La déesse Ishtar a entendu votre appel, et fait apparaître des fontaines dans le désert. À vous d’en tirer profit pour y créer le plus luxuriant des jardins. Serez-vous le plus opportuniste pour recevoir le tant convoité titre de jardinier royal de Babylone ?
La surface de jeu, plus ou moins grande selon le nombre de joueurs, est découpée en de multiples cases. Certaines sont vides, d’autres sont recouvertes de roches abritant des pierres précieuses, et quelques-unes contiennent une fontaine, source des jardins qui s’étendront peu à peu dans le désert.
Un tour de jeu se fait très simplement puisqu’il consiste à sélectionner une tuile de végétation puis à la poser sur le plateau. Toutes les tuiles sont formées de trois cases, mais disposées différemment : en ligne droite, courbée, ou en triangle. On ne les place pas n’importe comment. Elles doivent obligatoirement toucher une fontaine ou une autre tuile déjà posée : la végétation s’étend petit à petit depuis les sources d’eau.
En recouvrant des roches avec sa tuile, on récupère des pierres précieuses qui nous serviront à planter des arbres (oui, c’est thématiquement curieux…) ou à débloquer de nouvelles compétences. Les arbres rapportent des points de victoire, proportionnellement à la quantité et à la couleur des gemmes requises, et les compétences apportent des avantages en cours de partie ou différentes manières de marquer des points en fin de partie.
Les gemmes permettent aussi d’influer sur la tuile qui nous est proposée à chaque tour si celle par défaut ne nous intéresse pas. C’est un élément primordial du jeu. Encore faut-il savoir les utiliser judicieusement. Les tuiles forment petit à petit des parterres de fleurs de plus en plus grands, composés de plus en plus de fleurs, dont on prend possession grâce à nos pions assistants.
La partie s’arrête dès qu’un certain nombre de tuiles a été posé. S’en suit une phase de décompte dans laquelle on marque des points selon plusieurs critères : les arbres plantés, le nombre de fleurs dans nos parterres, la possession du plus grand jardin adjacent à chaque fontaine, etc. Le joueur ayant le plus grand score remporte la partie.
Pourquoi c’est bien
Votre première partie d’Ishtar ne sera sans doute pas des plus fluides. Non pas que les règles soient particulièrement compliquées, mais les concepts et petites contraintes sont assez nombreux. Entre les fleurs, les jardins, le placement des tuiles et des assistants, le contrôle des fontaines, le décompte des points de fin de partie, etc. Tout cela mis bout à bout vous forcera inéluctablement à reprendre votre livret de règles de temps en temps pour vérifier tel ou tel point.
Mais tout deviendra rapidement fluide et limpide, et toutes ces règles seront parfaitement intégrées après une première partie de découverte.
Ishtar devient alors un jeu de stratégie très interactif, où la physionomie du plateau diffère à chaque tuile posée, surtout au fur et à mesure que la partie avance et que l’espace disponible s’amenuise de plus en plus. Il faut être attentif, tant au jeu des autres qu’à la tuile sélectionnée et l’endroit où on la pose.
Les mécaniques proposées (pose de tuiles, blocages, contrôle de territoire, etc) ont déjà été vues ailleurs, mais l’ensemble fonctionne parfaitement, et le tout est fluide et agréable. La profondeur stratégique est bien présente, eu égard à la durée des parties, sans atteindre la complexité de certains jeux de stratégie bien plus gros.
Comme la taille du plateau change selon le nombre de joueurs, l’intérêt reste intact, quelle que soit la configuration. Et la rejouabilité est dans tous les cas assurée grâce à la modularité des tuiles qui forment le terrain de jeu.
Graphiquement et matériellement, Ishtar est une vraie réussite. Même si les illustrations sont peu présentes, en dehors de la magnifique couverture de boite, les couleurs choisies sont chaudes et mettent immédiatement dans l’ambiance désertique. Mais surtout, à l’instar de Little Town, l’éditeur a fourni un gros travail sur le matériel : des tuiles bien épaisses, des petites gemmes, et tout particulièrement de très beaux pions aux formes originales, qui rendent superbement une fois placés. Le tout se manipule et s’observe avec plaisir.
Passée la première partie de découverte qui sera un peu saccadée par quelques allers-retours dans le livret de règles, Ishtar se révèle être un jeu fluide et prenant. Les parties sont finalement assez courtes, mais prenantes, grâce à des tours de jeu rapides, pendant lesquels on continue de chercher notre meilleur prochain coup possible, même quand c’est aux autres de jouer. Mélange de placement, de blocage, de majorité, Ishtar propose plusieurs manières de marquer des points, plusieurs stratégies. Mais c’est surtout un jeu opportuniste, avec beaucoup d’interactions : vous devrez forcément vous adapter à ce que font vos adversaires.
Un jeu fluide et prenant
Après Little Town puis Ceylan ces dernières semaines, nous voilà une fois de plus gâtés avec ce nouveau venu dans une catégorie de jeux que nous apprécions tout particulièrement : des jeux de stratégie abordables, beaux, et à la durée raisonnable. Chacun dans son style, ils apportent des sensations de jeux différentes. Difficile de trancher entre eux, alors laissez-vous guider par le thème et les illustrations, car dans tous les cas vous ne serez pas déçus de votre choix.
- Ishtar est un jeu de Bruno Cathala et Evan Singh
- Illustré par Biboun
- Édité par Iello
- Pour 2 à 4 joueurs à partir de 12 ans
- Pour des parties d’environ 45 minutes
- Au prix de 36,90 € chez Philibert
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