Un instagrammeur ou une instagrammeuse peuvent-ils être poursuivis en justice pour avoir promu un bien ou service qui s’est avéré être une arnaque ? Gregor Messer pense que oui. Il est le liquidateur du Fyre Festival, un festival largement vanté sur Instagram qui s’est transformé en cauchemar. Il a intenté une action en justice contre 5 personnalités dont les stars internationales Kendall Jenner (115 millions d’abonnés sur Instagram) et Emily Ratajkowski (24 millions d’abonnés), qui en avaient fait la publicité, ont rapporté le Wall Street Journal et E!News ce lundi 2 septembre.
Jusqu’à 299 000 dollars pour la promotion du festival
Les deux médias disent avoir pu consulter le document en question. La plainte a été déposée auprès d’une Cour américaine spécialisée dans les faillites, deux ans après l’échec cuisant du Fyre Festival.
Gregor Messer espère pousser moins 5 influenceuses à contribuer au remboursement des frais engagés qui n’ont pas été entièrement remboursés par les fondateurs du festival. Il leur demande, ainsi qu’à leurs agences, de rendre au moins l’argent versé pour la promotion.
Selon lui, la mannequin et cheffe d’entreprise Kendall Jenner aurait été payée 250 000 dollars (environ 226 000 euros) pour une publication Instagram vantant le Fyre — depuis supprimé. Elle y recommandait à ses abonnés de « prendre leur ticket dès maintenant » en utilisant un code promotionnel que la marque lui avait transmis. Elle aurait touché ensuite 25 000 dollars de plus, quelques jours après (peut-être une commission sur les ventes).
La mannequin Emily Ratajkowski aurait elle été rémunérée 299 000 dollars via son agence, également pour une promotion sur Instagram.
Bella Hadid ferait également partie des personnes visées par l’assignation. Elles ou leurs agences devront à priori témoigner devant une Cour. Des agences représentant des artistes qui devaient se produire sur scène comme Migos ou Blink-182 sont aussi appelées à venir rendre des comptes.
Le Fyre Festival devait se dérouler au Bahamas, dans un cadre paradisiaque et avec d’artistes mondialement réputés. Lorsqu’ils sont arrivés sur place, les spectateurs qui avaient déboursé plusieurs centaines d’euros ont trouvé une sorte de camping abandonné à la place. Les villas, les bars, les concerts : rien de tout ceci n’existait. Cette histoire rocambolesque a inspiré Netflix qui y a dédié un documentaire. Des personnes témoignent des pertes financières importantes subies à cause de cette histoire. Une histoire similaire a récemment eu lieu en Belgique, vous racontait-on en juillet sur Numerama.
Kendall Jenner s’était exprimée sur le sujet auprès du New York Times, en mars 2019. Elle y expliquait : « Vous êtes contactée par des gens (…) et vous ne savez jamais vraiment comment [leur projet] va tourner, et parfois il y a un risque ». Elle avait indiqué faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’assurer qu’elle ne promeut pas n’importe quoi. Mais comme il devait s’agir de la première édition d’un nouveau festival, elle n’avait pas pu le faire autant qu’elle le souhaitait. « On ne sait jamais ce qui peut arriver », avait concédé la mannequin.
Des partenariats pas toujours signalés
Selon Gregor Messer, le fait d’avoir promu une arnaque n’est pas le seul problème. Kendall Jenner et Emily Ratajkowski n’auraient pas clairement indiqué qu’il s’agissait d’un partenariat rémunéré. Ce serait d’après lui une faute grave.
Kendall Jenner aurait enfin mentionné la « G.O.O.D Music Family » dans sa publication Instagram. Il s’agit du nom du label de Kayne West, ce qui pouvait laisser penser que l’artiste serait présente alors qu’il n’en était rien. Pour le liquidateur, cela prouverait que l’influenceuse n’a jamais vraiment eu l’ambition d’être honnête sur le sujet.
En France, les risques d’une telle promotion seraient importants. On peut par exemple vous attaquer pour publicité mensongère. Le code de la consommation sanctionne « les allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur ». Mentir sur « les caractéristiques essentielles du bien ou du service », notamment sa qualité, peut être passible de deux ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros.
Le fait de ne pas mentionner clairement qu’une publication est un partenariat rémunéré est également puni par la loi. « Une pratique commerciale est trompeuse si (…) elle omet, dissimule ou fournit de façon inintelligible (…) une information substantielle ou lorsqu’elle n’indique pas sa véritable intention commerciale », indique le code de la consommation. Cette action est passible de 2 ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende.
Le créateur du Fyre Festival, Billy McFarland, a lui été condamné à 6 ans de prison pour fraude, après avoir plaidé coupable.
Kendall Jenner et Emily Ratajkowski n’ont pour le moment pas réagi à la plainte qui aurait été déposée contre elles.
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