L’automne, le froid, la nuit, les feuilles qui tombent, en voilà un moment idéal pour ouvrir des romans angoissants ! Et pour imaginer des monstres et des forces surnaturelles un peu partout. HP Lovecraft est le maître de l’angoisse et des monstruosités en tout genre, Numerama vous propose une sélection d’ouvrages qui vous plongent de manière originale dans une « ambiance lovecraftienne ».
Mais ce ne sont pas là des récits originaux de Lovecraft (L’Appel de Cthulhu, Les Contrées du Rêve, etc.). Nous vous proposons plutôt d’explorer des versions dérivées, illustrées ou inspirées de son œuvre.
Cochrane vs. Cthulhu
« L’audacieux marin écossais fut le premier à lire, peut-être pour la première fois depuis des siècles, le nom, écrit en majuscules et d’une main tremblante, du plus grand ennemi de l’humanité : CTHULHU. »
On est au tout début du XIXe siècle, vers la fin de l’ère napoléonienne. Le légendaire Lord Thomas Cochrane et ses soldats sont faits prisonniers le capitaine Eonet, au fort Boyard. Une capture peut-être un peu trop aisée. Mais ce qui était qu’une mission tactique ne va pas prendre la tournure prévue, car une troisième entité intervient, et elle vient des profondeurs ténébreuses de la Terre. Le fort Boyard se retrouvent envahi peu à peu de créatures envoyées par la plus grande menace lovecraftienne qui soit. Les humains vont devoir s’associer pour combattre les ténèbres.
Le roman de Gilberto Villarroel est une lecture essentielle pour traverser de l’angoisse, de l’humour et un concentré d’action d’une page à l’autre, le tout avec une excellente maîtrise littéraire et historique.
Les Montagnes hallucinées
Quand les œuvres d’un talentueux artiste français viennent illustrer l’un des textes les plus connus de HP Lovecraft : tel est le cocktail du beau livre Les Montagnes hallucinées, sorti chez Bragelonne en octobre 2019. François Baranger est un concept artist réputé : il a travaillé dans le cinéma, pour Harry Potter ou Le Choc des Titans, et dans les jeux vidéo (Beyond : Two Souls). Il s’est également distingué dans la littérature en publiant Dominium Mundi, diptyque spatial devenu une référence de la SF française.
Dans cette version des Montagnes hallucinées, la tension, l’angoisse et la monstruosité prennent un tournant spectaculaire. C’est beau et oppressant à la fois. Durant cette expédition scientifique en Antarctique, vous croiserez des paysages déserts troublants, des monstres des profondeurs terrifiants, des architectures étranges qui n’ont rien à faire dans ces lieux… François Baranger propose des œuvres à couper le souffle de réalisme. La narration prend une dimension cinématographique. Jamais vous n’aurez été aussi bien immergés dans l’ambiance lovecraftienne.
Une Cosmologie de monstres
Que la couverture pleine de tentacules ne vous effraie pas trop : ce premier roman de l’américain Shaun Hamill relève davantage de l’angoisse que de l’horreur. Les premières pages démarrent sur une simple histoire d’amour adolescente entre Harry et Margaret. Mais l’atmosphère devient soudain plus lourde à partir d’un simple geste : Harry offre un livre de HP Lovecraft à Margaret. Dès lors, comme si c’était un élément déclencheur, rien ne sera plus normal dans la vie du couple et de leurs enfants : le surnaturel va pénétrer leur foyer, au début comme un cauchemar, puis comme leur nouvelle normalité. Tout monte crescendo : plus on tourne les pages, plus ce qu’on lit est « dérangeant ».
Ce roman de Shaun Hamill n’est pas lovecraftien d’un point de vue littéraire. Il s’éloigne en bien des aspects du mythe de Cthtulu, que ce soit sur les thèmes abordés ou… sur la dose de tentacules. Pourtant, Lovecraft est bel et bien présent partout, en toile de fond. D’abord, par les innombrables références, allant de citations par les personnages aux titres des chapitres. Ensuite, il est clair que l’auteur écrit en s’inspirant du maître du genre, si bien que la plongée dans le surnaturel utilise des ressorts « façon Lovecraft ».
Une Cosmologie de monstres peut donc être décrit en tant que thriller lovecraftien, comme si Castle Rock de Stephen King rencontrait Cthulhu.
Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu
Ingrid est le « centre du pentacle ». Elle a un rôle à jouer face à la résurrection prochaine du monstrueux Cthulhu. Mais, en soi, elle s’en fiche. C’est juste qu’elle est intriguée par tous ces illuminés prophétiques plus ou moins sectaires qui viennent la déranger dans son quotidien de jeune intérimaire. Est-ce que les monstres de Lovecraft existent ? C’est de manière assez détachée, mais animée d’une sincère curiosité, qu’Ingrid va enquêter sur cette question.
L’auteur français Karim Berrouka est réputé pour des ouvrages au ton décalé, comme Le club des punks contre l’apocalypse zombie. Il écrit dans un langage très oral avec de l’ironie permanente. Et Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu n’échappe pas à la règle. Ce faisant, ce roman démystifie quelque peu Lovecraft, mais sans non plus tomber dans une parodie absurde.
Dans cette œuvre, les mythes de Lovecraft débarquent à notre époque, pour poursuivre Ingrid dans sa vie quotidienne, jusque dans le métro parisien. L’intrigue est captivante et, même si rien n’est vraiment pris au sérieux, on se prend au jeu. Que vous soyez fan de Lovecraft ou totalement néophyte, Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu vous fera passer un sacrément bon moment — quoiqu’assez improbable.
Dans l’abîme du temps… en manga
Si François Baranger arrive très bien à peindre l’ambiance oppressante de Lovecraft dans sa version illustrée des Montagnes hallucinées, Gou Tanabe y arrive tout autant, mais d’une façon très différente. L’auteur japonais a en effet adapté Dans l’abîme du temps sous forme de manga.
Quand on lit du Lovecraft, l’atmosphère dans laquelle il nous enveloppe est tout aussi importante que son récit. Cette capacité à faire chavirer dans son monde horrifique est essentielle pour que le mécanisme lovecraftien fonctionne. On pourrait alors présumer que dans une adaptation entièrement dessinée, sans l’intégralité de la plume de Lovecraft, il manquerait un ingrédient. Sauf qu’avec Gou Tanabe, tout l’inverse se produit : Dans les abîme du temps transcrit en images l’intensité de l’œuvre originale.
L’usage du noir et blanc n’y est pas pour rien, l’effet d’horreur est accentué. Mais à vrai dire, la réussite est surtout dans les visages, les expressions faciales. Elles font transparaître l’effroi comme si les personnages vivaient un cauchemar permanent. Il en résulte que, oui, c’est assez flippant à lire.
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