2019 est déjà (presque) derrière nous. C’est l’occasion de vous présenter nos trois jeux de société préférés de l’année.

En plein essor depuis plusieurs années, le marché du jeu propose tant de nouveautés qu’il n’est plus humainement possible de jouer à tout. Et même si nous vous proposons une sélection, forcément subjective, chaque semaine, nous sommes inévitablement passés à côté de nombreux titres qui auraient valu un article.

Alors ne garder que trois jeux sur la production de toute une année peut sembler dérisoire. S’agit-il là des trois meilleurs jeux de 2019 ? Bien sûr que non. D’ailleurs, comment les déterminer ? Sur quels critères ? Il s’agit simplement des trois jeux qui nous ont le plus marqués cette année. Ceux auxquels nous avons le plus envie de jouer, tout le temps. Qui resteront dans les annales de notre année ludique, et auxquels nous continuerons de rejouer en 2020.

Voici donc, peut-être, les trois meilleurs jeux de société de l’année. Ou plutôt, nos trois jeux préférés de 2019. N’hésitez pas à partager les vôtres en commentaires.

Champ d’honneur, le jeu d’échecs moderne

Vous êtes un chef de guerre, et votre objectif est de contrôler un certain nombre de lieux particuliers du plateau de jeu.

Pour cela, vous disposez de quatre types d’unités différentes, parmi seize possibles. Archer, porte-étendard, cavalier, capitaine, etc. Toutes ont, de base, la même façon de se déplacer ou d’attaquer, mais chacune amène une capacité particulière, influant sur son déplacement, son attaque, ou lui conférant un pouvoir unique.

Chaque joueur dispose d’un petit sac, contenant deux jetons de chacune de ses unités, et duquel il en pioche trois en début de tour. Ils peuvent être placés sur le plateau, ou utilisés pour actionner les unités déjà en place, pour les déplacer ou les faire combattre. On peut également recruter de nouvelles unités qui seront placées plus tard dans le sac, quand il sera vide.

Champ d'honneur

Une partie à deux en cours // Source : Gigamic

La gestion du sac est l’élément stratégique central de Champ d’honneur. Moins il comporte de jetons, plus vous avez de chance de piocher celui qui vous intéresse. Mais moins vous serez présent sur le plateau. Tout est question d’équilibre pour parvenir à la victoire.

Le choix des unités composant votre armée en début de partie est tout aussi crucial. Il faut réussir à créer des synergies entre elles, tout en cassant celles de votre adversaire. Un mauvais choix peut vite devenir handicapant pour la suite de la partie.

Champ d'honneur

Source : Gigamic

On pourrait résumer Champ d’honneur en une espèce de jeu d’échecs moderne, où les pièces et les coups possibles seraient différents à chaque tour pour chaque joueur.

Ses parties sont rapides, incisives. Chaque coup a son importance, et les erreurs se paient généralement cash. Mais l’ensemble est intelligemment pondéré par le hasard de la pioche des jetons. Cet aléatoire doit être pris en compte dans sa stratégie, et il est maitrisé par ce qu’on décide de mettre dans son sac. Il permet d’équilibrer les parties, et de donner sa chance à tout le monde. Tout le contraire d’un jeu purement abstrait, sans aucun hasard, où c’est toujours le plus fort et le même qui gagne.

Le design du jeu est très réussi, léché, minimaliste. Pas d’utilisation inutile de figurines en plastique ou d’illustrations surchargées. C’est simple, précis et fonctionnel. Les jetons de style poker apportent un toucher et une manipulation agréables : on les fait glisser dans ses doigts et on joue avec en réfléchissant.

Champ d’honneur est un énorme coup de cœur, enfin disponible en français, auquel on ne reprochera que le manque d’enthousiasme de son titre traduit (War Chest claque quand même bien mieux). Il est prenant, addictif, et les possibilités de combinaisons presque infinies. Que ce soit à deux ou en équipe, ses parties sont tendues et rapides, tout en demandant réflexion, opportunisme et prise de risque. Parfois, ça passe, parfois ça casse. Dans tous les cas, on a envie de prendre sa revanche. Puis une belle. Puis un autre. La marque des grands jeux.

  • Champ d’honneur est un jeu de Trevor Benjamin et David Thompson
  • Illustré par Brigette Indelicato
  • Édité par Gigamic
  • Pour 2 ou 4 joueurs à partir de 12 ans
  • Pour des parties d’environ 45 minutes

Detective, pour les accros aux séries policières

Richmond, Virginie. Un corps vient d’être découvert, et c’est vous et votre équipe qui êtes chargés de l’affaire. Vous vous déplacez vers différents lieux (poste de police, tribunal. sur le terrain, etc.), à la recherche d’indices, de témoignages, pour consulter les archives de la police ou faire analyser les traces d’ADN trouvées sur la scène du crime. Mais chacune de vos actions prend du temps, et vos journées ne sont pas extensibles. Sauf à accumuler du stress, qui tôt ou tard vous portera préjudice…

Chaque élément de l’enquête est représenté par une carte. Après une mise en situation, elle vous apportera des indices (ou pas…) et vous demandera parfois de faire des choix immédiats, sur lesquels vous ne pourrez pas revenir. La boîte de base comporte cinq affaires liées les unes aux autres, certains indices ne vous servant que pour une enquête ultérieure.

Detective

L’enquête peut comment // Source : Iello

Mais la grosse originalité de Detective repose dans son utilisation de différentes ressources d’Internet, le plus souvent Wikipédia ou Google Maps, pour vous aider à avancer. Et surtout, vous devrez utiliser un site dédié pour enregistrer vos indices, consulter des archives, comparer les empreintes digitales ou les traces d’ADN, etc.

