C’est un évènement pour le jeu vidéo, mais c’est surtout un symbole pour l’économie américaine. Le Français Vivendi a annoncé dimanche le rachat du groupe américain Activision pour former un nouveau géant du jeu vidéo, Activision Blizzard. Au delà de l’opération, c’est la faiblesse du dollar qui montre ses limites pour les Etats-Unis.

Surprise. Vivendi a frappé fort dimanche en annonçant la fusion de sa filiale Vivendi Games avec le groupe de jeux vidéo américain Activision. Le nouvel ensemble, baptisé Activision Blizzard, sera côté au Nasdaq et valorisé près de 18,9 milliards de dollars (13 milliards d’euros) en bourse. Activision Blizzard devrait générer un chiffre d’affaires de 3,8 milliars de dollars en 2007, contre moins de 3,65 milliards pour le numéro un mondial Electronic Arts. Les prévisions pour 2009 sont de 1,1 milliards de dollars de résultat opérationnel, avec 1,20 $ de bénéfice net par action.

Le Français Vivendi, qui détient déjà le numéro un de la musique enregistrée avec Universal Music, détiendra donc aussi le futur leader mondial du jeu vidéo dans un marché en pleine croissance. Au terme de l’opération qui devrait se finaliser au premier semestre 2008, Vivendi devrait détenir 68 % du capital d’Activision Blizzard. Une belle revanche pour Vivendi Games, qui a longtemps été déficitaire et qui doit son salut à World of Warcraft, qui a dégagé à lui seul 716 millions d’euros de chiffre d’affaires depuis le début de l’année, pour 160 millions de résultat opérationnel. Avec la fusion, le groupe obtient les droits sur certains des jeux les mieux vendus au monde, comme la série des Guitar Hero ou Call of Duty.

Alors que l’Europe s’inquiète de plus en plus de sa capacité d’exportation face au dollar (qui touche de plein fouet Airbus, mais touche aussi tous les sites qui vivent essentiellement des Google Ads payées en dollars), l’annonce de l’achat de Activision par Vivendi pourrait être une alerte pour le gouvernement américain. Invité dimanche soir du Grand Rendez-Vous Europe 1 / TV5 Monde, le président du Mouvement Démocrate François Bayrou a d’ailleurs expliqué que la faiblesse du dollars n’était qu’un atout en boomerang pour les Etats-Unis. Il y a d’abord une euphorie lorsque la faiblesse de la monnaie dynamise les exportations, mais ensuite les Etats-Unis réaliseront que la faiblesse de sa monnaie rend ses grandes entreprises susceptibles d’être rachetées à peu cher par les pays concurrents, a expliqué en substance le chef du MoDem. C’est exactement ce qui s’est passé avec Activision. Avec un dollar plus fort, Activision aurait sans doute été hors de portée de Vivendi. Il faut s’attendre à d’autres acquisitions d’envergure, dans ce secteur comme dans d’autres…

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