En 2015, Supermassive Games proposait Until Dawn aux propriétaires de la PlayStation 4. Avec Hayden Panettiere — vue dans Heroes — en tête d’affiche, l’exclusivité recyclait les poncifs des films d’horreur dans une expérience narrative où les choix conditionnaient le sort des héros de l’histoire. Quelques spin-off en réalité virtuelle plus tard (dont l’excellent rail-shooter Rush of Blood) et voilà le studio accolé à Bandai Namco pour The Dark Pictures. Derrière ce nom intrigant se cache une anthologie de récits qui reprendront les principaux ingrédients d’Until Dawn. Le premier segment, baptisé Man of Medan, sera disponible le 30 août sur PS4, Xbox One et PC.
Supermassive Games et Bandai Namco avaient gardé secret un mode de jeu particulièrement prometteur : la possibilité de jouer en coopératif en ligne avec un ou une inconnue. Nous avons pu le tester pendant le premier tiers de Man of Medan, l’occasion de découvrir quelques idées de gameplay intéressantes dans un genre pourtant si fermé et a priori peu propice aux bouleversements. De Man of Medan naît cette notion de partage de la peur sans jugement — puisque l’on ne connaîtra pas forcément notre acolyte. Une évolution déjà très appréciable, doublée d’une invitation aux sueurs froides.
Comment Supermassive Games révolutionne les jeux narratifs
De prime abord, Man of Medan se présente comme un jeu narratif classique. On suit plusieurs personnages confrontés à des situations complexes et, emphase sur l’horreur oblige, on les aide à ne pas passer de vie à trépas en prenant les bonnes décisions. On retrouve dès lors les éléments communs, que ce soit les dialogues dont on oriente le ton ou les phases d’explorations pour mieux comprendre ce qui se passe. En solo, Man of Medan ne se distinguera pas des autres. On lui trouvera même des défauts de finition, dans le sillage de la prise en main très rigide (soyez patients avec les déplacements) et les quelques errements techniques (les visages manquent d’un soupçon d’expression, la mise en scène typée cinéma est un peu abrupte).
Man of Medan promet une rejouabilité réelle
C’est donc avec un mode coopératif en ligne assez inédit que Man of Medan compte faire la différence. Non content d’offrir des portions supplémentaires, il change complètement la manière de vivre l’histoire étant donné que l’on subira les choix effectués par l’autre. Concrètement, en fonction des scènes, chacun incarne un personnage différent. Parfois, on partage le même lieu, parfois on est séparés — seule l’unité de temps est toujours commune. Quand une décision importante est prise, le jeu le signale. Quand l’un des participants met le jeu en pause, tout le monde est concerné. De temps à autre, il faudra réussir des QTE (quick time event) ensemble. Vous l’aurez compris, c’est du gameplay asynchrone mais dont les répercussions peuvent être dramatiques pour tous (exemple : la mort d’un héros). Avec de tels arguments, Man of Medan promet une rejouabilité réelle (refaire plusieurs parties sans avoir le sentiment de vivre la même chose).
D’autant que le titre intègre aussi un mode local. Là, l’idée est de réunir jusqu’à cinq personnes sur un même canapé, chacun ayant un personnage attribué (spoiler : il y a cinq héros). Il suffit ensuite de se partager la manette pour passer une soirée d’Halloween à faire autre chose que de regarder la tétralogie Scream pour la centième fois. Notons que cette opportunité existait déjà dans Until Dawn, elle est simplement mieux intégrée et suggérée dans Man of Medan.
L’horreur comme thème
On n’évoquera pas l’histoire de Man of Medan, étant donné qu’elle se vit de manière très personnelle (au gré des choix). On peut néanmoins affirmer que la compilation The Dark Pictures réunira des intrigues indépendantes qui ne partagent que deux points communs (l’univers et un personnage récurrent baptisé le Conservateur). On retrouve cette formule dans la série American Horror Story ou encore Les Contes de la crypte. Avec ce qui s’apparente à un recueil de nouvelles, Supermassive Games souhaite arpenter différents sous-genre de l’horreur.
On a déjà pu observer quelques références bien senties aux monuments du genre, sachant que Man of Medan n’hésite pas à emprunter au thriller pour aller plus loin que l’empilement de séquences jump-scare (qui font sursauter, ndlr). Au regard de cette ambition, Supermassive Games, devenu spécialiste, et Bandai Namco auront tout le loisir d’inscrire The Dark Pictures dans des thématiques déjà ancrées dans les mémoires. En tout cas, la facette coopérative constitue un sacré argument pour convaincre jusqu’aux plus peureux de s’y mettre. Après tout, la somme de toutes les peurs peut parfois accoucher d’un miracle.
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