La sélection hebdomadaire des dérives provoquées par la propriété intellectuelle est sortie, préparée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux, spécialistes de la question du copyright.

Copyright Madness

Grand Prince. Les vidéastes sur YouTube se plaignent de plus en plus du système de gestion des droits d’auteur sur la plateforme, qui bloque leurs vidéos souvent d’une manière opaque. Youtube a annoncé des changements dans le dispositif pour rééquilibrer les choses. Dorénavant, les ayants droit qui signalent une violation du droit d’auteur auront l’obligation d’indiquer avec un timecode l’endroit précis qui pose problème dans la vidéo. Cela permettrait aux vidéastes de comprendre ce qui leur est reproché et éventuellement de pouvoir contester. Cela veut donc dire que jusqu’à présent les ayants droit n’avaient même pas à faire cette démarche de bon sens pour bloquer une vidéo. Pour faire une comparaison, c’est un peu comme si quelqu’un pouvait vous accuser de vol sans même vous indiquer ce qu’il vous reproche de lui avoir volé !

Cyprien et Squeezie. // Source : Capture d'écran YouTube / Bigorneaux et coquillages

Cyprien (à droite) et Squeezie (à gauche)

Source : Capture d'écran YouTube / Bigorneaux et coquillages

Poisson rouge. Quand le droit d’auteur est en jeu, les juges ont parfois des affaires très bizarres à examiner et c’est le cas pour un procès survenu au Japon cette semaine. La ville de Nara a mis en place une nouvelle attraction que les touristes sont venus photographier en masse. Il s’agit d’une ancienne cabine téléphonique devenue inutile, remplie d’eau avec des poissons rouges qui flottent à l’intérieur comme dans un aquarium. Nara est en effet réputée au Japon pour ses élevages de poissons rouges. Un artiste japonais a néanmoins attaqué la ville pour plagiat, car il avait déjà fait une installation de ce genre dans le passé. Le juge chargé de l’affaire n’a heureusement pas été frappé par le syndrome du poisson rouge et il s’est souvenu que le droit d’auteur protège les oeuvres, mais pas les simples idées. Mettre des poissons rouges dans une cabine téléphonique est une idée certes saugrenue, mais ce n’est pas une création pouvant être appropriée.

Suspens. Le chanteur Ed Sheeran doit actuellement vivre dans l’angoisse. Déjà frappé par plusieurs accusations de plagiat, il est poursuivi pour son tube Thinking out loud qui ressemblerait trop à un titre de Marvin Gaye. Les juges lui ont néanmoins accordé un répit, car ils disent vouloir attendre l’issue d’un autre procès important : celui-ci du groupe Led Zeppelin pour la célébrissime chanson Stairway to Heaven qui doit bientôt passer en appel. Depuis quelques années, les règles du plagiat musical sont en train de changer aux États-Unis. La justice se montre plus sévère, car elle admet que s’inspirer de « l’ambiance musicale » d’un morceau suffise pour constituer une violation du droit d’auteur. D’où l’importance de ces procès, qui pourraient bien à terme changer la manière dont la musique se crée…

Trademark Madness

Fureur. Le studio de jeux vidéo 3D Realm a un peu trop joué avec le feu. Il avait en effet décidé d’appeler son nouveau jeu Ion Maiden, en jouant sur la ressemblance avec le célèbre groupe de heavy metal Iron Maiden. Le groupe aurait pu prendre cela comme un clin d’oeil, car après tout, il y avait peu de chances que cela affecte ses ventes de disques… Mais 3D Realm poussait loin le bouchon puisque le personnage principal du jeu s’appelait Shelly Harrison, beaucoup trop proche du nom du bassiste d’Iron Maiden, Steve Harris ! Au final, alors que les menaces de procès devenaient pressantes, le studio a choisi de faire marche arrière et de renommer son jeu Ion Fury. C’est certainement moins fun, mais ça leur évitera de dépenser davantage en frais d’avocat qu’en développement…

61Ks++XWD5L._SX355_

Roucoulement. Les caprices de stars passent souvent par le droit des marques. La chanteuse Cardi B est réputée pour ses tics de langage dont elle use et abuse sur scène et dans ses morceaux. Parmi ces coquetteries, on trouve l’étrange « Okurrr », une sorte de roucoulement que la rappeuse utilise pour dire « OK ! ». Elle avait décidé de déposer une marque sur ce terme, histoire de pouvoir vendre des goodies frappés de ces lettres. Mais patatras ! L’Office des marques US a refusé l’enregistrement, car il se trouve que « Okurrr» est devenu… trop populaire ! L’Office explique que trop de monde imite à présent la chanteuse en roucoulant et que le terme a perdu en conséquence son pouvoir à identifier des produits. On va dire que c’est la rançon de la gloire…

Patent Madness

Ex Machina. L’Intelligence Artificielle commence à trouver des applications partout, y compris dans le domaine des brevets. Attention, on ne veut pas dire simplement par là que des technologies IA sont brevetées, mais que les intelligences artificielles sont de plus en plus utilisées pour écrire des brevets. Aux États-Unis, déposer un brevet est devenu assez coûteux et compliqué. Il faut en effet faire des recherches poussées et décrire l’invention à protéger d’une manière détaillée. Cela nécessite aussi de lire des centaines d’autres brevets pour voir si l’invention n’existe pas déjà. Vu le volume énorme de brevets déposés, cela représente un travail que les humains ont de plus en plus de mal à faire. Mais pas de problème : les Intelligences Artificielles commencent à prendre le relais et certaines sont même capables ensuite d’aider les juristes pendant les procès. On arrête pas le progrès, mais tout ça nous promet surtout encore plus de brevets…

Le Copyright Madness vous est offert par :

Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à celles et ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !