Star Wars est plus que jamais revenu sur le devant de la scène depuis le rachat par Disney et le développement d’une troisième trilogie de films — dont le dernier volet est prévu pour le 18 décembre 2019. En attendant, Electronic Arts, chargé de faire vivre Star Wars sur le marché des jeux vidéo, propose Star Wars Jedi: Fallen Order depuis le 15 novembre sur PlayStation 4, Xbox One et PC.
C’est peu dire que Star Wars Jedi: Fallen Order est attendu comme l’Élu qui rétablira la force par les fans adeptes des aventures en solitaire (qui ne veulent pas entendre parler des Star Wars Battlefront). ll est développé par Respawn Entertainment, à qui l’on doit les deux Titanfall et Apex Legends. Sur bien des points, son adaptation est le meilleur jeu solo Star Wars depuis… Star Wars: Knights of the Old Republic ?
Solo shot first
Les événements de Star Wars Jedi: Fallen Order se situent peu après Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith. On incarne Cal Kestis, un padawan qui a survécu à l’Ordre 66 — massacre des Jedi ordonné par l’Empereur. Obligé de cacher ses pouvoirs pour ne pas être pourchassé, il va finir par les révéler au grand jour pour protéger un proche. S’en suit une fuite en avant qui l’amènera à repenser sa place sur l’échiquier de la Force. Il serait peut-être l’ultime espoir pour reconstruire l’Ordre Jedi qui donne son nom au titre.
L’histoire de Star Wars Jedi: Fallen Order n’a rien de fondamentalement original. C’est même tout le contraire. En revanche, elle est nourrie par une écriture fine, accouchant de moments et de dialogues vraiment forts pendant l’aventure de Cal Kestis — pas le plus charismatique des personnages Star Wars, mais incroyablement bien incarné.
Fort heureusement, autour de lui, les scénaristes de Respawn Entertainment ont bâti un casting fort en gueule, interprété à la perfection (mention spéciale au petit robot, bruité par l’immense Ben Burtt, sound designer sur toute la série). Les fans de l’univers imaginé par George Lucas seront ravis d’apprendre que tout est traité avec fidélité et authenticité, avec des détails parfaitement maîtrisés. C’est un pur produit Star Wars et c’est déjà un gage de qualité indéniable. On se plaît à suivre les scènes non jouées comme des morceaux d’une Star Wars Story qui ne serait pas passée par la case cinéma.
Fidélité et authenticité
En prime, Star Wars Jedi: Fallen Order est visuellement impressionnant (merci l’Unreal Engine 4 plutôt que le moteur Frostbite d’Electronic Arts). Sur console, et bien davantage sur PC et en HDR (technologie qui fait briller les sabres), le jeu en met plein les yeux. C’est le fruit d’un travail soigné, qui donne vie à de multiples environnements à l’ambiance variée. Certes, Respawn Entertainment a volontairement limité la taille des zones accessibles de chaque planète, mais toujours est-il qu’il y a des scènes qui invitent à la contemplation — le jeu avec les arrière-plans est peut-être tout aussi spectaculaire que ce qui se passe à l’écran. Là encore, les développeurs n’ont jamais cherché à trahir la mythologie Star Wars et Star Wars Jedi: Fallen Order prend naturellement place dans le canon.
Bien évidemment, le rendu sonore est tout aussi appréciable, avec des bruitages que l’on reconnaît dès les premières notes. Et on tombe très vite amoureux du droïde BD-1, à l’animation d’une précision inouïe (ses déplacements sont remplis de petits détails, le bipède allant jusqu’à avoir des mouvements uniques pour suivre Cal lors des phases d’exploration). Disney peut dormir sur ses deux oreilles tant ce Star Wars Jedi: Fallen Order est la matérialisation du respect. Sur Xbox One X, on notera quand même quelques soucis techniques (temps de chargement longs, ralentissements, décors qui ne s’affichent pas). Nous ne les avons pas constatés sur PC, avec en plus un rendu des lumières absolument magnifique, qui donne au jeu une profondeur rare.
Quand Dark Souls croise Tomb Raider
Respawn Entertainment n’était clairement pas dans l’idée d’innover avec Star Wars Jedi: Fallen Order. Ce faisant, les pérégrinations de Cal Kestis puisent dans d’autres licences pour proposer un gameplay riche et convaincant. Certaines sources d’inspiration, comme la composante Dark Souls qui semble être un passage obligatoire des jeux modernes, sont maladroitement intégrées quand d’autres, le côté exploration à la Tomb Raider mâtinée de Metroidvania, prennent tout leur sens. Qui plus est au sein d’une structure articulée autour d’une poignée de planètes à visiter — avec des allers/retours nécessaires.
La darksoualisation de Star Wars Jedi: Fallen Order se situe à plusieurs étages. Cal Kestis ne peut apprendre de nouveaux pouvoirs qu’à des endroits de méditation, qui servent de checkpoint. BD-1, capable de scanner tout et n’importe quoi, s’occupe de balancer des objets de soin dont la quantité — limitée — se recharge sur ces mêmes points. Les ennemis réapparaissent tandis qu’il est possible de perdre toute l’expérience accumulée que l’on n’aurait pas (encore) dépensée (on la récupère en allant se venger de son bourreau). Ces éléments peuvent paraître étranges compte tenu de la fibre très grand public de la licence Star Wars. Mais n’allez pas croire que Star Wars Jedi: Fallen Order est un Dark Souls. C’est même un mauvais Dark Souls dès que l’on pousse la difficulté un peu trop loin (quatre crans, de facile à extrême).
