Rick Rubin, éminent personnage et très respecté dans le monde de la musique se voit confier les rênes de Columbia Records. Sa mission ? Sauver l’industrie du disque.

Rick Rubin est un véritable gourou pour l’industrie du disque. Premier DJ des Beastie Boys, il fut à la base de la fusion entre rap et métal, donna un coup de fouet à la carrière de Johnny Cash, fonda le célèbre label Def Jam Recordings et fut le producteur de véritables légendes comme les Red Hot Chili Peppers, Slayer, ou les Dixie Chicks. MTV le désigne comme « le producteur le plus important de ces 20 dernières années » et le Time l’inclut dans ses 100 personnalités les plus influentes au monde.

Aujourd’hui, Rubin accepte le poste que lui offre Sony à la tête de sa joint-venture Columbia Records mais ce n’est pas sans condition. Le visionnaire de 44 ans, qui ne s’est jamais assis dans aucun bureau, ne veut pas que lui soit consacré un poste au sein de la compagnie. Pas de téléphone non plus. Ce n’est pas un problème pour Sony qui n’attend pas de lui de le voir pointer à heures fixes, la major veut juste qu’il sauve Columbia Records, et peut être même toute l’industrie du disque.

Rick Rubin pense que le modèle économique actuel de la musique a fait son temps. Dans un interview accordé au New York Times, il expose sa vision pour le futur de l’industrie.

Sa première idée est de créer plus de buzz autour des groupes grâce au bouche à oreille qui, selon lui, est la manière dont les jeunes achètent leur musique aujourd’hui. L’idée est aussi juste que le peu de scrupules dont fait preuve Rubin car la stratégie sur laquelle il est encore en train de plancher consisterait, dans cette perspective, à donner une commission aux étudiants pour répandre le buzz autour d’un groupe. C’est autre chose que le flying à la sortie des facs.

Sa seconde idée est de diriger le modèle économique vers un système de souscription qui pousserait la musique vers une forme d’ubiquité. « Vous payeriez, admettons, 19,95 $ par mois et la musique vous parviendrez de n’importe où » explique Rubin, qui considère déjà l’iPod comme obsolète. « Dans ce nouveau monde, il y aura un catalogue accessible de votre voiture, de votre téléphone, de votre ordinateur de votre télévision. Partout. »

Il faut bien concéder à Rubin le fait que si les services de souscription ont jusque là connu peu de succès, le fait de les rendre accessibles à un prix raisonnable, et transposables sur plusieurs systèmes – même si il reste encore le problème des DRM – les rendraient beaucoup plus intéressants. « L’ancien modèle fonctionnerait bien si nous pouvions nous débarrasser du piratage » avoue Rubin, mais le producteur ne se fait aucune illusion quant à cette perspective. « Le modèle de souscription est le seul moyen de sauver l’industrie du disque. Si la musique est facilement accessible pour cinq ou six dollars par mois, personne ne la volera. »

Une chose est certaine, les FAI ont déjà flairé le coup, en proposant notamment des offres avec téléchargement de musique inclus dans l’abonnement, mais on est encore loin de la vision de Rubin. Et les labels, devancés pour l’occasion, pataugent encore dans des services de téléchargement gratuit avec support publicitaire qui ne semblent pas marcher.

Le producteur arrivera-t-il à temps et surtout, arrivera-t-il à faire plier l’industrie au modèle qu’il tentera de lui proposer ? Le fait de voir une personne aussi influente arriver à la tête de Columbia Records avec une vision perspicace du marché a en tout cas de quoi faire espérer quelques petits bouleversements dans la maison de disque, pour le meilleur ou pour le pire.

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