Uber et la France, c’est compliqué. Après la crise des taxis qui mettait volontiers l’Américain du bon côté de l’histoire, pourfendeur des monopoles et sauveur de l’emploi dans les banlieues, l’image d’Uber s’est ternie : augmentation des prix, question des impôts, scandales à répétition et surtout, VRP de la précarité érigée en système.
Uber Eats, service de livraison de plats est devenu, avec Deliveroo, le centre de toutes ces critiques : de la promesse initiale, qui était d’utiliser « le temps où les chauffeurs n’ont pas de course pour faire autre chose », il ne reste pas grand chose. Aujourd’hui, le service est plutôt critiqué pour la course à la performance qu’il institue, le sort des livreurs, ou les dangers pour les cyclistes inexpérimentés et poussés à faire toujours plus pour servir l’algorithme. Ces derniers mois, plusieurs sont morts, en France y compris.
Qu’importe : Uber Eats entend continuer son expansion en France. En témoigne sa victoire pour obtenir l’un des deals commerciaux les plus malins pour son service : le nom de la Ligue 1, première ligue de football française. Après un contrat de 3 ans avec Conforama, la Ligue 1 se nommera désormais la Ligue 1 Uber Eats. Nos confrères de L’Équipe ont eu vent des enchères sur cette position publicitaire premium : 15 millions d’euros par exercice, pour deux ans, ce qui est à peu près le double de ce que payait Conforama par an. Elle donne droit à une apparition du nom dans toutes les communications officielles et des spots publicitaires présentant les matchs.
Pour Uber, c’est une aubaine rare : quelle meilleure cible que des personnes souhaitant dîner devant un match de football, sans avoir à préparer de repas ? Plus que Conforama, qui jouait sur l’image, l’entreprise américaine pourrait obtenir une véritable conversion en achats avec ce partenariat. Dans son communiqué la Ligue de Football Professionnel qui a passé l’accord se réjouit elle aussi d’accueillir un « acteur international » : « La Ligue de Football Professionnel est très heureuse et très fière d’annoncer ce partenariat novateur aux côtés d’une marque internationale et dynamique comme Uber Eats. » De son côté, Uber promet des « expériences inédites » autour des matchs. C’est la première fois qu’une entreprise de la tech gagne les enchères pour poser son logo sur la compétition française.
Les livreurs, eux, ne sont toujours pas des salariés, ni des professionnels de la livraison formés.
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