Depuis le tout premier épisode développé par Epic Games (une autre époque) et sorti sur Xbox 360, la saga Gears of War est intimement liée à la marque chère à Microsoft. Passé sous pavillon The Coalition, elle en est aujourd’hui à son cinquième opus canonique — baptisé Gears 5 et disponible ce 10 septembre 2019 sur Xbox One, Windows 10 et Steam. Pour la firme de Redmond, il s’agit d’une exclusivité sur laquelle s’appuyer pour renforcer son positionnement sur le marché face à l’armada déployée, à chaque génération, par Sony (et Nintendo).
Néanmoins, force est de reconnaître que les Gears of War sont rentrés dans une forme de routine : à chaque opus, on savait plus ou moins à quoi s’attendre. Pour Gears 5, The Coalition a décidé de bousculer l’expérience en l’amenant vers des pistes à creuser pour le futur. Et alors qu’on pensait jouer à un Gears of War comme les autres, non sans prendre le plaisir habituel, on a finalement joué à un peu plus que cela.
L’uppercut visuel et sonore
Pour ce test de Gears 5, nous nous sommes volontairement consacrés sur le solo, que nous avons terminé seul et à deux.
En qualité d’exclusivité, Gears 5 est une production taillée pour briller. Sur la Xbox One X, il matérialise ce constat. Dès les premières secondes, on est subjugué par la quantité de détails qui s’affichent à l’écran et la précision avec laquelle les personnages sont modélisés (ils portent les armures pour). Agrémenté d’effets visuels volontairement tape à l’œil et d’une gestion des lumières idéales grâce au HDR10, Gears 5 est un spectacle de tous les instants, propre et toujours enclin à en mettre plein les yeux. Il est à la Xbox One X ce que sont Uncharted 4: A Thief’s End et God of War à la PlayStation 4 Pro : une vitrine technologique. Sur la console de Microsoft, la plus puissante du marché à l’heure actuelle, il est l’égal d’un Forza Horizon 4.
Une vitrine technologique
En prime, Gears 5 peut s’appuyer sur un framerate à 60 fps, qui ne chute qu’à de très rares moments et ajoute encore plus de confort visuel à l’expérience (sur Xbox One X et les PC bien équipés). La définition n’est pas toujours de la 4K native mais s’ajuste en conséquence selon les situations (c’est imperceptible, sauf si on sort la loupe). Tout juste pourra-t-on pester sur quelques bugs de collision intempestifs et des scripts en souffrance (au point d’obliger à redémarrer la partie).
La claque infligée par Gears 5 n’est pas que visuelle. Microsoft et The Coalition en font un porte-étendard également pour les oreilles grâce à un rendu Dolby Atmos dont peuvent profiter celles et ceux qui disposent de l’installation idoine. Le gain en immersion est palpable : comme il se passe toujours quelque chose, la prestation à 360 degrés est poussée dans ses derniers retranchements. Un bonheur qui devient vite addictif.
Gears of War Plus
Les précédents Gears of War peuvent se résumer comme suit : des jeux de tir à la troisième personne (TPS) de type cover shooter (on passe beaucoup de temps à se planquer pour tirer). L’univers est volontairement neuneu et s’articule autour d’une guerre entre des humains et des créatures belliqueuses (les Locustes). Les traits sont volontairement forcés pour appuyer le côté second voire troisième degré de la franchise. Il ne faut pas chercher une once de subtilité et on n’oubliera pas de sourire devant certaines situations improbalbes.
Gears 5 ne déroge pas aux fondations de ses précédesseurs. Toutefois, il bénéfice d’une écriture un peu plus fine, déjà perçue dans Gears of War 4. Pour la première fois, aussi, on incarne une femme au passé très lié aux méchants et qui ne sait plus vraiment dans quel camp elle se trouve. Dès lors, on conserve l’ADN de la licence — une guerre bête et méchante — tout en explorant toujours plus le lore mis en place. Le fait de jouer un troisième héros en cinq jeux prouve en tout cas que l’univers est plus important que ceux qui y vivent.
