On a beaucoup spéculé sur la somme consentie à Radiohead pour le téléchargement d’In Rainbows. Selon les sources, on parlait d’un quart à un tiers n’ayant rien payé, et le reste qui aurait déboursé une moyenne de 5,75 €. Aujourd’hui, c’est comScore qui s’y colle. Et lorsque l’organisme s’attaque à la prise de température d’Internet, on peut lui faire relativement confiance. Pendant que les journaux tentent de proposer des estimations sur les déclarations de quelques milliers de fans, comScore dispose d’un pannel de deux millions d’internautes qui ont concédé à l’organisme le droit de surveiller leur comportement sur Internet.

Du coup, on obtient des chiffres beaucoup plus modestes – et réalistes – puisqu’on évite ce mécanisme de la « bonne déclaration » qui poussera plus facilement les personnes qui ont payé à répondre à un sondage que ceux qui n’ont rien consenti. Le nombre des téléchargeurs qui n’ont rien payé s’élève donc non pas à un quart, ni un tiers, mais à 62 %, avec une petite variation selon la provenance : les américains ont été légèrement plus nombreux à payer que le reste du monde.

Concernant la somme moyenne concédée au groupe parmi ceux qui ont payé, on arrive à un total de 6,00 $ (4,13 €) avec une différence beaucoup plus contrastée entre les résidents américains (8,05 $ soit 5,54 €) et le reste du monde (4,64 $ soit 3,20 €). Si la majorité des « payeurs » ont déboursé entre 0,01 $ et 4,00 $, il est intéressant de noter que le groupe qui arrive en seconde position n’est pas celui qui a payé entre 4,01 $ et 8,00 $ mais celui qui a lâché entre 8,01 $ et 12,00 $, soit l’équivalent de ce que lui aurait coûté l’album sur iTunes. Ces consommateurs ont érigé la moitié du bénéfice engrangé par le groupe (voir tableau ci-dessous).

Si on rapporte ce pourcentage au nombre total de téléchargeurs, situé à 1,2 million lors de l’enquête, on serait presque tenté de dire que pour 600.000 téléchargements sur iTunes, le groupe doublerait son bénéfice si la plateforme laissait au consommateur le libre choix de fixer lui-même son prix. Cette perspective aguichante n’a pourtant rien de fondé, car bon nombre de consommateurs téléchargent légalement en payant un prix qui les contraint plus qu’il n’assouvit leur désir d’offrir une telle somme au groupe. De plus, Radiohead possède une base solide fans et comme le note Michael Laskow, directeur de TAXI, une société de direction artistique, « la question est : comment les nouveaux artistes seront capables d’utiliser ce modèle dans le futur si ils n’ont pas construit une base de fans de plusieurs millions dans les années qui ont précédé la sortie de leur album. »

« Il est important de noter que Radiohead ont franchi par eux-même une étape que l’industrie du disque n’a pas réussi à passer » conclut Edward Hunter, analyste chez comScore. « Ils ont éliminé la plupart de l’usure du profit liée au piratage et à la copie illégale. »

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