Rutger Hauer, qui donnait la réplique à Harrison Ford dans Blade Runner, est décédé le 19 juillet 2019 à l’âge de 75 ans, chez lui, aux Pays-Bas. De nombreux acteurs et réalisateurs lui ont rendu hommage, comme Guillermo Del Torro qui, sur Twitter, a salué un « acteur intense, profond, rare et magnétique qui a apporté de la vérité, de la puissance et de la beauté à ses films ».
Il a été découvert par le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven, en interprétant le rôle-titre de sa série Floris. Son tout premier blockbuster le met face à Sylvester Stallone dans Les Faucons de la Nuit, puis on le retrouvera dans des rôles de premier plan : Blade Runner, La Chair et le Sang, Batman Begins, Sin City, Valérian. Il fera même des apparitions dans des séries TV, de Smallville à True Blood.
Des larmes dans la pluie
Son moment cinématographique le plus mémorable est le « monologue des larmes dans la pluie », alors qu’il interprète le personnage de Roy Batty. Ce dernier est l’antagoniste principal de Blade Runner, l’adaptation du roman de Philip K. Dick par Ridley Scott en 1982.
Il est alors un réplicant — un robot conscient — pourchassé par Rick Deckard (Harrison Ford). Et pourtant, il sauve la vie de celui qui le chasse. Puis, après un long silence, sous la pluie et avant de mourir, il se lance dans un dernier monologue à l’attention de Deckard :
« J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire… De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion… J’ai vu des rayons fabuleux… Des rayons C briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser… Tous ces moments se perdront dans l’oubli… comme… les larmes dans la pluie… Il est temps de mourir. »
La scène est culte. Son intensité vient aussi du fait que Rugter Hauer a participé à son écriture. Plus exactement, il a modifié le passage originel pour l’improviser en partie, sans prévenir Ridley Scott avant. Il estimait que la version originale du monologue était trop longue et trop « opératique » pour un robot.
« J’ai gardé deux lignes, parce que je pensais qu’elles étaient poétiques, confiait Rugter Hauer à Radio Times en 2017. Il me semblait qu’elles appartenaient à ce personnage, parce que quelque part dans son cerveau numérique, il a de la poésie, et il sait ce que c’est. Il le sent ! Et pendant que ses batteries se vident, il arrive à sortir ces deux lignes. »
Ce sont bel et bien ces « deux lignes » qui ont lancé sa grande carrière et c’est resté l’un des principaux sujets de conversion lors des interviews. Pourtant, il ne s’en est jamais lassé : « La récompense a duré longtemps, disait-il à Radio Times. Si les gens se demandent ‘Est-ce que tu en as marre?’ La réponse est non, bien sûr que non ! C’est génial. »
Son personnage l’aura finalement suivi jusqu’à sa propre disparition : Rugter Hauer est décédé la même année que son personnage, puisque l’action de Blade Runner se déroule… en 2019.
Engagé pour l’environnement
En parallèle de sa carrière cinématographique, Rutger Hauer était un militant écologiste, fervent soutien de Sea Shepherd. Il est apparu dans plusieurs événements et dans de nombreuses campagnes de l’organisation. Il fait par exemple une apparition dans un clip musical de soutien.
Il s’était engagé en faveur de la libération de Paul Watson, lorsque le fondateur de Sea Shepherd était détenu par les autorités allemandes à la demande du gouvernement du Costa Rica. Rutger Hauer s’était exprimé à la ministre de la justice dans une vidéo. « Son soutien, ces 22 dernières années, nous a donné de la force et de l’inspiration », se rappelle Paul Watson dans un communiqué. « Dans Blade Runner, il a fait de son réplicant quelqu’un de plus humain que les humains le poursuivant ».
Il soutenait également Greenpeace. Pour quelqu’un dont le rôle le plus célèbre était un robot, il était un amoureux de la nature. Il raconte au magazine Cool-NY que le « le monde est un endroit grand et beau. J’aime la beauté de la nature », avant d’ajouter que « toute personne avec un sens commun peut vous dire qu’il fait toujours plus chaud chaque année et qu’on ne s’occupe pas assez du climat. (…) Il y a tellement de choses qu’on doit faire mieux : éduquer nos enfants et nous respecter mutuellement ».
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