Edgar Bronfman, c’est ce type que retourne régulièrement sa veste depuis deux ans. Après avoir esquissé un modèle économique dans lequel les DRMs pourraient abandonnés, puis avoir défendu catégoriquement ces même DRMs face à la lettre ouverte de Steve Jobs qui en faisait la diatribe, le patron de Warner Music cède finalement à l’auto-critique et vante les mérites d’iTunes.
Dans un congrès qui s’est tenu en Chine cette semaine, il concède les erreurs commises par l’industrie du disque et met en garde celle de la téléphonie mobile de faire les mêmes. « Nous avons pris l’habitude de penser que notre contenu était parfait tel qu’il était fourni » avouait-il. « Nous nous attendions à ce que notre business ne soit pas affecté dans le monde de l’interactivité, pendant que la connexion permanente et le partage de fichiers explosaient. Bien sûr, nous avions tord. Pourquoi ? Parce qu’en restant immobiles ou en bougeant à un rythme glaciaire, nous sommes involontairement entrés en conflit avec le consommateur, en lui refusant notamment ce qu’il voulait et pouvait trouver ailleurs. Le résultat des courses, c’est que le consommateur l’a emporté. »
Autant Bronfman savait faire preuve d’une grande lucidité, lorsqu’en 2005 il analysait Internet et le rapport que l’industrie du disque devait entretenir avec ; autant il sait se montrer d’une grande justesse lorsqu’il constate les échecs de son industrie. Du coup, il s’improvise donneur de leçons pour le secteur mobile. « Ce que les consommateurs se voient offrir aujourd’hui sur les plateformes mobiles est ennuyeux, banal, et basique. Les gens veulent une forme plus intéressante de contenu mobile. Ils veulent pouvoir facilement l’acheter d’un simple clic – oui, un simple clic, pas une dizaine. Et il veulent pouvoir y accéder, rapidement et facilement, quelque soit l’endroit ou l’heure. »
S’ensuit une longue éloge d’iTunes, dont le patron de Warner reconnaît qu’il lui a permis de vendre des tonnes d’albums packagés avec des sonneries, des vidéos, ou d’autres formes de valeur ajoutée. Ce que l’on a encore du mal à comprendre, c’est que Bronfman, qui est loin d’être stupide, reconnaisse les bienfaits de la plateforme tout en continuant de se positionner pour les DRMs. Pourtant, il paraît peu probable qu’un acteur qui connaisse si bien son consommateur ignore le fait qu’EMI y vend beaucoup mieux depuis qu’il a abandonné ces protections, et passe sous silence les chiffres d’autres plateformes qui montrent à quel point ils peuvent constituer un frein considérable pour la consommation.
Alors, pourquoi tenir encore ce discours ? Question d’honneur ? Stratégie dont on a pas très bien compris toutes les subtilités ? Pressions externes ? En tout cas, la bourse ne pardonne pas, et peut être que la chute catastrophique du cours de son action le fera réagir.
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