En 2019, Activision a décidé d’opérer un reboot de sa franchise Call of Duty, confiant à Infinity Ward le soin de relancer totalement le chapitre Modern Warfare (l’un des meilleurs de la saga). Si la marque est connue pour réunir des millions de joueurs dans des modes en lignes divers et variés, il ne faut pas oublier la composante solo, matérialisée par une campagne. L’an dernier, Call of Duty: Black Ops 4 en était privé, et le studio devait mettre le paquet pour ce Call of Duty: Modern Warfare — disponible depuis le 25 octobre sur PlayStation 4, Xbox One et PC.
Par le passé, les Call of Duty ont souvent reposé sur une histoire efficace, d’une durée inférieure à six heures, pour faire vite et bien. Dans le cas de Call of Duty: Modern Warfare, on peut affirmer qu’Infinity Ward s’est surpassé. Classique dans son approche, le jeu de tir à la première personne fait dans l’efficacité digne d’un blockbuster hollywoodien. Le tout avec un réalisme froid et de vraies questions sur l’approche de la guerre moderne.
La définition du divertissement
Nous avons traité cette question à part : ce Call of Duty est-il vraiment anti-russe ? Notre analyse.
Comme son titre l’indique, Call of Duty: Modern Warfare s’intéresse aux conflits modernes — soit la lutte contre le terrorisme. Dans l’intrigue à la complexité toute relative (c’est un prétexte plus qu’une fable), elle a deux visages : un groupe arabe surnommé Al-Qatala et une armée de dissidents russes emmenée par un général tyrannique aux méthodes extrémistes. Face à cette double menace, un groupe de forces spéciales, dirigé par le charismatique Capitaine John Price et aidé par des résistants arabes, est chargé d’éviter un conflit global en récupérant des armes chimiques.
Quelles limites franchir quand l’ennemi n’en a plus aucune ?
Fictive, l’histoire de Call of Duty: Modern Warfare rappelle davantage les films Zero Dark Thirty ou The Kingdom — moins Il faut sauver le soldat Ryan. Sans aller vraiment jusqu’au bout de son orientation (à cause de son « positionnement apolitique » officiel, qui ne veut en fait rien dire…), elle questionne le rapport entre celles et ceux qui font la guerre et les manières de la faire. « Quand on retire les gants, on a du sang sur les mains », explique très bien le Capitaine Price, qui n’hésite pas à se salir pour que le monde puisse rester le plus propre possible. Quitte à employer des méthodes discutables dans certaines séquences coup de poing qui pourront choquer.
En filigrane, derrière l’american hero, se pose la question suivante : quelles limites franchir quand l’ennemi n’en a plus aucune ? Sur ce sujet, les victimes collatérales paraissent inévitables et le jeu a d’ailleurs une approche très particulière avec les tirs civils (d’une scène à l’autre, ils sont tolérés ou interdits car on ne sait pas toujours où se cachent les terroristes). Les scénaristes veulent clairement insister sur cette frontière mince entre ce qui est Bien et ce qui peut paraître Mal, alors que les règles d’hier n’ont plus raison d’exister aujourd’hui.
Pour aller plus loin dans le réalisme et le viscéral, Activision avait promis d’importantes évolutions graphiques. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise tant ce Call of Duty: Modern Warfare offre un rendu visuel aussi chatoyant (la qualité des textures, la myriade d’effets, le jeu d’acteur) que glaçant. Pour les yeux, c’est du très grand spectacle, autorisé par des environnements fermés qui riment avec maîtrise totale. À cela s’ajoutent des effets de lumière époustouflants, qui habillent différentes ambiances, de jour comme de nuit. Après s’être trop longtemps reposé sur ses acquis techniques (sur console, le framerate à 60 fps est toujours là), Call of Duty s’offre enfin une cure de jouvence et ce Modern Warfare peut regarder les derniers Battlefield dans les yeux.
Une leçon de rythme
On n’avait aucun doute sur le gameplay de Call of Duty: Modern Warfare. Cela fait plusieurs années, maintenant, qu’Infinity Ward développe des FPS et sa dernière production est un modèle de prise en main. Surtout, elle est un modèle dans le feeling des armes. On ressent vraiment l’impact de chaque balle, le temps qu’il faut consacrer au rechargement (avec un petit retard si vous êtes en train de viser) ou encore la différenciation entre les pièces de l’arsenal (la stabilité, pour ne citer qu’elle). En termes de sensations de tir, Call of Duty: Modern Warfare boxe dans le haut du panier, malgré l’argument résolument arcade de l’expérience (le moteur physique a ses limites).
Un renouveau pour une franchise qui en avait grand besoin
Infinity Ward a également beaucoup travaillé le rythme de son FPS, qui ressemble à de véritables montagnes russes. Il y a la variété des situations, qui alternent le calme et l’action frénétique, et la manière avec laquelle s’imbriquent les différentes missions. Il n’y a ni temps mort ni répit, juste cette impression d’être au plus près des différents conflits auxquels on participe (à plusieurs endroits du globe). Pour l’immersion, c’est un très, très gros plus. Et ce que Call of Duty: Modern Warfare perd en durée de vie — 5/6 heures grand maximum –, il le gagne en intensité. Les moments forts s’enchaînent, sans jamais tomber dans le too much (quand bien même il y a des passages qui peuvent heurter les joueurs et joueuses les plus sensibles, message d’alerte avant de démarrer à l’appui).
Call of Duty: Modern Warfare propose-t-il la meilleure campagne jamais vue dans un COD ? Sans aucun doute. Elle témoigne d’un certain savoir-faire au moment de donner naissance à un divertissement calibré pour tenir en haleine une poignée d’heures. La réussite est telle que l’on n’a même pas envie que cela dure plus longtemps. C’est une preuve que tout est à sa place, de A à Z, et le vrai signe d’un renouveau pour une franchise qui en avait grand besoin.
Le verdict
Call of Duty: Modern Warfare
Voir la ficheOn a aimé
- Très, très beau
- Le rythme sans pareil
- Feeling des armes
On a moins aimé
- Écriture paresseuse
- Trop court pour se contenter du solo
- Ok, les Américains ont souvent le bon rôle
Activision n’avait pas lésiné sur les promesses quand il a officialisé le reboot de Call of Duty: Modern Warfare. Nous sommes ravis d’écrire, quelques mois plus tard, qu’elles n’étaient pas vaines. À plus d’un titre, la campagne solo du COD 2019 est une leçon de divertissement.
Graphismes, gameplay, rythme, variété des situations… Call of Duty: Modern Warfare coche absolument toutes les cases du blockbuster taillé pour remporter un maximum de suffrages. Il ne lui manquerait qu’une écriture plus fine pour ajouter un argument d’intelligence à son intrigue qu’on préférera taxer de prétexte. Au-delà des polémiques, le FPS amuse.
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