Balancée entre le ministère de la culture et celui des affaire étrangères, la francophonie constitue toujours l’un des enjeux phares du gouvernement en matière de politique culturelle. La défense de la langue de Molière passe bien souvent par le soutien à la création ou la valorisation du partimoine culturel français. Pour ce qui concerne le Net, elle avait souvent constitué une sorte d’appui visant à renforcer la présence du français face à l’hégémonie anglophone. C’était le moins que l’on puisse faire, mais appuyer la francophonie internaute relève plus de la défense crispée et auto-satisfaite du gouvernement plutôt que d’une réelle valorisation par la toile.
Seulement, les temps changent, il n’agit plus de construire la francophonie pour Internet, mais de la construire avec Internet. Les ennemis d’autrefois deviennent les alliés d’aujourd’hui. La preuve en est avec ce rapprochement de Google par Christine Albanel, ministre de la culture. Comme le remarque Estelle Dumont sur ZDNet.fr, elle est loin, l’époque où le moteur de recherche effrayait les politiques en annonçant son projet exubérant de numérisation de livres en ligne. On a aussi mis de côté ses déboires avec l’Union Européenne concernant la collecte de données, pour aujourd’hui venir taper à sa porte et demander quelques conseils sur la façon « d’augmenter la visibilité du patrimoine culturel français sur l’Internet ».
Et il est vrai que Google n’a plus à faire ses preuves concernant les questions de visibilité, mais qu’attend Albanel du moteur de recherche ? Qu’il lui apprenne comment il compte numériser ses 15 millions d’ouvrage pendant que la BNF peine à arriver à 300.000 ? Qu’il lui montre comment envahir les téléphones mobiles, organiser la vie des citoyens, concurrencer Dieu ou peut être conquérir la Lune ? Rien de tout ça. Le géant de la toile s’est juste contenté de « présenter à la ministre les outils sur la plate-forme de partage de vidéos YouTube pour détecter les contenus illicites et permettre aux ayants droit de protéger leurs œuvres. »
Etrange façon de répondre à un besoin de visibilité, que de montrer un outil qui permet justement de la restreindre. Mais bon, cette démarche n’avait sûrement d’autre but de rassurer la ministre de la culture quant au partage de vidéo. Et il est vrai que Google possède aussi en la matière une réputation sulfureuse, surtout quand il s’agit de combattre (sans trop de conviction) le piratage.
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