Des cartes joliment illustrées, des justifications plus ou moins tordues, un score qui n’a que peu d’importance. Detective Club a le goût, l’odeur et l’apparence de Dixit. Mais les deux jeux sont bien différents. Voyons en quoi.
Detective Club se joue en plusieurs manches, en fonction du nombre de participants. À chacune d’elles, un joueur différent incarnera le rôle de l’informateur. Les autres seront des détectives, sauf un : le voleur. Mais personne ne sait de qui il s’agit !
Tout le monde dispose de six cartes Preuves à garder secrètes. L’informateur commence par réfléchir à un mot que lui inspirent deux des cartes de sa main. Il en pose une des deux devant lui, note le mot sur autant de carnets qu’il y a de joueurs, sauf un, puis les distribue aléatoirement aux autres. Celui qui reçoit un carnet vierge sera le voleur de cette manche.
À tour de rôle, les autres joueurs posent une carte de leur main se rapprochant le plus possible du mot en question. Le voleur, qui ne connait donc pas le mot secret, doit composer avec ce qu’il voit sur les cartes de ses camarades de jeu.
Une seconde carte est ensuite posée par chaque joueur, puis on passe à la phase de discussion.
L’informateur commence par dévoiler le mot secret, puis explique en quoi ses cartes s’y rapportent. Les autres font de même chacun leur tour. Là encore, les talents d’adaptation, d’improvisation et de bluff du voleur seront mis à rude épreuve.
Chacun vote ensuite pour désigner celui des joueurs qu’il pense être l’intrus. Les joueurs qui le confondent marquent des points. Lui-même, ainsi que l’informateur, son allié en quelque sorte, ne marquent des points que s’il n’est démasqué que par un seul détective au maximum.
Après un certain nombre de manches, durant lesquelles l’informateur change de main, le joueur cumulant le plus de points l’emporte.
Pourquoi c’est bien
Comme indiqué en introduction, Detective Club se base sur une mécanique héritée de Dixit. Ce n’est d’ailleurs pas la première variation de ce principe que nous vous présentons : One Key, Shadows Amsterdam et Mysterium avaient déjà fait l’objet d’une chronique.
Mais à la manière de ces autres titres, et bien qu’ils suivent tous une ligne directrice proche, Detective Club propose une expérience de jeu suffisamment différente pour mériter un article. Et surtout, nous sommes de grands fans de cette mécanique.
Les sensations de jeu s’éloignent ainsi de Dixit, peut-être sont-elles un peu plus proches de One Key, tout en proposant un jeu où chacun joue pour soi. Et surtout, il faut bluffer dans Detective Club, et arriver à justifier son choix de cartes… que l’on soit le voleur ou pas, d’ailleurs.
Cet aspect le rapproche ainsi de deux autres jeux que nous adorons : A fake artist goes to New York, et surtout Insider, un de nos coups de cœur de cet été. L’introduction du « traitre » permet de dynamiser le jeu et de totalement changer sa physionomie, en y ajoutant de la déduction et des discussions. Et comme ce rôle est tournant (de façon aléatoire, certes, mais tournant quand même), chacun aura une chance de se le voir attribuer.
Un point commun supplémentaire qu’il partage avec les autres titres de cette mouvance vient des illustrations. Magnifiques. Tantôt amusantes et légères, tantôt moins, sans toutefois tomber dans la mélancolie.
On ne voit pas le temps passer. Et c’est généralement plutôt bon signe…
Bien évidemment, les plus grincheux vont regretter le hasard jouant une part importante dans une partie : il suffit de ne pas avoir de carte correspondant au mot dans sa main pour immédiatement passer pour le principal suspect. C’est vrai. Mais paradoxalement, c’est aussi souvent les moments les plus intéressants et drôles, quand il faut faire preuve d’une bonne dose d’imagination, dans le choix des cartes, mais surtout au moment d’expliquer et de justifier ce choix.
Dans tous les cas, le score final n’a que peu d’importance. On ne tire pas de satisfaction particulière à être le gagnant, au contraire d’un jeu de stratégie.
Bref, Detective Club est particulièrement savoureux. En se plaçant à la croisée des chemins de Dixit et d’Insider, il réussit à s’attribuer les qualités de ses deux prédécesseurs, dans un tout particulièrement original et réussi. Et même si les 45 minutes indiquées sur la boite pourraient sembler longues pour un jeu d’ambiance, on ne voit pas le temps passer. Et c’est généralement plutôt bon signe…
- Detective Club est un jeu de Oleksandr Nevskiy
- Illustré par M81 Studio
- Édité par Igames
- Pour 4 à 8 joueurs à partir de 8 ans
- Pour des parties d’environ 45 minutes
- Au prix de 26,90 € chez Philibert
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