Arrivés au bout du temps imparti, une série de questions vous sera posée, déterminant si vous avez réussi à boucler ou non votre enquête.

Detective

Source : Iello

Accro aux séries policières (The Killing, True Detective, Mindhunter, etc), voici LE jeu qu’il vous faut. Dans la droite lignée de Sherlock Holmes – Détective Conseil, Detective n’usurpe pas son accroche « Un jeu d’enquête moderne ». Intrigues parfaitement ficelées, rebondissements, thématiques adultes, mises en situation, scénarios prenants, fausses pistes. Tout est réuni pour vous plonger dans l’histoire. Si bien que les trois à quatre heures requises pour résoudre chaque enquête passent crème.

L’utilisation du site, et des différentes ressources d’Internet, ajoute encore à cette modernité. Surtout, chaque scénario, bien que totalement fictif, repose sur des éléments réels, issus des périodes les plus sombres et sordides de l’humanité.

La première boîte vous tiendra en haleine tout du long, et, telle une série policière, dévoilera son intrigue au travers de ses cinq scénarios. Le jeu est intense et immersif, et on y plonge petit à petit, au fur et à mesure de l’avancement de l’enquête et des zones d’ombre qui s’amenuisent. Une première extension, L.A. Crimes, une suite de trois affaires liées, en plein cœur des années 80, vous permettra de prolonger l’expérience. Face au succès du jeu, l’éditeur originel a d’ores et déjà annoncé d’autres enquêtes, plus courtes et indépendantes. Autant vous dire que nous trépignons d’impatience.

  • Detective est un jeu d’Ignacy Trzewiczek
  • Illustré par Aga Jakimiec et Rafał Szyma
  • Édité par Iello
  • Pour 1 à 5 joueurs à partir de 16 ans
  • Pour des parties d’environ 2 à 3 heures

Wingspan, la nature à l’honneur

Vous êtes des passionnés d’oiseaux : chercheurs, observateurs ou ornithologues. L’objectif n’est pas clairement expliqué dans les règles, mais pour le bien être animal, considérons simplement que votre but est d’enrichir votre collection de photos.

À chaque tour, vous effectuez une action parmi quatre possibles :

  • poser un oiseau depuis votre main sur votre plateau personnel,
  • gagner de la nourriture en fonction des dés de la mangeoire,
  • pondre des œufs,
  • ou piocher de nouvelles cartes.

Les premiers tours, très rapides, deviennent de plus en plus longs à mesure que la partie avance : à l’instar de Gizmos, vous mettrez en place un « moteur » qui déclenchera le pouvoir des oiseaux précédemment posés à chaque activation.

En plus de leurs capacités, les oiseaux sont également caractérisés par leur type d’habitat (forêt, prairie ou marais), leur nourriture (invertébrés, graines, poissons, fruits ou rongeurs), le type de nid, le nombre d’œufs pondus, etc.

Toutes les actions sont liées entre elles. Pour poser de nouveaux oiseaux, il faut de la nourriture et des œufs. Et plus vous avez d’oiseaux, plus vous récupérerez de nourriture, de cartes et d’œufs.

Wingspan

Une partie à trois prête à commencer // Source : Matagot

On marque des points à chacune des quatre manches, selon les majorités sur l’une ou l’autre des caractéristiques des oiseaux, ainsi qu’en fin de partie en fonction des oiseaux posés. Le renouvellement du jeu est largement assuré par la présence de 170 cartes différentes et de plusieurs objectifs de fin de manche.

Wingspan

Source : Matagot

Wingspan ne brille pas forcément par l’originalité de son gameplay. Ça tourne parfaitement, c’est bien huilé, c’est agréable, mais ça reste un « simple » moteur à points. Non, ce qui fait revenir au jeu, c’est, paradoxalement, son thème. Pas d’agressivité, de conquête, ou de mauvais coup dans Wingspan. Mais une thématique « nature », bienveillante… et passionnante.

Ainsi, chaque carte propose en quelques mots une anecdote ou une explication scientifique du pouvoir de l’oiseau. On se prend littéralement de passion pour l’ornithologie.

D’aucuns attribuent cette ambiance à l’équipe exclusivement féminine aux manettes de Wingspan, que ce soit l’autrice ou les illustratrices. C’est peut-être le cas, ou peut-être pas. Toujours est-il que c’est suffisamment rare, malheureusement trop, pour être souligné. Et les jurys des différents prix ne s’y sont pas trompés, le jeu ayant raflé la quasi-totalité des récompenses ludiques existantes. Ce qui leur a valu une mise en avant bienvenue et méritée dans de nombreux médias prestigieux (Nature, The Guardian, The New York Times, etc), dont peu peuvent se prévaloir.

Le matériel est de toute beauté (attention à ne pas confondre les œufs avec des bonbons). On retiendra surtout les magnifiques cartes d’oiseaux, toutes illustrées différemment, dans un style encyclopédique du plus bel effet.

Nous n’avons pas grand-chose à reprocher à Wingspan, en dehors peut-être de la sélection d’oiseaux, centrée sur l’Amérique du Nord. Une première extension vient corriger ce point en introduisant les oiseaux d’Europe, plus familiers. Découvert au premier semestre, c’est un gros coup de cœur que nous avions hâte de vous présenter. Et encore une fois, ne vous arrêtez pas au thème, peu attirant de prime abord, car c’est vraiment lui qui apporte toutes ses qualités au jeu.

  • Wingspan est un jeu d’Elizabeth Hargrave
  • Illustré par Natalia Rojas, Ana Maria Martinez Jaramillo et Beth Sobel
  • Édité par Matagot
  • Pour 1 à 5 joueurs à partir de 10 ans
  • Pour des parties d’environ 60 minutes

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