On a eu la chance de poser les mains sur Google Stadia pour jouer au prochain Doom.

Début juin 2019, Google avait pris tout le monde de court avec une mini conférence officialisant le lancement de sa plateforme Stadia. C’était juste avant l’E3 2019. Dans les travées du Convention Center, il n’y a aucune trace de la firme de Mountain View, qui a quand même autorisé une poignée d’élus à tester sa technologie de cloud gaming en marge du salon californien. Nous avons pu prendre la manette officielle en mains pour une vingtaine de minutes sur Doom Eternal, le FPS nerveux attendu pour le 22 novembre.

C’est avec une appréhension certaine et beaucoup de questions en tête que nous nous sommes avancés vers la télévision reliée à un Chromebook qui exécutait Stadia (non, ce n’était pas un Chromecast Ultra, fourni dans le pack Fondateur). L’idée était de savoir si Google rivalisait avec Microsoft sur la technologie de demain, xCloud nous ayant particulièrement impressionnés sur le stand Xbox.

Google Stadia  // Source : Google

Un 1080p à peine acceptable

Doom Eternal

Vous aimez tuer des monstres à toute berzingue ? Alors vous allez aimer Doom Eternal, qui repousse les limites du FPS sauvage avec maîtrise et inventivité. Frénétique, l’expérience repose sur la capacité du joueur à enchaîner les kills avec élégance, grâce à un arsenal varié et des possibilités nombreuses (en plus de la tronçonneuse qui rend des balles, il y a un lance-flamme qui permet de récupérer des points d’armure). Parfait pour se défouler.

Google n’a pas choisi Doom Eternal au hasard : le jeu de tir développé par id Software nécessite un socle technique certain pour garantir un gameplay brutal et jouissif. Pour le cloud gaming, le premier enjeu s’articule autour d’un input lag jamais prise en défaut. Sur ce point, Google Stadia ne déçoit pas. On n’a décelé aucun retard à l’affichage au moment d’appuyer sur une touche de la manette, au demeurant très agréable. Google a choisi l’efficacité avec son pad, dont la forme s’avère étonnamment ergonomique. À cela s’ajoute un choix des matériaux bien senti : le plastique possède un toucher doux et le léger grip à l’arrière est très agréable. On n’aime toujours pas les sticks symétriques, symboles d’un placement moins naturel des pouces. Google voulait se rapprocher de Sony de ce côté-là et en a oublié de penser ergonomie.

C’est davantage sur la partie visuelle qu’il y a de quoi émettre quelques réserves. Là où xCloud bluffe avec une qualité d’image sur smartphone comparable à ce que l’on trouve sur sa télé, Google Stadia déçoit sur le rendu proposé en l’état. Il paraît que c’était du 1080p à 60 fps. Sauf qu’on n’a jamais eu l’impression d’avoir cette résolution devant les yeux, la faute à des textures grossières, un effet d’escalier omniprésent et des détails un peu noyés dans un tableau guère accueillant.

Bon point, en revanche, pour la compression, qui n’accuse aucun phénomène de pixelisation. Concernant le framerate, le constat n’est pas beaucoup mieux. Non seulement les 60 fps paraissent utopiques mais, en prime, on a subi des ralentissements de temps à autre — par chance sans conséquence.

Ces défauts apparents ne participent qu’au confort des yeux. En somme, Doom Eternal est vilain mais reste jouable sur Google Stadia, dans des conditions simplement inférieures à ce que nous connaissons aujourd’hui (on retrouve cela avec les portages sur Switch, par exemple). Hélas, nous n’avions aucune information sur la bande passante. Peut-être était-elle trop faible quand nous avons mis le service à l’épreuve ? Mais toujours est-il que l’on s’attendait à un rendu plus flamboyant à quelques mois du lancement — surtout au regard des promesses faites par Google (4K à 60 fps avec du 35 Mbps). On n’ira pas jusqu’à condamner Stadia avant l’heure, les choses pouvant évoluer de manière positive sur un laps de temps réduit — et par la suite, une fois le service opérationnel. Toutefois, il faudra peut-être faire preuve d’un peu d’indulgence au départ — les Fondateurs devront peut-être essuyer quelques plâtres.

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