Copyright Madness
On air. Un drame est en train de se jouer au Danemark. Depuis le 31 octobre, la radio publique Radio24syv n’émet plus sur les ondes. Suite à un conflit avec le gouvernement lié à un projet de restructuration de la radio, la direction a préféré couper les micros. Depuis 8 ans, cette radio produit des émissions qui semblent être appréciées des Danois. Afin d’éviter de perdre tous les contenus diffusés par la radio, trois informaticiens ont mis en place un projet de sauvegarde en mettant en ligne une plateforme destinée à archiver les podcasts de la radio. Cette initiative a provoqué un tollé et le directeur de la radio, désormais fermée, accuse les trois personnes de piratage massif qui viole les droits d’auteurs de la radio et des sociétés de perception et répartition de droits locales. Alors que les individus, qui ont mis cette plateforme en place, voulaient permettre de rendre accessibles à tous les contenus de la radio financée avec de l’argent public, le droit d’auteur les condamne aux poubelles de l’histoire…
Pirates ! Quand on parle aujourd’hui de piratage, cela évoque surtout des histoires de téléchargement illégal et de streaming. Mais ici, on va s’intéresser à une histoire de copyright qui implique un vrai bateau pirate ! En 1996, l’épave du bateau du célèbre capitaine pirate Barbe Noire a été découverte au large des côtes de la Caroline du Nord. Une société avait alors réalisé des photos et des films à propos de cet événement en se rendant sur place. Or il se trouve que l’État de Caroline du Nord a posté des photos et des vidéos réutilisant ces images sur son site. La société y a vu une belle occasion de traîner l’État en justice pour violation de son droit d’auteur. L’affaire dure depuis plusieurs années et va à présent atteindre la Cour suprême des États-Unis. En effet, il semblerait que les États fédérés disposent d’une sorte d’immunité contre ce type de plainte, mais on ne sait pas si elle est réellement valide. En attendant, c’est Barbe Noire qui doit bien rire dans sa tombe vu le chaos qu’il continue à semer des siècles après sa mort !
Racket. La fin justifie les moyens doit être la devise inscrite sur le frontispice des organisations chargées de faire respecter le droit d’auteur en Thaïlande. La police du copyright n’hésite pas à recourir à des méthodes proches du racket pour faire payer des amendes pour infraction au droit d’auteur. L’article du Bangkok Post relate les mésaventures d’une jeune Thaïlandaise condamnée à devoir payer une amende pour avoir fabriqué et vendu des paniers avec des personnages de dessins animés dessus. Ces paniers vendus dans la perspective d’un festival organisé dans la région du Nord-Est du pays faisaient l’objet d’une commande d’un client mystérieux qui a insisté pour que les personnages figurent sur les paniers. L’objectif caché derrière cette commande était de pousser la vendeuse à la faute et de la prendre en flagrant délit de violation de copyright. Cette extorsion organisée a suscité à juste titre un tollé. La colère et l’injustice sont d’autant plus grandes quand on sait que cet agent corrompu n’a pas été mandaté par l’entreprise qui représente le détenteur des droits sur ces personnages…
Trademark Madness
RGB. L’opérateur allemand T-Mobile a un logo qui incarne l’identité de l’entreprise. Ce dernier se caractérise par la lettre T inscrite sur un fond magenta. L’opérateur voit rouge depuis plusieurs semaines et accuse la startup américaine Lemonade de violation de marque parce qu’elle utilise aussi la couleur magenta dans son logo. S’approprier une couleur primaire est déjà fort de café, mais il faut croire que les dérives sont contagieuses car la justice allemande a donné raison à T-mobile. Lemonade, qui vient de s’implanter en Allemagne, est donc contrainte de devoir changer la couleur de son site. L’opérateur n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il a déjà attaqué deux autres entreprises pour des motifs similaires. En réaction à cette appropriation abusive, Lemonade a choisi l’humour pour décrédibiliser T-Mobile en lançant une campagne sur Twitter avec le hashtag #FreeThePink…
Alcoolémie. Dans Les Simpsons, Homer adore la bière Duff, que les créateurs de la série ont inventée comme une parodie de la célèbre Budweiser. La chaîne YouTube Une bière et Jivay, qui produit des vidéos en lien avec la bière, a publié cette semaine un épisode dédié à ce breuvage imaginaire. On y apprend que la Duff se trouve depuis des années dans un invraisemblable imbroglio juridique. Des petits malins, notamment en Amérique du Sud, ont assez rapidement brassé des bières Duff pour les vendre. Les créateurs de la série ont répliqué en envoyant leurs avocats et ils ont finalement dû déposer une marque pour empêcher la prolifération de ces contrefaçons. Or, cette tactique a un inconvénient : il faut qu’ils vendent ladite bière Duff pour que la marque reste valide, alors qu’ils ne le voulaient pas à la base. Mais les fausses Duff continuent à proliférer, y compris en Europe où deux entreprises ont déposé une marque et se sont disputées en justice pendant des années. Du coup, on peut en trouver à la vente, mais on vous ne les conseille pas, car ces Duff sont en général des bières assez médiocres…
Patent Madness
Riposte. Nous parlons souvent des trolls des brevets dans cette chronique. Cette semaine, on va voir qu’il est possible de lutter contre eux, à condition d’être très déterminé. La société Cloudflare, spécialisée dans la sécurité sur Internet, a subi des menaces en 2017 d’une société du nom de BlackBird Technologies, qui se plaignait de la violation d’un brevet fumeux portant sur la « fourniture d’un canal de données de tiers par Internet ». Cloudflare a alors décidé de faire face et de retourner l’attaque contre le troll. Non seulement elle a accepté d’aller en justice, mais en plus elle lancé un appel pour rassembler un maximum de preuves d’invalidité des brevets figurant dans le portefeuille de Blackbird. Résultat : des centaines de contributions reçues qui ont sévèrement mis à mal la société. Il faut dire que Blackbird détenait des brevets très bizarres, sur des « systèmes d’emballage pour produits lumineux « ou encore des « soutiens-gorges de sport avec pochette de rangement intégrée ». Comme quoi, l’attaque reste souvent la meilleure défense…
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