La direction artistique de Sony BMG annonçait il y a quelques mois son intention de refuser l’envoi de démos CD pour mettre en place deux blogs communautaires où les prétendants à une signature pourraient publier leurs morceaux. Aujourd’hui, c’est EMI qui dévoile son initiative Web 2.0. La major annonce ScoutR, un réseau social dans lequel les artistes seraient soumis à la vindicte populaire afin de repérer ceux qui mériteraient d’être développés. « Notre but est de rapprocher les artistes et la musique des consommateurs et de créer un dialogue direct avec les fans » explique Mark Collen, vice président de la major.
Ce n’est pas la première fois que l’on fait appel aux réseaux sociaux pour dénicher les artistes à signer, et les concours MySpace pour faire la première partie d’un concert ou décrocher un contrat d’enregistrement ne cessent de fleurir partout. On peut voir le phénomène sous deux aspects. D’un côté, il rétablit un équilibre des forces entre les artistes. Il n’est plus vraiment nécessaire de travailler suffisamment le terrain ou de connaître personnellement le directeur artistique d’une maison de disque pour espérer décrocher une signature. Tout le monde a sa chance.
Le revers de la médaille, c’est qu’il renforce cette espèce d’inutilité que l’on projette de plus en plus sur les maisons de disque. Le travail d’un bon directeur artistique, c’est bien de dénicher la petite perle inconnue et bourrée de talent pour la porter aux yeux du public. Mais celui-ci se perd maintenant au profit du Web 2.0 et baisse encore le risque pris par la maison de disque. Le parti pris disparait, on préfère faire confiance au buzz plutôt que d’avoir le courage de croire en un projet incertain. Que devient cet espoir de découverte que l’on plaçait dans les labels ? Rien du tout. Les artistes n’ont plus besoin de maisons de disque pour sortir de l’ombre. D’ailleurs, ont-ils encore réellement besoin de maisons de disque ? Si la tendance se confirme, les dénicheurs de talent, ceux qui ont parfois misé sur des projets auxquels personne ne croyait et qui ont été à la base de véritables révolutions musicales disparaitront au profit du plébiscite populaire. Pour le meilleur, ou pour le pire ?
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