Dans un contexte tendu où les jeux vidéo sont une nouvelle fois pris pour cibles au moment d’expliquer les tueries qui meurtrissent les États-Unis, les éditeurs se refusent toujours à prendre partie. Dernier exemple en date ? Le reboot de Call of Duty: Modern Warfare, qui prône pourtant le réalisme à outrance.
Dans une interview vidéo accordée à GameInformer et publiée le 8 août 2019, Jacob Minkoff et Taylor Kurosaki, respectivement en charge de la campagne et de la narration, ont assuré bec et ongle que le FPS de guerre ne sera pas un jeu politique.
Le prochain Call of Duty sera apolitique
« La question ‘Est-ce un jeu politique ?’ ne veut en réalité rien dire. Car que veut dire le mot ‘politique’ pour vous ? Est-ce que nous traitons de sujets qui ressemblent à la géopolitique du monde dans lequel nous vivons ? Oui, car c’est le sujet de Modern Warfare. Est-ce que nous racontons une histoire qui se rapproche spécifiquement d’un gouvernement ou d’un pays dont nous parlons ? Non. Est-ce que Trump est dans le jeu ? Non, il n’y est pas », assure Jacob Minkoff.
De son côté, Taylor Kurosaki ajoute que tous ces concepts — colonialisme, occupation, indépendance, liberté — liés à la guerre peuvent être évoqués dans beaucoup de contextes différents. À ses yeux, Call of Duty: Modern Warfare pourrait tout à fait se dérouler dans l’Afghanistan des années 80 et conserver la même histoire. Il insiste en prétextant qu’un jeu politique doit nécessairement relater des faits réels et reprendre des forces politiques existantes pour être vu comme tel. Comprendre : n’est anti-Trump que ce qui a Trump dedans. Le studio derrière les Wolfenstein, ouvertement anti-nazi derrière un contexte fictif, appréciera…
Activision tient donc à ne pas prendre position, dans le sillage de Ubisoft (qui a rappelé sa position après une mauvaise blague liée à The Division 2) et Electronic Arts (qui a dû se justifier après avoir donné le nom d’un résistant à un personnage fictif nazi dans Battlefield V). Ces trois géants, parmi tant d’autres, refusent de se mouiller pour ne pas se priver d’une frange de la population et des revenus qu’elle est susceptible de rapporter. Ubisoft se souvient encore de l’épisode Far Cry 5, qui avait agacé l’extrême droite américaine à cause de fuites montrant des méchants supposément sectaires et racistes (qui, en réalité, ne l’étaient pas du tout)… et autant de clients en moins in fine. Dans certains cas, on pourrait presque estimer que ces esquisses de posture politique ne sont qu’un outil de communication vite abandonné une fois que le buzz a porté ses fruits.
Bref, ne cherchez pas de messages dans Call of Duty: Modern Warfare, même si son réalisme exacerbé pourrait bien bousculer quelques consciences…
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