Quelle ne fut pas notre surprise au moment où Nintendo a officialisé un portage de The Witcher 3: Wild Hunt sur Switch. C’était à l’E3 dernier. Si l’idée de voir l’un, sinon le meilleur jeu, de la génération actuelle garnir le catalogue de la console ne peut être que bien accueilli, force est de reconnaître qu’il y a matière à s’interroger sur la capacité de la Switch à proposer une expérience confortable. Difficile en effet de faire honneur au RPG à la formidable écriture développé par CD Projekt Red, studio connu pour sa générosité débordante.
D’autant que The Witcher 3: Wild Hunt n’est pas Skyrim : il appartient à l’ère PlayStation 4 et Xbox One, deux plateformes bien plus puissantes que la Switch. On sait donc qu’il est nécessaire de se pencher sur cette version avec une bonne grosse dose d’indulgence, non sans ranger les exigences au placard (et les souvenirs du RPG avec). Verdict ? Vous allez avoir mal aux yeux.
Entre prouesse et souffrance
Doit-on applaudir CD Projekt Red ou faut-il faire la fine bouche ? La réponse doit se trouver quelque part entre les deux. On peut déjà reconnaître aux développeurs cette volonté de préserver au maximum l’aventure de Geralt, dans le sens jouable du terme. Pour cela, les sacrifices ont été nombreux. Sur Switch, The Witcher 3: Wild Hunt ne sera jamais beau, que ce soit sur l’écran de la console ou sur votre téléviseur. Pour pouvoir goûter au copieux RPG, les joueurs Nintendo doivent avaler plusieurs couleuvres : du scintillement à n’en plus finir, des textures grossières (hormis les personnages, mieux mis en avant que le reste), du flou dans les arrières plans, des effets visuels supprimés, des cinématiques qui saccadent… En somme, tous ces éléments graphiques qui font de The Witcher 3: Wild Hunt un jeu contemplatif, car capable d’associer plusieurs ambiances d’une balade à l’autre. Ici, le sublime est donc devenu un défaut.
Il faut aimer voir flou…
Il y a une raison qui explique ce nivellement vers le bas, au-delà des aptitudes de la Switch : le framerate. CD Projekt n’est pas tombé dans l’excès de zèle qui aurait consisté à vouloir trop en mettre au détriment du plaisir de jeu. On perd en confort visuel, certes, mais, au moins, on ne sera jamais envahi de ralentissements qui donneraient envie de poser la console pour lancer un autre jeu. Ces compromis choisis par le studio polonais n’empêchent pas un autre constat déplaisant : sur le petit écran de la Switch, on ne sait pas toujours sur quoi on tape… si ce n’est une bouillie de pixels.
Faut-il jouer sur le dock ? Nous serions tentés de répondre par l’affirmative, en raison du petit boost qu’il offre. Sauf que la réalité est tout autre. Sur un téléviseur, The Witcher 3: Wild Hunt fait encore plus peine à voir tant le rafistolage de CD Projekt Red est encore plus exposé. Après, il faut aimer voir flou…
Un gros RPG dans la poche
Vous êtes intéressés par l’acquisition de The Witcher 3: Wild Hunt sur Switch en passant par l’eShop ? Il va vous falloir une carte microSD. En effet, le poids du jeu dépasse la mémoire interne de la console et nécessite un peu plus de 31 Go d’espace libre pour être installé.
Le portage Switch de The Witcher 3: Wild Hunt a un gros argument, une qualité dont ne peuvent se prévaloir les PC, PlayStation 4 et autre Xbox One : la possibilité d’incarner Geralt n’importe où, n’importe quand. Ce point est néanmoins à relativiser. Le RPG, très bavard, n’a pas été pensé pour de courtes sessions. Autant dire qu’il serait très insultant de réserver un petit trajet de métro au charismatique héros chasseur de monstres. Privilégiez un long voyage en train/avion ou, éventuellement, une session tranquille dans un lit.
Que ce soit avec les Joy-Con ou la manette Pro Controller, on n’a rencontré aucun problème pour contrôler Geralt — malgré un framerate qui n’est pas très élevé. Bien sûr, CD Projekt Red n’a pas corrigé les défauts de l’époque, qui seront encore moins pardonnés aujourd’hui. En l’occurence : une interface vieillotte nantie d’une ergonomie discutable, les phases à cheval agaçantes, les combats un peu mous et pénalisés par une caméra paresseuse ou encore certains choix douteux dans le gameplay (les raccourcis, la roue des pouvoirs…). Au global, surtout grâce à la narration au-dessus du lot, The Witcher 3: Wild Hunt demeure une excellente expérience. Mais elle est loin d’être irréprochable — ce qui est encore plus vrai en 2019.
En termes de contenu, CD Projekt Red a tout mis dans cette Complete Edition : l’aventure principale, qui occupe déjà plusieurs dizaines d’heures, ainsi que les deux extensions qui sont aussi longues — encore des dizaines d’heures en perspective — qu’excellentes. Au début, vous pouvez d’ailleurs choisir de jouer l’un ou l’autre des chapitres additionnels, sans besoin d’avoir terminé le jeu de base (vous incarnez alors un Geralt au niveau requis pour répondre au challenge proposé). Cette liberté offerte est susceptible de constituer une qualité pour celles et ceux qui auraient déjà vu la fin de The Witcher 3: Wild Hunt ailleurs et seraient tentés de faire uniquement les extensions sur Switch. Très franchement, elles valent le coup.
Le verdict
The Witcher 3: Wild Hunt
Voir la ficheOn a aimé
- Une prouesse
- Geralt « dans la poche »
- Les joueurs Switch ont un vrai jeu
On a moins aimé
- C'est laid
- C'est très laid
- C'est très, très laid
Le portage Switch de The Witcher 3: Wild Hunt est à la fois un exploit et une fausse bonne idée. Il s'agit effectivement de la pire version du RPG mature malgré les beaux efforts de CD Projekt Red permettant de le rendre le plus jouable possible.
Si vous avez la possibilité de profiter de The Witcher 3: Wild Hunt sur un PC ou une autre console, on ne vous conseillera pas cette mouture Switch. À moins que vous ayez vraiment envie d'y jouer en dehors de chez vous, sans le confort visuel que mérite ce chef-d'œuvre.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.