The Coalition varie suffisamment les situations
Côté gameplay, Gears 5 commence comme un Gears of War classique, avec quelques réajustements minimes et une poignée d’armes et d’ennemis inédits. Puis, dès le deuxième acte, il prend une tournure inespérée en devenant une expérience en — petit — monde ouvert. Les joueurs ont alors tout le loisir de se balader sur la carte pour continuer l’histoire ou remplir quelques quêtes optionnelles (à la narration oubliée en chemin). Elles revêtent un intérêt pour faire évoluer l’autre gros ajout de Gears 5 : le petit robot, naguère autonome, à qui l’on peut donner des ordres pour profiter de ses pouvoirs (exemple : distraire les ennemis cachés). Il ne faut certainement pas s’arrêter à ses bruits mignons dignes de BB-8 puisqu’il ajoute un soupçon d’effort tactique aux affrontements.
Pour couronner le tout, The Coalition varie suffisamment les situations pour ne pas tomber dans la simple redite. On pense aux boss bien imaginés ou encore à certains environnements que l’on peut utiliser à son avantage pour triompher des ennemis plus rapidement (spoiler : n’hésitez pas à tirer sur les sols de glace). Gears 5 invite par ailleurs à la contemplation quand il nous fait voyager d’une île paradisiaque à des steppes enneigées, en passant par un désert de sable rouge. Le tout avec des références à la culture SF qui parleront aux puristes (Predator, Terminator…).
Toujours mieux en coopératif
La campagne solo de Gears 5 est bien évidemment jouable à plusieurs, jusqu’à trois en l’occurence (même si le troisième prendra le contrôle du robot). En coopération, que ce soit en ligne ou en local, le jeu prend tout son sens. On rigole, on avance, on tue plein d’ennemis, on rigole… Il faut compter une petite dizaine d’heures pour boucler tous les chapitres, une durée de vie qui prend en compte les objectifs additionnels. Les fans ne manqueront pas de refaire l’aventure dans les difficultés les plus élevées.
Pour prolonger le plaisir, Gears 5 dispose de toute une palanquée de modes de jeux à plusieurs — sans céder à l’appel du Battle Royale. En plus des indéboulonnables (match à mort, match à mort en équipe, Roi de la colline…) et ses sessions Horde (des vagues d’ennemis), le titre introduit Fuite qui pousse trois joueurs à accomplir une mission suicide. En somme, il y a de quoi faire, d’autant que The Coalition promet du contenu post-lancement.
Pour terminer, on soulignera les efforts consentis par Microsoft en matière d’options d’accessibilité (rangées dans un onglet distinct depuis le menu principal). Mode daltonien, aides pour la visée ou les actions contextuelles nécessitant des efforts répétés, taille des sous-titres, atténuation des effets gores et/ou des grossièretés, ou encore configuration particulière des sticks : Gears 5 s’ouvre à un maximum de joueuses et joueurs et s’inscrit dans la politique de la multinationale qui souhaite apporter le gaming dans toutes les mains. Un excellent argument en plus.
Le verdict
Gears 5
Voir la ficheOn a aimé
- Beau à en pleurer
- Les petits ajouts de gameplay
- Les prémices d'une révolution
On a moins aimé
- Il faut une Xbox One X (ou un gros PC)
- Écriture encore un peu bête
- Quelques défauts de finition
La simplification de nom — Gears 5 plutôt que Gears of War 5 — n’était pas que pour la forme. En ouvrant ses environnements pour affranchir la saga du couloir dans lequel elle a trop enfermé le joueur, ce cinquième opus s’affirme comme l’un des meilleurs jeux de la Xbox One. Le pendant d’un Uncharted 4: A Thief’s End.
D’une beauté sans commune mesure, baignant dans un confort technique certain et tout sauf chiche en contenu, Gears 5 est plus qu’un simple Gears of War. Il est peut-celui qui pavera la voie vers une formule flambant neuve et plus ambitieuse. Parce que le changement, c’est maintenant.
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