Un gameplay riche et convaincant
Non pas que les combats sont décevants. Loin de là : la sensation d’incarner un Jedi habile et agile est bien présente, avec un sabre laser doté d’un feeling réussi et des compétences qui donnent toute sa puissance à la Force. À cela s’ajoutent des parades qui, quand exécutées au bon moment, vident considérablement la jauge de garde jusqu’à rendre l’opposant très vulnérable, avec des fatalities jouissives à la clef. Un point qui vaut aussi pour Cal et qui fait directement penser au gameplay de Sekiro: Shadows Die Twice. Ce qui cloche avec les affrontements ? Certains placements des ennemis, ou quand des portions mélangent des Stormtroopers qui viennent au corps-à-corps pendant que d’autres canardent avec leur blaster (spoiler : on peut renvoyer leur tir avec le sabre). Le bestiaire non humain pose également problème : entre l’allonge limitée de Cal et le rapport puissance/rapidité des bestioles, on a du mal à bien appréhender ces rencontres, qui sont souvent seulement frustrantes.
En difficulté maximale, soit celle qui se rapproche le plus d’une expérience à la Dark Souls, Respawn Entertainment a voulu trop en faire au point d’en oublier la notion d’équilibre — très importante dans les Souls. Si vous voulez enchaîner les game over et pester devant certains moments ardus, vous en aurez pour votre argent. Mais force est de reconnaître que les ennemis cognent beaucoup trop fort, sans oublier que certains boss — optionnels ou non — disposent d’enchaînements de coups à même de terrasser Cal en quelques secondes. C’est abusivement punitif et on conseillera les modes inférieurs pour une aventure plus tranquille, sinon moins agaçante.
Et c’est là que Jedi Fallen Order prend un autre sens : en mode « histoire », on se laisse porter par cette fable de science-fiction dans l’univers de Star Wars. On progresse évidemment sans mourir (les boss les plus difficiles n’entaillent même pas un dixième de la barre de vie par coup réussi), mais on aime suivre l’aventure. La sensation de puissance est toujours là : après tout on incarne un jedi, c’est tout à fait normal qu’il ne fasse qu’une bouchée de piteux stormtroopers. On ne peut que remercier Respawn d’avoir laissé son jeu être accessible : pas tout le monde n’a envie d’un gameplay exigeant, d’autant plus quand il est moyennement équilibré. Ce choix ouvre l’incroyable univers de Jedi Fallen Order à toutes et tous, quand un Dark Souls se referme par défaut.
De l’exploration de planètes
Cal Kestis est présenté comme un Padawan n’ayant pas eu le temps de terminer sa formation. Une caractéristique dont se sert habilement Respawn Entertainment pour faire évoluer le gameplay de Star Wars Jedi: Fallen Order à mesure que les heures défilent, côté exploration. Cela se traduit par des aptitudes qui permettent au héros d’accéder à toujours plus d’endroits sur chaque planète. C’est là où la donnée exploration intervient : il y a matière à ratisser les décors de long en large pour partir à la recherche de tous les secrets et de tous les coffres (qui cachent des éléments pour personnaliser son sabre, phases ô combien plaisantes pour les fans que nous sommes).
En somme, la durée de vie de Star Wars Jedi: Fallen Order est variable, mais il faut compter 20 heures en ligne droite pour en voir le bout (un peu plus si vous jouez en extrême). Il faudra lui consacrer plus de temps pour le 100 %, sachant que la carte en 3D projetée par le petit robot pour se repérer n’est pas très pratique. Au moins renseigne-t-elle sur les choses qu’il reste à ramasser et sur le pourcentage de complétion des planètes donnant vie à une faune et une flore parfois inédites. Rien que le plaisir de la balade peut justifier que l’on passe quelques heures supplémentaires dans le costume de Cal Kestis, qui aime sauter et crapahuter (gare aux chutes…).
Bref, Jed Fallen Order n’est pas qu’un Star Wars bouche trou en attendant l’épisode IX : c’est un excellent moment de la saga la plus épique de la galaxie.
Le verdict
Star Wars Jedi : Fallen Order
Voir la ficheOn a aimé
- L'authenticité
- Visuellement puissant
- Des moments forts
On a moins aimé
- Trop de Dark Souls
- Un équilibrage perfectible
- Quelques couacs techniques sur console
Star Wars Jedi: Fallen Order est-il un excellent jeu Star Wars ? C’est un grand oui. Respawn Entertainment a commencé par monter une histoire simple mais respectant les codes de l’univers. Il l’a ensuite installée dans un écrin visuellement ébouriffant, avec un casting touchant.
Pour terminer, le studio a imaginé un gameplay puisant dans plusieurs genres pour un mix globalement satisfaisant, à quelques maladresses et problèmes d’équilibre près. En attendant l’Ascension de Skywalker, faites place à celle de Cal Kestis.
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