7SEEDS
Lecteurs et lectrices connaissent bien le manga fleuve de Yumi Tamura, paru entre 2001 et 2017 et vainqueur du prix Shôgakukan en 2007 (dans la catégorie shôjo). Mais ce n’est malheureusement pas pour une bonne raison. En effet, Pika stoppa la parution après seulement dix volumes après des négociations avortées avec l’éditeur japonais, privant ainsi le lectorat français d’un titre phare de la science-fiction. Cette adaptation en animé nous donne ainsi l’occasion de redécouvrir cette œuvre survivaliste.
7SEEDS est un projet gouvernemental ayant pour but d’assurer la survie de l’humanité car un astéroïde va rentrer en collision avec la Terre. Des années plus tard, plusieurs groupes de personnes, qui ne se connaissent pas et ne savent pas comment ils sont arrivés là, se réveillent après un long sommeil cryogénique. Ensemble, ils vont devoir cohabiter pour survivre dans ce nouveau monde où la nature a repris ses droits.
Dire que 7SEEDS est raté relève de l’euphémisme. Le choix absurde de couvrir l’entièreté du manga, soit 35 volumes, en seulement 24 épisodes est la raison première de cet échec. Ainsi, 7SEEDS se révèle très pénible à suivre puisque nous démarrons l’histoire auprès d’un groupe de personnages pour en changer deux épisodes plus tard, et ainsi de suite. Alors que le script aurait dû prendre le temps d’installer le cadre et de laisser le spectateur s’attacher aux héros, les auteurs préfèrent jouer la carte de la transposition en mode « avance rapide » en dépit de toute cohérence narrative. Avec un si faible nombre d’épisodes, il aurait fallu faire des coupes franches, quitte à supprimer des protagonistes et aller à l’essentiel. Bref, un beau cas d’école de travail d’adaptation complètement en décalage avec ce que l’on pouvait en attendre.
Malheureusement, ce n’est pas le seul problème de 7SEEDS. Comme personne ne semblait y croire, c’est avec le minimum syndical que le studio Gonzo a essayé de mettre en image le futur de notre planète. Le manque d’expérience de l’équipe est un fait, mais il aurait été souhaitable que Netflix investisse davantage pour donner un peu plus de vie à l’ensemble. N’espérez donc pas retrouver le trait fin de Yumi Tamura pour les décors et personnages. Quant à l’animation, elle est réduite au minimum. Les fans du manga ne méritaient pas cela.
La première partie (12 épisodes) est disponible ici. La seconde partie n’est pas encore datée mais elle ne devrait pas arriver avant 2020.
Kengan Ashura
En revanche, Kengan Ashura est nettement plus recommandable. Adapté d’un manga inédit en 27 volumes de Yabako Sandrovich (Dumbbell : Combien tu peux soulever ?) et Daromeon, l’animé renoue avec la tradition des tournois d’arts martiaux. En effet, depuis la nuit de temps, les riches propriétaires d’entreprises pimentent leur existence en misant de grosses sommes d’argent sur des combats illégaux de gladiateurs. Parmi eux, Ohma Tokita, bien décidé à remporter le tournoi Kengan et venger la mort de son maître.
Le duo Seiji Kishi et Makoto Uezu se rattrape de l’échec de Radiant et ils livrent ici sûrement l’une des séries les plus réjouissantes de l’année. Dans un registre similaire à Baki (aussi disponible sur Netflix), Kengan Ashura est un concentré d’action avec son défilé de guerriers plus badass les uns que les autres. Vous voyez Bloodsport avec Van Damme ? C’est à peu près la même chose, sauf que le Belge n’aurait pas passé les qualifs du tournoi Kengan.
La série de Larx Entertainement, un studio d’animation spécialisé dans les images de synthèse, se distingue du tout-venant en proposant un visuel hydride mélangeant la 3D (en cel shading) et la 2D. Un peu à la manière du Berserk de 2016, mais en nettement plus abouti. Ce choix artistique et technique ne plaira pas aux ayatollahs de l’animation traditionnelle, mais force est de constater qu’il est tout à fait justifié pour Kengan Ashura.
Ainsi, la 3D donne un réel impact aux violents affrontements avec des mouvements souvent très fluides. Le rendu permet aussi de contraster avec la noirceur de l’univers de ces combats clandestins. L’aspect « jeu vidéo » est clairement présent et il ressort encore davantage avec le cel shading. Les flashbacks en 2D utilisent des images fixes très esthétiques. Ils sont l’œuvre du français Cédric Hérole, animateur expatrié au Japon qui avait notamment réalisé le superbe opening de Drifters.
Kengan Ashura rappelle par bien des aspects Kaiji, adapté par Madhouse en 2007 et 2011. L’ambiance y est similaire, le ton aussi avec beaucoup d’humour noir. Nous y retrouvons la même critique acerbe du corporatisme et surtout, le narrateur est joué dans les deux séries par le génial Fumihiko Tachiki. Il ne serait pas étonnant d’apprendre que Yabako Sandrovich est un grand fan de Nobuyuki Fukumoto.
Malgré déjà 9 tomes couverts, le tournoi en est encore à ses débuts. Le découpage d’un combat par épisode sied parfaitement au rythme global pourtant assez soutenu. Mais rassurez-vous, de nombreux flashbacks viennent étoffer la personnalité des combattants, dont certains sont de véritables bêtes de foire. Espérons que la suite tienne les promesses entamées durant cette première partie.
La première partie (12 épisodes) est disponible ici. La seconde partie sera en ligne à partir du 31 octobre prochain.
Les animés Netflix en 2018 :
Netflix, l’avenir de l’animation japonaise ? – Partie 1 : Devilman Crybaby & B : The Beginning
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