Découvrez chaque semaine un jeu de société que nous avons sélectionné pour vous (avec amour et passion). Cette semaine, c’est Kanagawa qui est à l’honneur.

Maître Hokusai, à qui l’on doit notamment les fameuses estampes Les trente-six vues du mont Fuji et La Grande Vague de Kanagawa, a décidé d’ouvrir une école de peinture pour partager son art avec ses disciples. Saurez-vous équilibrer au mieux votre atelier et votre savoir-faire pour composer l’estampe la plus harmonieuse ?

Chaque joueur commence la partie avec deux pions pinceaux et une tuile de départ, représentant une saison (printemps, été, automne ou hiver) et sa capacité à peindre l’un des quatre paysages (forêt, montagne, plaine ou océan).

À chaque début de manche, des cartes enseignements sont placées sur la première ligne du plateau-école, autant qu’il y a de joueurs autour de la table. Ces cartes matérialisent les conseils donnés par le maître, et comportent deux parties, permettant deux utilisations différentes : l’atelier ou l’estampe. Outre le type de paysage, le côté estampe des cartes est également caractérisé par leur sujet principal (arbre, animal, personnage ou bâtiment) et une des quatre saisons.

Kanagawa

Quelques éléments du jeu // Source : Iello

En commençant par le premier joueur, chacun prend, s’il le souhaite, toutes les cartes de l’une des colonnes. Pour l’instant, il n’y en a qu’une, mais s’il reste des joueurs n’en ayant pas pris, on en ajoute une seconde dans les colonnes restantes, puis éventuellement une troisième. Après celle-ci, les joueurs encore en lice sont obligés de prendre une colonne. Donc plus on attend, plus on ramasse de cartes, au risque qu’un adversaire prenne avant nous celles que l’on convoitait.

Comme expliqué précédemment, les cartes prises peuvent être utilisées de deux manières. On peut ainsi les placer à la suite de son estampe, à condition d’être capable de peindre le paysage concerné dans son atelier. Il faut aussi avoir un pinceau en réserve, ou éventuellement disposer de la capacité permettant d’en déplacer un utilisé précédemment. Toutes ces possibilités sont offertes par la seconde manière d’utiliser les cartes, en les plaçant dans son atelier, pour améliorer son savoir-faire : apprendre à peindre de nouveaux paysages, récupérer des pinceaux, etc.

Kanagawa

Un résumé en images // Source : Iello

Après avoir posé ses cartes, un joueur peut réclamer un diplôme. Pour cela, il doit répondre aux exigences imposées par ce dernier : telle ou telle combinaison d’animaux, un certain nombre d’arbres, de personnages, de bâtiments ou de paysages identiques, des pinceaux, etc. Plus l’exigence est compliquée à respecter, plus le diplôme rapportera de points. Mais attention, refuser un diplôme (trois arbres) pour viser plus haut (quatre ou cinq arbres) pour récolter plus de points est irréversible. Si finalement vous n’arrivez pas à atteindre la nouvelle exigence, ou qu’un adversaire réclame le diplôme visé avant vous, il sera trop tard pour changer d’avis.

Quand tout le monde a disposé ses cartes, un nouveau tour commence, exactement identique. Ils s’enchaînent ainsi jusqu’à ce que l’estampe d’un joueur contienne au moins douze cartes. Chacun comptabilise alors ses points : ceux obtenus par ses diplômes, un point par carte dans l’estampe, un point par carte de la plus longue suite consécutive d’une même saison, et quelques autres petits points divers. Comme attendu, le plus grand score l’emporte.

Pourquoi c’est bien

Kanagawa, sorti en 2016, n’est pas une nouveauté. Mais nous profitons de la parution de son extension, Yokai, pour vous les présenter tous les deux.

Kanagawa

Source : Iello

La première chose qui frappe, d’emblée, avant même d’ouvrir la boîte, sont les illustrations. Magnifiques. Elles donnent au jeu une saveur poétique, et surtout une atmosphère zen et relaxante, en parfaite adéquation avec ses mécanismes et l’ambiance autour de la table.

L’ensemble du matériel est d’ailleurs de grande qualité, avec un plateau de jeu en bambou, façon natte à sushi, et des petits pots de peinture avec leur pinceau, là où l’éditeur aurait pu se contenter de jetons en carton. C’est joli, thématique et agréable à manipuler, bravo !

Les règles, vraiment simples, le rendent accessible à toutes et à tous. Elles demandent tout de même un peu de concentration et d’attention concernant les diplômes : on a vite fait de les oublier lors des premières parties. Inspiré d’Augustus, dans lequel on retrouve la même idée, c’est pourtant l’une des principales sources de points si on veut prétendre à la victoire.

Kanagawa

Quelques éléments de l’extension Yokai // Source : Iello

Le jeu est ainsi émaillé de petites mécaniques intelligentes, ludiques et très agréables, et toujours en rapport avec le thème, ce qui ne gâche rien. Les diplômes donc, à prendre tôt pour assurer ses points, ou convoiter plus haut au risque de ne rien avoir. Ou encore la sélection des cartes, où l’on est tenté d’attendre pour en recevoir plus, mais avec moins de choix si les autres en prennent avant nous. Sans oublier d’essayer de construire la plus grande suite d’une même saison, source de conflit également.

Bref, Kanagawa est un bel assemblage de différentes mécaniques simples et qui s’imbriquent parfaitement entre elles, sans sacrifier son accessibilité.

De petites mécaniques intelligentes, ludiques et très agréables, et toujours en rapport avec le thème

La seule critique qu’on pourrait éventuellement émettre concernant ce jeu vient du fait qu’il faille glisser ses nouvelles cartes en dessous de celles composant déjà notre estampe ou notre atelier. Rien de dramatique, mais cela chamboule à chaque fois l’harmonie de notre zone de jeu. Peut-être sommes-nous un peu trop maniaques, mais évitez de jouer sur une table trop glissante.

Kanagawa

Une belle estampe // Source : Iello

Une première extension, Yokai, vient de voir le jour. Elle permet d’enrichir le jeu sans le complexifier, et sans allonger la durée des parties. Elle apporte de la diversité et du renouveau, par le biais de nouvelles cartes enseignements, avec trois nouveaux sujets (cerfs-volants, lanternes et ombrelles), et leurs diplômes associés. Et surtout trois jolis petits pions Yokai, d’où son nom, de malicieuses créatures dont vous devrez vous débarrasser au moment opportun. Bref, tout ce qu’on aime dans une extension : de la diversification sans lourdeur, loin d’être indispensable, mais sympathique pour renouveler le jeu après en avoir fait le tour.

Kanagawa est un sans faute, tant dans son esthétique que dans ses ressorts ludiques. Simple, mais pas simpliste, il saura contenter tous les publics. Des parties courtes, sans prise de tête, et des tours fluides, rendent le jeu particulièrement agréable. Et il jouit en plus d’une expérience prolongée grâce à une extension du même acabit.

Alors, pensez-vous être digne de suivre les enseignements de Maître Hokusai ?

  • Kanagawa est un jeu de Bruno Cathala et Charles Chevallier
  • Illustré par Jade Mosch
  • Édité par Iello
  • Pour 2 à 4 joueurs à partir de 10 ans
  • Pour des parties d’environ 45 minutes
  • Au prix de 22,50 € chez Philibert

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