Après s’être entiché de Sony pour quelques exclusivités bien senties (Until Dawn, pour ne citer qu’elle), Supermassive Games s’est rapproché de Bandai Namco pour créer une anthologie baptisée The Dark Pictures. Le studio, passé maître dans l’art de raconter des histoires qui font peur (ou presque), compte lancer plusieurs chapitres, à commencer par Dark of Medan. S’il a tout d’une expérience narrative comme les autres, ce premier segment fait la différence sur la présence d’un mode coopératif en ligne ou local (jusqu’à cinq participants).
Man of Medan a donc quelques arguments pour être au cœur d’une soirée Halloween entre amis. Entre rire (les personnages sont parfois de sacrées têtes à claques) et effroi, le jeu recycle une recette éculée, mais y ajoute des ingrédients savoureux. Gare aux sueurs froides.
Des finitions à revoir
Dévoiler tout ou partie de l’intrigue de Man of Medan reviendrait à la gâcher, d’autant que l’on parle ici d’un jeu où on est — vraiment — le héros (les choix façonnent le scénario). On n’évoquera donc que les bases, articulées autour d’une bande d’apprentis plongeurs désireux de vivre une grande aventure maritime. Ils vont vite se retrouver piégés dans un vieux cargo militaire déshumanisé, où des phénomènes étranges incitent à la fuite la plus rapide possible. Point important : les futurs jeux intégrés dans The Dark Pictures ne seront pas directement liés à Man of Medan (l’univers reste commun).
Quelques défauts de finition
Les scénaristes de Supermassive Games font volontairement appel à des clichés. Cela évite à Man of Medan de se prendre trop au sérieux et appuie la personnalité parfois risible de ses héros de fortune (exemple : le tombeur, incarné par l’acteur Shawn Ashmore, est vraiment ringard). Le studio joue aussi des codes et des références du genre horreur pour nourrir son atmosphère délétère qui ne fera pas peur à tout le monde. Il y a une impression de déjà-vu, mais c’est suffisamment bien réalisé pour que l’on y croie. Il ne reste plus qu’à accepter les quelques défauts de finition. La mise en scène très typée cinéma s’appuie sur des plans bien trouvés, mais il y a parfois des transitions abruptes et de faux raccords.
Man of Medan n’est pas non plus toujours à la fête sur la partie graphique. Capable de montrer de jolis décors soulignés par une technologie HDR très flatteuse (un gros plus pour les effets de lumière), le jeu pêche dans certaines modélisations. On pense en premier lieu aux visages des protagonistes, dont les expressions sont soit figées, soit trop artificielles. En somme, l’habillage visuel de Man of Medan souffle le chaud et le froid. Une scène peut se révéler très agréable à regarder et celle d’après tomber dans le médiocre.
Classique en solo, étonnant à plusieurs
Man of Medan ne dépaysera pas celles et ceux qui ont joué à Until Dawn. Les deux titres partagent une ADN qui force à prendre les bonnes décisions pour éviter de perdre les héros un par un (le but étant qu’ils restent tous en vie). Très tranquille, le récit repose d’abord sur des lignes de dialogues à choisir pour influer sur les relations qui cimentent le groupe. Puis, quand l’action s’emballe, il faut appuyer sur le bouton affiché à l’écran au bon moment (les fameuses QTE). Le timing est généralement très serré et il n’est pas rare de louper une interaction avec une finalité parfois désastreuse.
Man of Medan est encore meilleur à plusieurs
Supermassive Games a retravaillé l’interface pour qu’elle soit plus épurée et claire. Il a par ailleurs intégré un mini-jeu très bien pensé où les personnages doivent maîtriser leur rythme cardiaque face à une situation compliquée. On note que certains choix pris dans l’urgence peuvent avoir des conséquences bien plus tard (il est possible de les anticiper dans les menus). Tout n’est pas parfait dans cette structure non linéaire. On a par exemple vu un requin rester inoffensif alors qu’on s’était entaillé la jambe (en loupant une QTE). Dans la vraie vie, l’animal aurait sans doute attaqué à cause de l’odeur du sang.
Man of Medan invite les participants à prendre le temps d’explorer les décors pour trouver des tableaux prémonitoires (ils sont utiles pour prendre certaines décisions) et des documents qui aident à bien tout comprendre (ils peuvent aider dans les dialogues). Il est dommage que les développeurs n’aient pas plus soigné la prise en main. Ainsi, les déplacements sont très rigides et réclament un peu de patience. Pire, ils obligent parfois à réajuster la trajectoire pour bien se placer en vue de déclencher une action. Heureusement que la caméra est fixe et que le rythme est globalement très posé, sans quoi le gameplay aurait été chaotique.
Intégralement jouable en solo, Man of Medan est encore meilleur à plusieurs. En local, il encourage à réunir cinq personnes sur un même canapé (cinq comme le nombre de héros). On attribue un rôle à chacun, et la manette passe d’une main à l’autre en fonction des scènes. Plus intéressant, le mode en ligne nous associe à un inconnu pour apprécier le jeu avec un gameplay asynchrone. Le principe, reposant sur le partage de la peur avec un inconnu sans aucune concertation, est original : on vit chaque séquence sous un angle différent en partageant l’unité de temps (pas toujours celle du lieu). Certains mécanismes impliquent la collaboration, d’autres peuvent avoir des répercussions sur ce que fait l’autre (jusqu’à une mort non désirée). Outre les différentes conclusions possibles (rappel : le but est de finir avec tous les héros en vie), Man of Medan promet dès lors une rejouabilité réelle (refaire plusieurs parties sans avoir le sentiment de vivre la même chose). Comptez un peu plus de quatre heures par tentative, une durée idéale pour une soirée d’Halloween remplie d’émotions et de bonbons.
Le jeu est disponible sur PS4, Xbox One et PC.
Le verdict
Man of Medan
On a aimé
- Le mode coop' en ligne
- Le genre narratif maîtrisé
- Belle utilisation du HDR
On a moins aimé
- Manque de finitions dans la mise en scène
- Quelques lourdeurs dans le gameplay
- Moins bien en solo
Maître de l'horreur vidéoludique, Supermassive Games parvient à redonner un coup de fouet au genre narratif avec Man of Medan. Le premier volet de son anthologie rappelant American Horror Story dans l'approche introduit un mode coopératif en ligne très original.
Man of Medan offre surtout le choix dans la manière d'apprécier une aventure où chaque décision compte (ou fait croire qu'elle compte). Seul, à deux avec un inconnu ou jusqu'à cinq sur un canapé, le titre édité par Bandai Namco se déguste d'une traite. Et se révèle être un candidat idéal pour tuer le temps lors d'une soirée Halloween.
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