Comme prévu, Radiohead lançait le 31 décembre 2007 son dernier album In Rainbows dans les circuits traditionnels, physiques ou numériques. Cette première semaine l’a vu s’envoler à la 5eme place des charts aux Etats-Unis et la seconde en Australie. 5eme, cela constitue-t-il une bonne place pour un groupe à la popularité aussi grande ?
Pablo Honey, leur premier album, n’a jamais très bien marché malgré le succès du tube « Creep ». The Bends, le deuxième, ne connu de réel engouement qu’au Royaume-Uni. Ok Computer fut le premier à obtenir la première place dans les charts britanniques mais restait toujours assez bas de l’autre côté de l’Atlantique (21eme place). Kid A, le quatrième album, fut le premier à avoir connu un plébiscite mondial, obtenant la première place dans de nombreux pays, y compris les Etats-Unis. Certains diront alors que ce succès était en parti dû à la fuite de l’album sur Napster quelques mois avant sa sortie. Hail to the Thief, le prédécesseur de In Rainbows s’élevait à la troisième place dans les charts américains.
Hail to the Thief s’est donc moins bien vendu que Kid A, et si nos soupçons se confirment, Radiohead a peut être voulu renouveler ce qui s’est passé avec Kid A en misant sur la sortie internaute gratuite quelques mois avant celle dans le commerce. Opération réussie ? Difficile à dire. D’un côté, In Rainbows n’a pas renoué avec le succès de Kid A. Mais d’un autre, le peer-to-peer n’était pas encore si répandu à l’époque (2000) qu’aujourd’hui et In Rainbows a du être nettement plus téléchargé que ne l’a été ce premier album. D’autre part, Kid A constitua pour de nombreux fans une sorte de « pré-écoute » sur Napster avant d’acquérir l’album dans le commerce. Or, Radiohead proposait ici une solution se présentant d’emblée comme le produit fini. Les fans, ayant éventuellement payé pour la télécharger, n’avaient donc plus aucune raison de l’acquérir dans les circuits traditionnels.
L’expérience de Radiohead reste intéressante car elle prouve qu’un album diffusé gratuitement sur Internet (volontairement ou non) ne l’empêche pas quelques mois après de gagner une position plus qu’honorable dans les charts. Cela même alors que selon la vision manichéenne des majors du disque, il n’aurait plus été la peine de le commercialiser puisqu’un téléchargement gratuit signifie pour elles une vente de moins dans le commerce. Non, le marché est beaucoup plus complexe que ça, et le contenant garde toujours une certaine pertinence même si le contenu peut être obtenu autrement.
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