Avec Warhammer: Chaosbane, BigBen assume sa copie de Diablo III, le maître incontesté du hack’n’slash.

Licence bien connue des jeux de plateau et imaginée par Games Workshop, Warhammer présente un univers tellement riche qu’il paraît difficile de ne pas l’adapter. Ces dernières années, on a vu plusieurs studios tenter leur chance afin de pondre des jeux vidéo à la hauteur des attentes. Parfois, voire souvent, mais en vain. En 2019, Bigben Interactive charge Eko Software de se frotter à Diablo III au genre hack’n’slash avec Warhammer: Chaosbane.

Warhammer: Chaosbane // Source : Bigben

Warhammer: Chaosbane

Source : Bigben

À dire vrai, l’action-RPG est sans doute ce qui sied le mieux à Warhammer, qui s’inscrit dans l’heroic fantasy et possède le folklore nécessaire pour donner vie à de riches et épiques épopées. Ne nous y trompons pas, les développeurs ont pris peu de risques avec Warhammer: Chaosbane, qui se plaît à être une copie bien exécutée de Diablo III. Bien sûr, l’élève ne dépassera pas le maître.

Une histoire de malédiction

Passé le choix du personnage à incarner (nous y reviendrons), Warhammer: Chaosbane débute par une cinématique qui nous apprend que l’Empereur Magnus est touché par une mystérieuse malédiction. Voilà le point de départ d’une traque pour dénicher une sorcière qui s’est alliée avec les forces des ténèbres pour prendre le contrôle de l’Empire à une époque où il apparaît affaibli. S’en suit une quête découpée en quatre actes pendant lesquels le joueur est chargé de battre les méchants non sans aider quelques personnages clés au passage.

Un moteur graphique

Très manichéen, le scénario de Warhammer: Chaosbane n’a vraiment rien d’étonnant, aussi bien dans la forme, basique, que le fond, anecdotique. Tout juste se contente-t-il d’empiler quelques noms que les fans de Warhammer reconnaîtront pour louer la relative fidélité du jeu vidéo (des lieux, des races, des démons). La présence de Mike Lee à l’écriture — auteur ayant proposé plusieurs livres pour Black Library, division littéraire de Games Workshop — achèvera de convaincre les derniers réticents.

Techniquement parlant, Eko Software traîne un moteur graphique vieillissant qui est trahi par la qualité discutable des modèles 3D (ils ont tendance à pixeliser un peu). Il se rattrape par la manière avec laquelle sont reproduits les environnements, peu variés et inspirés mais suffisamment jolis pour convaincre (surtout pour les intérieurs). Les effets de lumière se chargent d’en mettre plein la vue, sans nuire à la lisibilité quand une armée de monstres agressifs fonce sur le joueur. Il est d’ailleurs appréciable de voir Warhammer: Chaosbane tenir le choc du point de vue du framerate — surtout quand il y a beaucoup d’éléments affichés à l’écran (les ennemis ont tendance à venir en masse et à se mélanger aux pouvoirs magiques).

Puissance 4

Warhammer: Chaosbane confronte d’emblée à une décision : sélectionner un personnage. Il y a quatre proposition au programme : un tueur nain, un soldat humain, un sorcier haut-elfe et une éclaireuse elfe sylvain (oui, une seule femme…). Vous n’aurez pas la liberté de choisir le sexe ni l’apparence de la classe choisie. Contrairement à la majorité des RPG d’aujourd’hui, vous êtes dès lors enfermé dans un archétype bien établi, correspondant aux poncifs du genre. C’est un peu cliché mais on ne pourra pas reprocher au studio de bafouer les codes d’un univers bien trop installé. Dans tous les cas, les classes sont à leur place et complémentaires, tandis que leur gameplay est parfaitement adapté.

En revanche, et c’est une excellente nouvelle, Eko Software n’a pas manqué d’idées quant à la personnalisation de son héros, régie par un large choix de compétences à débloquer selon divers moyens. Rangés en niveau, les pouvoirs — qu’ils soient actifs ou passifs — sont suffisamment nombreux et différenciés pour amener le joueur à faire des sacrifices au fil de sa progression. De cette structure peuvent naître différentes façons de construire son personnage, avec emphase sur la défense ou l’attaque. En prime, l’interface est claire et agréable (même à la manette).

