines, Google a officialisé son entrée sur le marché des jeux vidéo en levant le voile sur Stadia, un service très prometteur basé sur le streaming. On s’attendait à ce que la firme de Mountain View passe la seconde à l’E3 2019, le plus grand salon du jeu vidéo au monde qui se tient chaque année à Los Angeles, au mois de juin. Il n’en sera rien. Google a confirmé à Numerama qu’il n’y aura pas de stand ni, pour l’heure, de rencontre presse — conférence, interview, présentation — à propos de Stadia dans les travées du Convention Center. Une erreur ? On peut le croire.
La question n’est pas vraiment de savoir si Google a besoin de l’E3 pour faire de Stadia un futur acteur majeur d’une industrie où tout évolue très vite. En réalité, Google n’a pas besoin d’un événement externe, si médiatisé soit-il, pour communiquer. Google peut créer l’événement autour de sa marque, tout comme Apple se passe volontiers du MWC pour vendre ses iPhone. La multinationale a néanmoins besoin d’un rendez-vous comme l’E3 pour s’acheter une légitimité — le plus gros problème de Stadia à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Google loupe une occasion
Se passer de l’E3 revient à louper une occasion de rappeler les principaux atouts de Stadia, qui a bluffé l’audience au moment de sa présentation — tout du moins sur la technologie employée. En prime, cette édition 2019 va devoir composer avec un acteur majeur en moins, Sony ayant indiqué qu’il n’avait rien de grandiose à partager à court terme (son statut enviable de leader lui permet de le faire). Cette place vacante représentait une aubaine pour Google, qui a donc refusé de l’occuper pour une raison que l’on ignore. Quand bien même il n’aurait rien de plus à dire sur Stadia, l’E3 s’apparente à un tremplin certain, sinon indispensable, pour qui veut affirmer un positionnement et parfaire sa communication.
Google a encore tout à apprendre
D’autant que Google est resté assez flou sur le catalogue de jeux qu’il mettra à disposition des abonnés au moment du lancement — prévu pour la fin d’année dans certaines régions. L’E3 aurait pu lui permettre d’annoncer quelques titres susceptibles de rassurer les joueurs, qui attendent de voir les partenariats nourris avec les éditeurs avant de se ruer sur Stadia (comme toujours, la technologie matériel sans logiciel ne suffira pas). Pour l’heure, on sait juste que Ubisoft, id Software, Crystal Dynamics, Q-Games et Tequila Works travaillent sur Stadia, sans oublier le studio first party dirigé par Jade Raymond (ex-Ubisoft, ex-Electronic Arts).
Google n’avait-il pas assez de matière pour tenir une conférence ? D’autres acteurs du marché ne se gênent pas pour occuper l’espace médiatique avec du vide. Mais à quelques mois du lancement, on peut se demander pourquoi la communication de Mountain View est si peu rassurante.
Plus grave encore, zapper l’E3 équivaut à dérouler le tapis rouge pour Microsoft. Déjà débarrassé de Sony et de Nintendo (qui fait les choses dans son coin), l’éditeur a le champ libre pour assommer la concurrence — au moins pendant quelques jours. On s’attend d’ailleurs à ce qu’il officialise un substitut — sérieux — de Stadia, en partant sur les bases de son Xbox Game Pass (un catalogue de jeux disponibles en téléchargement grâce à un abonnement).
Non content d’avoir les infrastructures indispensables pour assurer du cloud gaming de qualité, Microsoft possède tout ce que n’a pas Google : la marque (Xbox), la légitimité (trois générations de consoles) et les licences (de plus en plus de studios sont rachetés). Plus que jamais, la balle est dans le camp de la firme de Redmond, qui va devoir assurer un E3 sans droit à l’erreur. Sa position monopolistique sur le salon lui met ainsi une pression considérable : il faudra répondre avec des annonces dignes de ce nom.
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