Après l’avoir testé pendant une trentaine de minutes en juin dernier, nous avons enfin pu jouer à une version complète de Sea of Solitude. Premier jeu personnel du studio allemand Jo-Mei Games, qui n’avait jusqu’ici travaillé que sur des commandes d’éditeurs, le projet nous avait déjà paru très prometteur après une courte session. Une fois l’histoire de Kay achevée et la manette posée, notre impression reste la même : Sea of Solitude est une réussite et offre une expérience mémorable.
Un univers beau et inquiétant à la fois
Si on ne devait retenir qu’une chose de Sea of Solitude, ce serait sans doute son univers. Qu’il soit sombre et inquiétant ou lumineux et attrayant, en fonction des phases de jeu, il est toujours magnifique. Une beauté qui passe bien sûr par la qualité des graphismes et la direction artistique inspirée des œuvres de Miyazaki, mais aussi par le design de la ville.
Sea of Solitude prend place dans un Berlin immergé qui évolue au gré de l’histoire, en fonction de la montée ou de la descente des flots. Que ce soit en bateau ou à pied, on prend toujours beaucoup de plaisir à explorer les rues abandonnées, parfois recouvertes par le sable ou la neige, et fourmillant de petits détails. Par la qualité du travail effectué par Jo-Mei Games, la ville devient un personnage à part entière : elle raconte à sa façon l’histoire de Kay et la solitude qu’elle ressent grâce à ses bâtiments où la vie est absente.
Impossible de ne pas mentionner la bande-son du jeu qui ne manque jamais de renforcer le sentiment de mélancolie que l’on éprouve en traversant Berlin. Si elle se fait parfois discrète, elle n’en est pas moins mémorable.
La solitude et l’abandon
Habitué au développement de free-to-play sans véritable histoire, Jo-Mei Games se lance sur un nouveau terrain avec Sea of Solitude. C’est un premier essai réussi pour le studio berlinois, puisque l’aventure de Kay s’avère prenante du début à la fin. Si elle prend place dans un univers fantastique, elle narre un drame humain qui permet à n’importe qui de s’identifier à Kay. Ici, ce n’est pas une histoire de monstres ou de magie qui est racontée, mais celle d’une personne qui se sent à la fois abandonnée et frustrée de ne pas pouvoir aider ceux qu’elle aime.
L’histoire avance surtout via des séquences de dialogues et des voix off, mais aussi grâce à d’autres subtilités. On pense notamment à ces bouteilles contenant les messages d’un mystérieux correspondant cherchant à communiquer avec Kay. Parfois, on en vient à regretter que le scénario ne passe pas principalement par ces messages ou par les détails de la ville, tant les doublages peuvent être peu convaincants. À quelques exceptions près, les doubleurs ont en effet du mal à donner l’émotion souhaitée aux personnages… quitte à en faire trop, parfois.
Ce manque de qualité dans les doublages est d’autant plus frustrant que les personnages sont bien écrits. On ressent une vraie compassion pour eux, et notamment pour les monstres qui se révèlent souvent plus tristes qu’effrayants. Ce sont d’ailleurs leurs relations avec Kay qui forment le moteur de l’aventure et leurs rencontres et qui offrent à Sea of Solitude ses plus beaux moments d’émotion.
Sea of Solitude n’a pas vocation a révolutionner le gameplay du jeu de plateforme/aventure et on le comprend très vite. Kay peut sauter, lancer une « fusée de lumière » qui lui indique où se rendre et aspirer une fumée sombre qui lui bloque parfois le passage. À défaut d’être original, ce système a le mérite d’être très facile à prendre en main et rend le personnage agréable à contrôler.
Malheureusement, on ne peut pas dire que toutes les phases de gameplay soient passionnantes. On apprécie les séquences de plateformes, mais plus parce qu’elles permettent d’explorer le magnifique environnement que parce qu’elles sont amusantes. Pour ce qui est des énigmes, elles suivent toutes le même schéma : attirer un ennemi dans un coin précis, l’éliminer ou l’esquiver pour avancer dans le niveau et ainsi de suite. Heureusement, ces séquences ne deviennent pas rébarbatives, car le jeu est court : entre quatre et cinq heures pour en venir à bout.
Cette expérience se déroulera sans problème, car Sea of Solitude ne contient aucune phase difficile à passer. Les amateurs pourront chercher à finir l’aventure le plus vite possible pour trouver un véritable challenge, mais ils y perdraient la joie de l’exploration qui fait tout le sel du jeu.
Le verdict
Sea of Solitude
On a aimé
- Un univers magnifique
- Une histoire prenante
- La relation entre Kay et les monstres
On a moins aimé
- Des doublages peu convaincants
- Les énigmes se ressemblent toutes
- Le manque de challenge
Avec Sea of Solitude, Jo-Mei Games a réussi à proposer une aventure véritablement marquante. Tout au long du jeu, et après avoir déposé la manette, on ressent la même mélancolie que Kay et une vraie tendresse pour ce personnage perdu dans un monde qu'il ne comprend pas.
Bien sûr, on peut reprocher au jeu ses doublages inégaux et son gameplay peu varié, mais son histoire vaut le coup de passer outre. Pour ses scènes pleines d'émotion, sa musique ou encore son univers, Sea of Solitude mérite toute votre attention.
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