L’interface est claire et agréable

Warhammer: Chaosbane ne lésine pas non plus sur le butin, lui-aussi personnalisable grâce à des fragments à sertir. Sur ce point, il recycle un principe vieux comme les hack’n’slash. Où l’intrigue ne devient qu’un prétexte pour affronter une horde d’ennemis pour être toujours plus fort et mieux équipé. En bref, on avance, on tape, on est récompensé. Et plus vous choisirez une difficulté élevée, plus le fruit de votre labeur sera gratifiant. Il est possible de modifier le challenge n’importe quand, entre deux quêtes.

Pour se différencier de ses congénères, le hack’n’slash mise sur un mode rage, qui peut être activé après avoir ramassé suffisamment d’orbe de sang (lire : tuer beaucoup d’adversaires), un arbre des Dieux pour obtenir des bénédictions (majoritairement des augmentations de statistiques) ou encore des pouvoirs dont la direction peut être contrôlée avec le stick droit (si on joue avec une manette). On note par ailleurs l’absence de marchands, remplacés par des collectionneurs à qui on peut donner les équipements dont on n’a plus besoin. Si on récupère quand même de l’or, l’argent sert à payer ses résurrections et à faire des offrandes aux Dieux afin d’obtenir leurs faveurs.

Warhammer: Chaosbane // Source : Bigben

Warhammer: Chaosbane

Source : Bigben

Jeu à 4 et endgame

Le titre édité par Bigben prend évidemment tout son sens en multijoueur, avec l’opportunité de jouer jusqu’à quatre sur un même écran (nous n’avons pas pu vérifier si ça n’était pas trop chaotique dans cette configuration). Warhammer: Chaosbane a été pensé pour et adapte le défi en fonction du nombre de participants, ce qui les force à combiner aux mieux leurs aptitudes pour triompher. On pense par exemple aux boss, qui réclament de comprendre leurs attaques pour riposter et les terrasser (il ne suffit pas de foncer tête baissée comme le reste du jeu).

Le contenu paraît un peu léger

La campagne principale de Warhammer: Chaosbane ne devrait pas vous occuper plus d’une petite dizaine d’heures. Une fois la sorcière évacuée, vous pouvez profiter du contenu endgame. Il s’articule d’abord autour de la possibilité d’occire à nouveau les boss à des difficultés de plus en plus élevées. Ensuite, on peut partir pour des expéditions reprenant les environnements déjà traversés (tant pis pour la redite) et nourris par des défis aléatoires qui apparaissent çà et là. Dans les deux cas, le but est de faire la course au loot, le nerf de la guerre.

De toute évidence, le contenu paraît un peu léger pour tenir sur la longueur. Et il faudra voir les extensions que compte intégrer Eko Software avec le Season Pass. Car il faudra de la matière pour attirer l’attention des joueurs de Diablo III, le maitre-étalon que Blizzard Entertainment n’entend pas lâcher de sitôt. Ses plus fervents admirateurs non plus, d’ailleurs.

Le verdict

Warhammer: Chaosbane // Source : Bigben Interactive
6/10

Warhammer : Chaosbane

Les inconditionnels de Diablo ne lâcheront certainement pas leur jeu favori pour profiter des quelques heures offertes par la campagne de Warhammer: Chaosbane. Au global, le hack'n'slash de Bigben Interactive ne manque pas de qualités, juste de ce supplément d'âme qui lui permettrait de regarder le maître dans les yeux. 

Au fond, le vrai problème de Warhammer: Chaosbane tient dans le genre balisé au sein duquel il rêve de se faire une place. Sa place, il l'obtient en récitant une leçon apprise par cœur, laissant les fulgurances aux plus ambitieux. Fade, pas toujours inspiré mais porteur de bonnes idées, Warhammer: Chaosbane est un ersatz de Diablo III. Ce qui en fait déjà une expérience suffisamment agréable pour les plus indulgents. 

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